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Actualités - CHRONOLOGIE

Table ronde La demande de microcrédits a plus que doublé depuis 2000

«Un petit prêt pour un avenir meilleur. » La devise d’al-Majmouaa, une des institutions libanaises à but non lucratif spécialisées dans le microcrédit, pourrait bien être celle de nombreux organismes de ce genre dans le monde, qui visent à réduire la pauvreté, notamment au niveau des classes productives. Au cours d’une table ronde organisée hier par al-Majmouaa à l’hôtel Holiday-Inn, Xavier Reille, le représentant de CGAP, une cellule de la Banque mondiale spécialisée dans le microcrédit, a estimé à 500 millions le nombre de producteurs et d’entrepreneurs pauvres dans le monde, dont 10 millions dans le monde arabe. Au cours d’une intervention sur les dernières tendances en microfinance, M. Reille a jugé qu’il fallait créer des systèmes financiers pour les pauvres à travers l’intégration de la microfinance au secteur financier. Il a donné plusieurs exemples sur la collaboration entre les institutions de microcrédits et le secteur bancaire dans des pays en développement, tels que le Paraguay, le Pérou et la République dominicaine. Le Liban n’est pas en reste dans le domaine du microcrédit. Haytham Omar, un représentant du fonds économique et social pour le développement (FESD) – un projet entre la Commission européenne et le Liban dans le cadre d’Euromed –, a évoqué l’expérience de cette institution autonome qui vise à créer des emplois en aidant les microentreprises, les petites et les très petites entreprises. Une demande importante « Le microcrédit s’adresse surtout aux personnes vulnérables économiquement, c’est-à-dire qui sont exclues du système bancaire, explique l’économiste et directeur exécutif d’al-Majmouaa Pierre Copti à L’Orient-le Jour. « Nous les aidons à sortir de la misère totale et à entreprendre des petits projets productifs. » Al-Majmouaa étant une institution à but non lucratif, les bénéfices sont d’emblée réinvestis dans le budget afin d’être reprêtés à de nouveaux clients. Des séquences visionnées au cours de la table ronde montrent une paysanne qui a pu s’acheter une vache et vendre par la suite des produits laitiers, une mère au foyer amatrice de photographie qui a pu s’offrir un studio, etc., et ce grâce à des microcrédits signés al-Majmouaa. La taille du microcrédit moyen au Liban se situe entre 1 000 et 1 200 dollars. Quant à la durée du prêt, elle est de 12 mois en moyenne. Les taux d’intérêt varient entre 1 et 2 % par mois, soit 24 % par an. M. Copti révèle que le marché local est estimé actuellement à 25 millions de dollars contre 11 millions de dollars en 2003 ; un chiffre qui a donc pratiquement doublé depuis quatre ans. « Nous évaluons à quelque 13000 le nombre d’emprunteurs par an », souligne-t-il. Selon les prévisions d’une étude récente mise au point pour le compte d’al-Majmouaa, le volume du marché s’élèverait d’ici à trois ans entre 90 et... 215 millions de dollars. Un chiffre qui surprend l’institution elle-même et qui représente en quelque sorte un indicateur d’appauvrissement, d’autant plus que, selon M. Copti, des salariés qui touchent 800 dollars par mois commencent à se tourner vers les microcrédits. L’octroi de microcrédits a commencé dans les années 80 mais ce n’est qu’avec la fin de la guerre et l’apparition des principales institutions de microcrédits que ce marché a pris de l’essor. Les trois principales institutions, à savoir al-Kard el-Hassan (le prêt conforme à la charia) rattachée au Hezbollah et qui ne perçoit pas d’intérêts, CFH et al-Majmouaa ont été créées entre 1995 et 1998 et contrôlent la plus grande partie du marché du microcrédit au Liban. Quelques banques sont très actives dans ce domaine, comme Jammal Trust Bank et le Crédit libanais et la Banque libanaise pour le commerce (BLC) qui s’est engagée récemment dans cette activité. Selon M. Copti, le microcrédit est un sujet important pour le développement d’un pays tel que le Liban. Ce n’est pas seulement la demande qui a augmenté au Liban, mais également l’offre, grâce aux nombreuses aides reçues, d’institutions américaines surtout (USAid, Save the Children, etc.) mais également françaises et espagnoles ainsi que de plusieurs ONG mondiales. « Les Américains et les Européens accordent énormément d’importance aux microcrédits et cette question est très présente lors des réunions du G7 », explique le directeur exécutif d’al-Majmouaa. De même, les instances internationales qui appellent de plus en plus à l’éradication de la pauvreté voient le microcrédit un moyen d’aide assez efficace. À cet effet, 2005 a été proclamée année mondiale de la microfinance par les Nations unies, rappelle M. Copti. Rana MOUSSAOUI
«Un petit prêt pour un avenir meilleur. » La devise d’al-Majmouaa, une des institutions libanaises à but non lucratif spécialisées dans le microcrédit, pourrait bien être celle de nombreux organismes de ce genre dans le monde, qui visent à réduire la pauvreté, notamment au niveau des classes productives.
Au cours d’une table ronde organisée hier par al-Majmouaa à l’hôtel Holiday-Inn, Xavier Reille, le représentant de CGAP, une cellule de la Banque mondiale spécialisée dans le microcrédit, a estimé à 500 millions le nombre de producteurs et d’entrepreneurs pauvres dans le monde, dont 10 millions dans le monde arabe.
Au cours d’une intervention sur les dernières tendances en microfinance, M. Reille a jugé qu’il fallait créer des systèmes financiers pour les pauvres à travers l’intégration de la...