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Actualités - OPINION

Les reconductionnistes minimisent la portée des contre-attaques

Après avoir été les premiers à monter au créneau, et à se mettre en campagne, il y a quelques semaines, les reconductionnistes se retrouvent maintenant sur la défensive. Ils ont en effet essuyé, en quelques jours, de sévères mises au point. Après Bkerké, c’est Sleiman Frangié qui dit son rejet de la prorogation. Les fidèles du régime tentent de minimiser l’effet de ces revers. En relevant, par exemple, que la position du jeune leader nordiste était déjà connue. Qu’elle est donc, en quelque sorte, émoussée. Ce qui revient à oublier que dans ses réactions initiales, il y a quelques mois, le ministre avait tenu à préciser que si les circonstances devaient l’imposer, il ne s’opposerait pas à cette reconduction qu’en principe il rejette. Les loyalistes omettent donc de souligner qu’en fait, Frangié a bel et bien durci le ton. Le reconnaître les mettrait quelque peu dans l’embarras. Dans la mesure où la solidité des liens de Frangié avec Damas est connue. Les lahoudistes se rabattent dès lors sur d’autres arguments. À les en croire, Frangié, ministre de la Santé, a été indisposé par la campagne que l’Ordre des pharmaciens a lancée contre les médicaments de contrebande ou frelatés. Quel rapport avec la présidentielle ? Selon ces sources, Frangié a également été agacé par l’audience présidentielle accordée, à propos de cette affaire, à une délégation de l’Ordre. Il y a vu une sorte de couverture, de parrainage des corporatistes. Dont les charges, les accusations, sont, à son avis, exagérées et ne méritent pas tant de battage. Toujours selon les mêmes âmes charitables, Frangié aurait été en outre froissé par la convocation en justice de l’ancien député zghortiote Estéphan Doueihy, dans le dossier des dérivés du pétrole. Il se serait senti visé. Et ce serait pour ces raisons, en marge, non pas tellement en fonction de l’échéance présidentielle elle-même, qu’il se serait braqué contre la reconduction. Du côté de l’opposition, on récuse cette interprétation loyaliste que l’on qualifie de biaisée. Les mobiles attribués à Frangié par les lahoudistes, dit-on, sont trop minces pour qu’il y réplique dans le cadre d’un élément majeur, crucial même, comme la présidentielle. Il a ses idées à ce propos, et on ne saurait les tenir pour quantité négligeable ou marginale. Car elles rejoignent le grand fleuve des convictions nationales énoncées par Bkerké. Ici, il convient de souligner que certaines parties reconductionnistes, se rendant compte qu’une bataille ouverte serait pratiquement impossible à remporter, tentent de convaincre leur camp qu’il faut adopter un profil bas. Cesser tout bruitage, pour tenter de marquer des points, discrètement, en coulisses, auprès des députés. Comme auprès des décideurs. Si tant est que ces derniers voudront, cette fois encore, imposer un choix déterminé. En fait, la discrétion est d’autant plus de mise que nombre de pôles appartenant à la même ligne nationale que le régime se sont clairement prononcés contre l’amendement de la Constitution. Dès lors, estiment ces sources prudentes, il est improductif de claironner, comme le font certains, que la bataille est déjà gagnée. Car cela indispose autant les amis que les adversaires. Ainsi, l’on a pu entendre un pôle particulièrement proche de Damas soutenir que, pour que la reconduction ait des chances de passer, il faudrait rien moins qu’un nouveau Taëf. Un consensus national solide, et on est, pour le moins, loin du compte. Allant dans le même sens, Négib Mikati, qui n’est pas non plus éloigné de la Syrie, souligne que le climat propice à des révisions constitutionnelles n’est pas assuré pour le moment. Retour de Damas, d’autres sources fiables indiquent que les dirigeants syriens ne souhaitent pas se mêler de la présidentielle. Et s’en tiennent aux déclarations du président Assad promettant la libanisation de l’échéance. Mais les Syriens suivent de près les développements en cours. Et prendraient une décision, éventuellement, à la lumière de ce tableau intérieur. Philippe ABI-AKL
Après avoir été les premiers à monter au créneau, et à se mettre en campagne, il y a quelques semaines, les reconductionnistes se retrouvent maintenant sur la défensive. Ils ont en effet essuyé, en quelques jours, de sévères mises au point. Après Bkerké, c’est Sleiman Frangié qui dit son rejet de la prorogation.
Les fidèles du régime tentent de minimiser l’effet de...