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Actualités - CHRONOLOGIE

Des alliances « contre nature » brouillent les pistes À Chiyah et Hadeth, les aounistes unis face aux listes loyalistes

À l’instar de certaines régions du Mont-Liban où l’opposition chrétienne s’est éparpillée sur plusieurs listes toutes couleurs politiques confondues, les localités de Chiyah et de Hadeth ont illustré à leur tour ce morcellement avec toutefois une tendance chez les aounistes à se regrouper en une seule et même liste contrairement aux autres courants de l’opposition. À voir de près les différentes alliances en présence qui ont parfois rassemblé des tendances « contre nature », on peut clairement affirmer que les repères politiques et idéologiques ont parfois disparu pour laisser la place aux affinités de type familial et relationnel, voire tout simplement en faveur de la conquête d’un siège aux dépens des appartenances d’origine. Même si les partis et diverses formations politiques ont pesé de tout leur poids au cours de ce scrutin, on peut affirmer que l’échéance municipale a fini par retrouver son caractère de bataille locale, par delà les enjeux proprement politiques. À Hadeth, la présence de trois listes opposées, une liste dite de l’opposition, et deux autres, qualifiées de proloyalistes, ont croisé le fer pour tenter de gagner les 18 sièges que comprend le conseil municipal. Si le schéma était relativement clair du côté d’une partie de l’opposition qui s’est réunie au sein d’une alliance parrainée par Hikmat Dib et regroupant le CPL (deux candidats), les FL (un candidat), le PCL (un candidat) le PNL (deux candidats ) et plusieurs indépendants « acquis à la cause aouniste », le schéma électoral s’est embrouillé dans le camp dit loyaliste, qui s’est divisé entre la liste de la « Libre décision » – présidée par l’ancien président de la municipalité, Antoine Karam et regroupant les Kataëb de Pakradouni (deux candidats), le Waad (un candidat), les FL (un candidat ), le PNL (un candidat) – et une seconde liste présidée par le général à la retraite Nadim Asmar, comprenant le PSNS (un candidat), les Kataëb de Pakradouni (deux candidats), un candidat aouniste et une nébuleuse d’indépendants représentant les familles de la localité. Anciens alliés durant les dernières élections municipales, ces deux têtes de liste (MM. Karam et Asmar) n’ont pas réussi à s’entendre cette fois-ci dans le cadre d’une alliance qui aurait peut-être augmenté les chances de réussite de ce camp. Conséquence attendue : le panachage aurait été largement pratiqué et la bataille entre ces deux listes n’a pu que favoriser celle de l’opposition parrainée par les aounistes. Forts d’une solidarité à toute épreuve, les aounistes ont de fortes chances de remporter le scrutin. Les accusations portées par le général Asmar contre le président de la municipalité sortant, Antoine Karam, « dont le comportement a provoqué la démission de plusieurs membres de la municipalité », dont Hikmat Dib et des alliés du général, ont vraisemblablement profité à la liste de l’opposition. La venue, en grand nombre d’électeurs naturalisés dans les années 70 en provenance de la Békaa, ainsi que les accusations de vente de terrains « à des étrangers à la région » et de corruption des électeurs à la veille du scrutin, « n’ont pas réussi à rehausser l’image de M. Karam auprès d’une majorité de votants aspirant au changement », soulignent les candidats de la liste du CPL. Enfin, affirment les aounistes » il ne faut pas oublier que la région de Baabda-Aley a clairement démontré son appartenance politique en se prononçant pour l’opposition lors de la bataille entre Hikmat Dib et Henri Hélou », un atout qui ne manquera pas de jouer en faveur de leur succès. Marquée par une forte participation qui a atteint les 70 % en fin d’après-midi, la bataille de Hadeth s’est déroulée dans une ambiance véritablement démocratique marquée par une forte concurrence et des moyens de communication relativement sophistiqués. À Chiyah deux listes – l’une formée par le CPL et appuyée par les chamounistes (Noumour Ahrar), et l’autre par le président de la municipalité sortant, Edmond Gharios, proche de Michel Murr, et soutenue par la base Kataëb et le PNL se sont opposées dans une atmosphère relativement tendue à cause notamment du revirement des deux candidats FL qui ont fini par rallier la liste de M. Gharios. Une situation qui n’a pas manqué de déplaire aux aounistes qui ont accusé les FL « de rejoindre les rangs du pouvoir ». Les deux candidats en question – Nadi Ghosn et George Tawil – qui s’étaient présentés au départ comme candidats indépendants, « ont été récupérés par M. Gharios en dernière minute », ont accusé les coordinateurs du CPL qui ont déploré cette « scission » au sein de l’opposition. Pour les sympathisants FL, « ce sont les aounistes qui ont fait un faux pas » en refusant le multiples tentatives d’entente entre les deux formations. » D’ailleurs, affirme l’un d’entre eux, il n’ont jamais eu l’intention de s’allier à nous puisqu’ils n’ont laissé qu’une seule place vacante sur leur liste sachant pertinemment que nous avions deux candidats », dit-il. Près des bureaux de vote, des tracts signés « Michel Murr » appelaient les électeurs à voter massivement pour la liste de Gharios précisant que Chiyah est « une localité fidèle » au courant de l’ancien ministre de l’intérieur. « Une rumeur », rétorque Mme Gharios, qui défend le fait que son mari est absolument neutre et que sa liste ne « représente ni le pouvoir ni l’opposition, mais les familles de la localité ». Pour les partisans de cette liste, il s’agit d’un faux tract que les aounistes auraient eux-mêmes fait circuler. À l’entrée des bureaux de vote, la guerre des slogans entre les délégués du CPL et des FL était de mise et la distribution de roses et d’épis de blé par ces derniers n’a pas pour autant apaisé l’atmosphère. Jeanine JALKH
À l’instar de certaines régions du Mont-Liban où l’opposition chrétienne s’est éparpillée sur plusieurs listes toutes couleurs politiques confondues, les localités de Chiyah et de Hadeth ont illustré à leur tour ce morcellement avec toutefois une tendance chez les aounistes à se regrouper en une seule et même liste contrairement aux autres courants de l’opposition....