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EN DENTS DE SCIE - Le miroir aux alouettes

Vingt-sixième semaine de 2004. Une fois n’est pas coutume : c’est d’économie, de social et de société dont il sera question pour ces sept jours écoulés. Pas de politique. Et c’est quelque part tant mieux, parce qu’en ce mini-royaume de 10 452 km2, cet art d’organiser et d’exercer le pouvoir, de gouverner l’État, est désormais, à quatre mois de l’échéance présidentielle, particulièrement lassant, et ses risques de contagion – le politique est, au Liban, pourri de l’intérieur – de plus en plus sérieux. Vingt-sixième semaine de 2004. Le Liban bénéficie de deux atouts majeurs. Les Libanais eux-mêmes – une mine de savoir-faire et de talents –, et une opportunité magnifique que leur offrent, bon gré mal gré, un ennemi majeur, Israël, et un allié qui s’envole, Dubaï : l’émulation, ce superbe moteur qui permet à un individu comme à une collectivité de se surpasser. Sauf que, prisonniers d’une praxis politique stérile et abortive, les Libanais ne peuvent pas participer comme ils l’auraient souhaité à la résurrection économique de leur pays, profiter des stimuli de cette (saine) concurrence. Et c’est un miroir qui frustre, qui enrage, que Mohammed ben Rached al-Maktoum a présenté aux Libanais, simples citoyens soient-ils ou responsables politiques : « Les opportunités se présentent à ceux qui savent les saisir », a dit cette semaine le ministre émirati de la Défense. Comme un uppercut en pleines dents plus efficace que tous les gargarismes des Einstein autochtones, ce conseil d’ami devrait en réveiller plus d’un(e). Vingt-sixième semaine de 2004. En adressant un énième ultimatum à l’État, les hôpitaux privés ont utilisé un terrible miroir, la glace qui ne ment pas : cet État-resquilleur, qui leur doit 500 000 000 000 de livres libanaises (et le double à la CNSS), n’a plus qu’à prier pour que le citoyen n’ait pas la mauvaise – mais légitime – idée de faire comme lui : arrêter de payer ses factures. En s’opposant, avec des arguments auxquels ils croient sans doute dur comme fer, sur la nécessité de réduire le coût de la communication à partir du téléphone mobile (le tarif au Liban serait l’un des plus chers au monde), les ministres des Finances et des Télécommunications ont renvoyé à l’opinion publique, une nouvelle fois, l’image d’une équipe gouvernementale championne dans l’art de la division, incapable de gérer ses dossiers, en privilégiant à la fois, autant que faire se peut, le consommateur et le Trésor. En créant Helpline, un numéro pour les toxicomanes souhaitant bénéficier d’une aide médicale, la société civile vient de prouver encore et encore que sans les nombreuses ONG, qui font le plus souvent et à tous les niveaux un travail remarquable, le pays aurait sombré. Même si, en ce qui concerne la lutte contre les dealers, le ministère de l’Intérieur est irréprochable. Vingt-sixième semaine de 2004. Son miroir lui avait pourtant répété, à plusieurs reprises, qu’elle était la plus belle. En refusant le ruban réservé à la première dauphine de Miss Liban et en quittant la scène, la pharaonienne Lamitta Frangié – que l’esprit sportif n’étouffe pas, en revanche... – a donné une belle leçon d’orgueil à ses compatriotes, obnubilés qu’ils sont par la téléréalité, surtout depuis qu’ils ont été sèchement priés de ne pas se mêler de l’élection-désignation de leur futur président. Vainqueur(s) ou rien du tout ? Joli défi. Surtout que pour le relever, les Libanais, aveuglés par la poudre aux yeux dont abuse l’État, savent qu’ils ne devront compter que sur eux-mêmes. Ziyad MAKHOUL
Vingt-sixième semaine de 2004.
Une fois n’est pas coutume : c’est d’économie, de social et de société dont il sera question pour ces sept jours écoulés. Pas de politique. Et c’est quelque part tant mieux, parce qu’en ce mini-royaume de 10 452 km2, cet art d’organiser et d’exercer le pouvoir, de gouverner l’État, est désormais, à quatre mois de l’échéance...