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Actualités - OPINION

Diplomatie -Tiraillements entre faucons et colombes Les contradictions arabes inquiètent sérieusement Beyrouth

L’assassinat de cheikh Ahmed Yassine avait été l’un des vrais motifs du report du sommet arabe de Tunis. Le meurtre de Abdelaziz al-Rantissi va-t-il, au contraire, accélérer la tenue de cette conférence ? Et susciter, au-delà des condamnations verbales, de fermes résolutions ? Homme d’expérience, Farès Boueiz indique, au sujet de l’ajournement du rendez-vous de Tunis, que « les dirigeants arabes étaient perplexes, sinon dans l’embarras. Il leur fallait concilier entre leurs convictions propres, alliées aux intérêts de leurs nations, et les exigences qu’on leur présentait de l’étranger. La réunion devait se terminer soit par des résolutions ordinaire, soit par un manifeste réprouvant clairement les stratégies partiales adoptées par les USA en faveur d’Israël. Les avis étaient partagés entre une tendance voulant garder le lien avec l’Amérique et un courant proposant de s’en écarter pour tenir compte de la volonté des peuples ». Faute de pouvoir accorder leurs violons, les Arabes ont préféré remettre leur réunion à plus tard. Qu’en est-il maintenant, après l’assassinat de Rantissi, leader du Hamas pour Gaza ? Selon un diplomate arabe, le sommet n’a pas lieu d’être si les participants vont continuer à osciller entre tenter de satisfaire leurs peuples et essayer de ne pas rompre avec les États-Unis. Les résolutions qu’ils prendraient, dans un sens ou dans l’autre, impliqueraient une sorte d’entrée en guerre, soit contre leurs opinons publiques, avec des remous intérieurs, soit contre l’Amérique et contre Israël. Plusieurs gouvernements essayent de trouver une formule médiane. De temporiser jusqu’à la présidentielle américaine. Dont les résultats, en cas de victoire, rendraient sa liberté de mouvement à Bush. Et lui permettraient de remettre le cap sur un projet de paix globale équitable dans la région. Ces mêmes régimes, ajoute le diplomate arabe, souhaitent par ailleurs voir d’abord ce qui va se passer en Irak après le 30 juin, date de passation des pouvoirs aux Irakiens. Mais d’autres gouvernants arabes pensent que le temps de l’expectative est révolu. Du fait de la violence, de l’agression israélienne. Du plan Sharon de liquidation physique des leaders de la résistance palestinienne, comme de la dislocation de la « feuille de route » ou du rejet du droit de retour. Dans ces conditions, soulignent ces dirigeants, le monde arabe tout entier doit comprendre qu’il est vitalement visé. Et qu’il doit se défendre. Par de fermes résolutions qui répondent à l’attente des peuples. Ils ajoutent que les USA n’ont pas intérêt à faire supporter aux régimes arabes modérés plus qu’ils n’en peuvent. Dans ce sens qu’en exigeant d’eux de la retenue, face à la vague de fond de colère populaire, ils les mettent en danger de sauter. Et d’être remplacés par des régimes radicaux, sur lesquels Washington n’aurait évidemment aucune emprise. Certes, enchaîne le diplomate arabe, les Arabes sont d’accord pour condamner les crimes perpétrés par Israël. Mais ils ne s’entendent pas sur les mesures à prendre pour y riposter. Les faucons demandent aux pays qui ont établi des relations diplomatiques ou commerciales avec Israël de les rompre. Ils ajoutent que les pays voisins de l’État hébreu doivent ouvrir leurs frontières devant la résistance, qui est le seul moyen de récupérer les droits palestiniens. Car toutes les tentatives de négocier ont échoué. Et, de plus, les USA, sous prétexte de lutter contre le terrorisme, se sont maintenant rangés à l’avis comme aux côtés d’Israël qui affirme que la sécurité passe avant la paix. Quant aux modérés, ils estiment qu’avant d’aller vers une confrontation définitive, il conviendrait de former une délégation arabe de haut niveau. Pour des contacts avec les cinq grands membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu. En vue de réclamer la réactivation effective de la « feuille de route », soit par une réunion du quartette, soit par une conférence internationale. Ou alors, une résolution du Conseil de sécurité pour l’envoi d’une force internationale chargée de protéger le peuple palestinien et ses chefs. Émile KHOURY
L’assassinat de cheikh Ahmed Yassine avait été l’un des vrais motifs du report du sommet arabe de Tunis. Le meurtre de Abdelaziz al-Rantissi va-t-il, au contraire, accélérer la tenue de cette conférence ? Et susciter, au-delà des condamnations verbales, de fermes résolutions ?
Homme d’expérience, Farès Boueiz indique, au sujet de l’ajournement du rendez-vous de...