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point de vue Propos de jeune

Liberté d’expression rime trop souvent, hélas, dans notre pays de « privilégiés », avec répression. C’est « la fiesta » à chaque fois que les jeunes essayent de s’exprimer : tout le monde se fait beau et se déguise pour l’événement. D’un côté, l’on astique amoureusement les matraques tout en vérifiant la pression du jus des citernes, et de l’autre, rien (du moins en l’apparence) jusqu’au déclenchement. Alors là, on se laisse guider par les muses inspiratrices du moment. Le déchaînement est total, et la libération d’énergie, dévastatrice. Les jeunes Libanais apparaissent alors sous leur vrai jour comme affranchis et mus par une pulsion incontrôlable, jaillissante, les acculant à s’exprimer voire même à se défouler. Un dicton levantin dit bien pourtant : « Méfiez-vous de trop coincer un chat ; il se transformera en tigre. » Tout le vacarme et les soucis dont les jeunes sont esclaves se transposent enfin de leur « intérieur » à l’extérieur qui s’en va tourbillonnant, et dans le for intérieur de chacun, règne du coup un silence religieux et le sentiment d’un droit enfin assouvi. Ces symptômes ne sont cependant pas sans dénoncer une schizophrénie de plus en plus menaçante illustrée par le fameux concept du « Dr Jekyl vs Mr Hyde». Dans une société òu les masques s’épluchent inlassablement et où l’immobilisme absorbe, tel des sables mouvants, toute tentative sincère et individuelle, un problème se pose alors : être jeunes dans le Liban d’aujourd’hui, n’est-ce pas sous-entendre un paradoxe flagrant ? Que reste-il comme place à la jeunesse dans ce pays ? (...) Revenons maintenant aux faits. La jeune génération surnage aujourd’hui dans de l’obsolète qui n’en finit plus de l’inonder : querelles interconfessionnelles, interministérielles, interpartisanes, interculturelles... Je veux bien accepter l’hypothèse suivante : oui, c’est bien parce que les responsables sont des irresponsables que nous nous responsabilisons à tour de bras, mais n’est-ce pas surresponsabiliser quelque part ? Et surresponsabiliser, n’est-ce pas sacrifier l’agréable à l’utile ? (...) Nous, jeunes du Liban d’aujourd’hui, n’avons qu’une issue possible : il nous faut à tout prix prendre conscience qu’à côté de nos droits, il y a aussi nos devoirs et qu’à coté de nos soucis, il y a la joie de vivre. Il ne suffit pas de demander à notre pays les conditions idéales pour y vivre ; il nous appartient aussi de lui donner nous-mêmes, à travers nos actions, des raisons de le faire. Les paresseux et les glandeurs qui lancent de belles phrases de temps en temps style : « Tant de mains pour transformer ce monde et si peu de regards pour le contempler » (Julien Gracq) ; c’est d’eux aussi que nous avons besoin aujourd’hui. La dolce vita sera pour après ! Ce qu’il faut, c’est des hommes et des femmes de principes et d’action, à l’esprit ouvert parce que « l’esprit comme le parachute, pour qu’il fonctionne, il faut qu’il soit ouvert ». Dans le contexte actuel, il est du devoir du jeune citoyen de revendiquer ses droits les plus légitimes, mais il est aussi de son devoir de diversifier son action et sa réflexion pour ne pas sombrer dans le suivisme et le conformisme. La dépression et l’apathie nous guettent sans cesse, c’est une réalité. À nous d’inverser la vapeur. À nous de joindre l’utile à l’agréable. Avoir vingt ans au Liban aujourd’hui, c’est un peu comme exister et avoir, sans chercher à être. La composition de la société est telle qu’un jeune de vingt ans est refusé dans la sphère des ados et recalé dans la sphère des adultes. Tant mieux, diraient certains. Il n’en demeure pas moins que la transition de l’une à l’autre est souvent brutale, et la perte de repères totale. Sur le plan civique, un jeune de 18 ans est considéré comme bon pour le service militaire et condamné à mort en cas d’homicide, mais en parallèle, il est interdit d’accès dans les pubs de Monnot et prié d’attendre les vingt et un ans pour voter. L’aberration atteint là son paroxysme ! Notre combat aujourd’hui devrait être ici d’abord et ailleurs ensuite. C’est une histoire de priorités à définir et à prendre en compte dans le vaste programme de résistance du mouvement estudiantin. Vu la gravité du contexte, il vaudrait donc mieux « débuter par définir (les priorités ) que finir par buter ». Chacun peut avouer des moments de faiblesse, de lassitude, de découragement et de désillusion. Ces moments font partie du combat, ils permettent à la flamme de l’espoir de briller toujours plus haut (...). Mes propos présentent l’avantage de contenir une certaine « ardeur » (si l’on peut dire) qui les démarque du discours à la « langue de bois » traditionnelle. Cependant, cette ardeur n’est pas une ardeur partisane ou endoctrinée ; elle est tout simplement celle de la jeunesse, avec toute son impulsivité et tous ses idéaux. Je cherche à proposer aussi un chemin à suivre pour trouver des solutions. Je considère qu il est important que les jeunes puissent avoir accès aux médias parce que c’est ainsi qu’ils auront accès au peuple. Malheureusment, cet accès nous est très souvent bloqué. Émile ISSA
Liberté d’expression rime trop souvent, hélas, dans notre pays de « privilégiés », avec répression. C’est « la fiesta » à chaque fois que les jeunes essayent de s’exprimer : tout le monde se fait beau et se déguise pour l’événement. D’un côté, l’on astique amoureusement les matraques tout en vérifiant la pression du jus des citernes, et de l’autre, rien (du moins en...