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Actualités - REPORTAGE

Sur les Campus - L’USJ, un rôle fondamental au sein du mouvement estudiantin

Les événements qui se sont produits mercredi sur le campus des sciences sociales de l’Université Saint-Joseph (USJ-rue Huvelin) n’ont rien d’inhabituel, si ce n’est la violence des affrontements qui ont opposé les étudiants aux forces de l’ordre. Pourtant, déjà, à la rue Huvelin même, lors du sommet de la francophonie, en octobre 2002, les étudiants avaient tenté de sortir hors du campus pour manifester contre la tutelle syrienne. Ils avaient aussitôt été réprimés par les forces de l’ordre, et le mouvement de protestation avait tourné au corps à corps. Une étudiante du courant aouniste, Cynthia Zarazir, avait été frappée à la colonne vertébrale par une crosse de fusil, et étudiants et forces de l’ordre s’étaient renvoyé des pierres et des bouteilles en plastique vides. Plusieurs soldats des Forces de sécurité intérieure (FSI) avaient été contusionnés à la suite de la bagarre. En réalité, le problème pourrait être qualifié de « géopolitique » dès qu’il est question du campus des sciences sociales. L’USJ-rue Huvelin se trouve en effet dans un endroit particulièrement exigu. Les rassemblements politiques qui s’y font et s’y défont visent, en fin de compte, à déborder le cadre du campus pour se transformer, dans la rue, en manifestation, dans le but d’exprimer certaines revendications bien précises. Les ruelles étroites qui bordent l’université et qui empêchent les étudiants de sortir du campus dès lors qu’ils y sont retranchés favorisent la confrontation avec les agents de l’ordre, à partir du moment où ces derniers cherchent à empêcher les étudiants de s’approprier la rue en tant qu’espace public. Malgré ce handicap de taille au niveau de l’espace, l’USJ et tout particulièrement les facultés de droit et de sciences politiques, d’économie et de gestion ont toujours aspiré à jouer un rôle de meneur, de coordinateur et de rassembleur au sein de l’opposition, depuis la reprise des activités du mouvement estudiantin d’après-guerre, en décembre 1997. À l’époque, le ministère de l’Information avait interdit la diffusion d’un talk-show présenté par Maguy Farah qui recevait, sur la chaîne de télévision MTV, l’ancien Premier ministre, le général Michel Aoun, pour sa première apparition télévisée depuis le 13 octobre 1990. Quelques dizaines de membres du courant aounistes s’étaient rassemblés devant les locaux de la MTV à Achrafieh et avaient manifesté pour la liberté d’expression et d’information. Ils avaient été sévérement réprimés par les forces de l’ordre, et la manifestation s’était terminée par des jets de gaz lacrymogène et des arrestations d’étudiants. Le soir même naissait, dans le cadre de cette bataille pour les libertés, le mouvement estudiantin d’après-guerre, avec l’organisation d’un sit-in de plusieurs jours à la rue Huvelin même. Et, quelques jours plus tard, l’entrevue avec le général Aoun était diffusée sur la MTV. Depuis décembre 1997, plusieurs manifestations ont été organisées à l’USJ, notamment au campus des sciences sociales. À titre d’exemple, c’est au groupe Tanios Chahine, qui représentait à l’époque la gauche rue Huvelin et qui a aujourd’hui disparu, que l’on doit la désormais célèbre manifestation d’Arnoun en l’an 2000. À l’époque, plusieurs étudiants qui participaient aux manifestations organisées contre la tutelle syrienne avaient également fait le chemin jusqu’à Arnoun pour libérer la localité du Liban-Sud de l’occupation israélienne. En novembre 2000, les responsables estudiantins du campus des sciences sociales avaient également organisé, avec la participation des divers courants politiques de l’opposition et d’autres universités, la plus grande manifestation estudiantine qui se soit déroulée depuis la renaissance du mouvement de contestation. À l’occasion de l’indépendance, le 21 novembre, des milliers d’étudiants s’étaient rassemblés, après avoir remonté la rue de Damas, devant le Musée national pour un sit-in pacifique de quelques heures. Les exemples sont nombreux : la première manifestation à l’occasion de la commémoration de la « guerre de libération » par le courant aouniste, qui s’était déroulée à Fanar le 14 mars 2001, avait débuté à la rue Huvelin et dans certains campus de l’UL-section II. Les responsables estudiantins du campus des sciences sociales avaient été également les seuls à manifester lors du Sommet de la francophonie. Mais le plus important, c’est le rôle que l’amicale estudiantine de l’USJ s’est assigné, et qui découle naturellement du rôle que joue l’université sur la scène libanaise : un pilier du dialogue. Dans ce sens, et lors des échéances politiques les plus délicates, l’amicale jouait un rôle de coordinateur entre les différentes forces politiques de l’opposition, sur le campus des sciences sociales, pour garantir une unité de points de vue sur les grands principes à suivre au sein du mouvement. Certaines personnes, qui se font de plus en plus rares aujourd’hui à Huvelin, assumaient ce rôle de trait d’union entre les différentes tendances. L’illustration parfaite sur le terrain de cette unité et de cette coordination avait été, naturellement, le sit-in organisé à la suite des menaces adressées par Damas au chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, en mars-avril 2001. Tous les courants présents sur le campus avaient participé au sit-in, mené avec une main de maître par l’amicale. Une image de force tranquille, mais parfaitement efficace et rayonnante, qui devrait toujours primer sur les dissensions internes et tout débordement possible. Michel HAJJI GEORGIOU Les étudiants qui souhaitent s’exprimer sur les problèmes estudiantins doivent adresser leurs commentaires par fax (01/360390) ou par mail: redaction@lorientlejour.com

Les événements qui se sont produits mercredi sur le campus des sciences sociales de l’Université Saint-Joseph (USJ-rue Huvelin) n’ont rien d’inhabituel, si ce n’est la violence des affrontements qui ont opposé les étudiants aux forces de l’ordre. Pourtant, déjà, à la rue Huvelin même, lors du sommet de la francophonie, en octobre 2002, les étudiants avaient tenté...