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Actualités - CHRONOLOGIE

Causerie - Le président de la Ligue maronite s’est exprimé à Aïroun devant près de 200 jeunes Michel Eddé explique les raisons de la stabilité et de la sécurité au Liban

C’est pendant près de deux heures que le président de la Ligue maronite, Michel Eddé, a expliqué à quelque 200 adolescents du « Campement des jeunes du Liban uni », réunis samedi à Aïroun (Metn-Nord), les réalités libanaises et régionales. S’arrêtant d’abord sur les raisons grâce auxquelles le Liban a pu – et su – s’éviter, depuis le 11/9 et la guerre d’Irak, les affres du terrorisme, Michel Eddé a insisté sur l’apport de la stratégie et la politique adoptées par l’État à ce sujet. Une politique basée sur le refus absolu des solutions redditionnistes, et, partant, sur le veto catégorique à la signature de quelque traité de paix ou quelque normalisation que ce soit avec l’État hébreu. Parce que, a-t-il souligné, une paix séparée, une paix qui ne serait ni juste, ni durable, ni, surtout, globale, ne ferait qu’aggraver les problèmes au lieu de les régler. D’autant qu’il serait impensable que le Liban signe un traité de paix avec Israël avant que l’énorme problème des réfugiés palestiniens installés sur son territoire ne soit réglé. C’est ce refus-là, a poursuivi Michel Eddé, qui a permis au Liban de se préserver des vagues de fanatisme et de terrorisme qui continuent de déferler aux quatre coins de la planète. Et la sécurité, la stabilité, la paix civile garanties – et préservées – au Liban sont les résultantes d’une attitude et d’une politique justes – lesquelles n’ont pas manqué, certes, de coûter bien cher au Liban, notamment à l’aune des dettes épouvantables qui sont les siennes. L’ancien ministre a rappelé aux jeunes que la libération du Liban-Sud (que le Liban continue, aussi, de payer du point de vue économique et financier) a été possible grâce au soutien du peuple libanais, à la politique d’Émile Lahoud et à la Syrie. Sans compter le Hezbollah qui a su limiter son travail de résistance au seul territoire libanais. Revenant sur l’accord d’avril, en 1996, qui a légalisé l’action de résistance sur le sol libanais, Michel Eddé a souligné que la libération du Sud s’est déroulée dans les meilleures conditions et a évité au Liban un véritable bain de sang. Il a rappelé à cet égard les mois post-Libération, dans les années 40, en France et en Italie, et tous les règlements de comptes et les massacres de victimes innocentes qui les avaient rythmés. Tout cela pour insister, devant les jeunes, sur la solidarité qui prévaut au Liban (ainsi que celle avec la Syrie contre Israël), née de la politique suivie par l’État depuis plusieurs années. Une politique juste, sur le plan des relations extérieures, en ce qui concerne la sécurité interne et les rapports avec le monde arabe, même si, a-t-il souligné, sur le plan purement local, l’accord de Taëf n’a pas été appliqué comme il le fallait. Même si la réconciliation et la réforme n’ont pas eu lieu ; même si, alors que toutes les conditions sont réunies, l’État de droit ne s’est toujours pas imposé. Et c’est cette solidarité, dont le Liban a su profiter pour assurer sa stabilité et sa sécurité, qui manque cruellement aux pays arabes, a expliqué aux jeunes Michel Eddé. Les Arabes qui sont, selon lui, dans un état de délabrement, d’effritement et de dispersion inconnu jusqu’à ce jour. Les Arabes qui n’arrivent même plus à un minimum de solidarité – et encore moins à unir leurs efforts –, à l’heure où les Palestiniens sont massacrés au quotidien, que les crimes de guerre continuent de se multiplier à Rafah, Jénine, Ramallah ou ailleurs, et que la construction du « mur de la honte » continue de s’étendre. Toujours devant son jeune auditoire, il a rappelé, pour preuve, qu’il a fallu un an et demi de concertations et d’efforts opiniâtres de la part du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, pour que les Arabes acceptent de se retrouver au sommet. Et encore, aucune décision n’a été prise à l’issue de leurs retrouvailles. Alors que pour le Soudan, dans l’affaire du Darfour, ils se sont réunis en deux jours, et la décision a été prise à l’unanimité. Tout ce que l’on demande aux pays arabes, a insisté Michel Eddé, c’est l’union (de leurs forces, de leurs énergies...), la solidarité et la primauté des politiques qui soient justes. Différence entre les politiques américaine et israélienne en Irak Mais ce ne sont pas seulement les Arabes qui souffrent de mauvaise gestion et de morcellement, a-t-il poursuivi. Les Israéliens connaissent, a-t-il expliqué, la pire crise d’identité et d’existence qui soit ; et ils n’arrivent à trouver aucune solution. Pour Michel Eddé, il y a une explication simple à l’inadmissible poussée d’antisémitisme dans le monde : les juifs sont les premières victimes des pratiques et de la politique extrémistes du Premier ministre israélien, Ariel Sharon, et de son gouvernement. Qui, soit dit en passant, se débat dans une kyrielle de crises. Le président de la Ligue maronite a rappelé aux jeunes sa volonté de vivre aux côtés des juifs, en paix, mais à condition que ce soit une paix juste, durable et globale. Rappelant que tout au long de l’histoire, quand les juifs ont été persécutés dans le monde, notamment par des États pseudo-chrétiens, c’est en terres arabo-musulmanes qu’ils s’étaient réfugiés. Et il a de nouveau invité les Nations unies, l’Union européenne et les États-Unis à continuer d’exercer les pressions nécessaires sur Israël afin qu’il accepte cette paix. Michel Eddé a également évoqué l’Irak, mettant l’accent sur la différence entre les politiques américaine (les États-Unis veulent des solutions, et ils les cherchent) et israélienne (l’État hébreu mise sur la dislocation et la division de l’Irak). Il a insisté sur la nécessité de voir le gouvernement provisoire faire en sorte d’organiser, après 38 ans de dictature sanguinaire, des élections législatives saines et représentatives. La seule solution, a-t-il dit, c’est la démocratie. Et au Liban, a-t-il enchaîné, la démocratie et les libertés se portent relativement bien, même si nous devons lutter pour qu’il y en ait encore davantage. Enfin, il a demandé aux jeunes de ne pas désespérer, de ne pas écouter ni croire les oiseaux de mauvais augure, de savoir distinguer entre politique juste et politique erronée, et de ne jamais oublier que la solution est entre leurs mains.
C’est pendant près de deux heures que le président de la Ligue maronite, Michel Eddé, a expliqué à quelque 200 adolescents du « Campement des jeunes du Liban uni », réunis samedi à Aïroun (Metn-Nord), les réalités libanaises et régionales.
S’arrêtant d’abord sur les raisons grâce auxquelles le Liban a pu – et su – s’éviter, depuis le 11/9 et la guerre...