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Actualités - OPINION

Pour sortir du bain de sang où nous vivons

Les semaines qui passent sont toutes imprégnées de la douleur, du sang, de la violence et de la haine qui fusent tous les jours en Irak, en Syrie, en Arabie saoudite, en Palestine et même en Jordanie. Où allons-nous ? L’histoire de la douleur, du sang et de la violence ne connaîtra-t-elle donc pas de fin ? Au même moment, l’Inde organise des élections démocratiques grâce aux acquis consolidés et développés par la philosophie de la non-violence prêchée par Gandhi. L’Inde est un pays très pauvre qui compte plus de 800 millions d’habitants et regroupe plusieurs langues et nationalités. Les élections s’y sont déroulées pendant trois semaines dans sept cent mille bureaux de vote. Quatre millions de fonctionnaires y ont travaillé et toute la campagne électorale a porté sur le programme économique. Il n’y a eu aucun appel au sentiment religieux bien qu’il existe plusieurs religions rivales sur le sol indien. La victoire est revenue au parti du Congrès présidé par Sonia Gandhi qui est d’origine italienne. Celle-ci a renoncé à la fonction de Premier ministre et a proposé à ce poste un membre éminent du parti d’origine sikh. Cette tolérance et cette démocratie ont fait que l’Inde enregistre une croissance annuelle de 10 %. Le Mahatma Gandhi a réussi à vaincre l’impérialisme britannique par la non-violence. Après avoir expulsé le colonialisme étranger, il n’a pas instauré un colonialisme intérieur. Ses compagnons, et à leur tête Nehru, ont institué une démocratie solide et un État moderne. Les factions violentes ont tenté, et continuent de tenter, de l’anéantir, comme ils l’ont fait avec Gandhi lui-même, avec Indira Gandhi et avec son fils, mais la démocratie est demeurée la plus forte car elle s’est bien enracinée dans la conscience et dans la civilisation indiennes. Elle est devenue une amie. Alors que notre monde arabe vit dans le sang, la douleur et la violence, l’Afrique du Sud a fêté, de son côté, le dixième anniversaire de la chute de l’apartheid, de la libération des Noirs et de la sortie de Nelson Mandela de prison. Ce dernier a mis fin à l’oppression des Noirs et à la discrimination raciale par la non-violence, et ce du fin fond de sa geôle. Le monde entier le soutenait, et il a gagné ! Il n’a pas dit aux Blancs : « Quittez », et ne les a pas obligés à choisir entre le cercueil et la valise, mais il les a gardés et s’est réconcilié avec eux afin de faire avancer son pays par leur entremise, ou grâce à leur coopération, malgré tous les crimes commis par ces mêmes Blancs à l’égard de ses frères africains. Lorsque le mandat de Mandela a pris fin, celui-ci n’a pas demandé qu’il lui soit renouvelé et n’a pas cherché à assurer le pouvoir à ses enfants. Il a dit qu’il voulait ouvrir la porte à d’autres et a persisté dans sa volonté de se retirer alors qu’il était le héros de l’indépendance et qu’il avait passé les trois quarts de sa vie en prison. Pour les Arabes qui font face aujourd’hui aux plus féroces défis, à savoir le sous-développement, l’oppression, l’ignorance, la pauvreté, Israël, les États-Unis..., la violence est-elle l’unique voie vers la justice ? Cette violence leur a-t-elle permis de récupérer l’un quelconque de leurs droits au cours des trois derniers quarts de siècle ? Leurs ennemis ne leur sont-ils pas supérieurs en violence ? Le voisin de l’Inde est le Pakistan. Celui-ci a pris le chemin de la violence déjà emprunté par les Arabes. Quand le Bangladesh s’est rebellé, l’armée pakistanaise a tué trois millions de musulmans. Tous les intellectuels du Bangladesh ont été assassinés. Un traitement spécial a été réservé aux cardiologues : on leur a arraché le cœur de la poitrine. Les généraux ont mis la main sur le pays. Depuis, le sous-développement règne en maître et les coups d’État se succèdent. Pourquoi ne pas jeter un regard sur l’Inde et l’Afrique du Sud pour sortir un peu de ces bains de sang où nous vivons ? Abdel-Nasser avait dit dans son ouvrage sur la philosophie de la révolution : « Je ne pouvais, au tréfonds de moi, être tranquille à l’idée que la violence constituait une action positive qui nous aidera à construire l’avenir de notre pays. » C’est d’ailleurs lui qui a épargné la pendaison au roi Farouk lors de la prise du pouvoir. C’est lui qui a réussi à lui conserver sa liberté en disant à ses compagnons : «Lisez l’histoire... le sang appelle le sang.» Pourquoi un nouvel esprit ne voit-il pas le jour ? La non-violence en Afrique du Sud a vaincu le racisme blanc en dépit de sa force et de sa puissance. Elle a réussi à ancrer la démocratie et à assurer la cohabitation entre les Blancs et les Noirs après l’indépendance, en dépit d’un passé fait d’humiliation et d’oppression ! La non-violence en Inde l’a libérée de l’impérialisme britannique et a ancré la démocratie en dépit de l’obscurantisme, des antagonismes et des luttes entre nationalités, langues et religions indiennes... Et voilà qu’une femme d’origine italienne est élue pour être Premier ministre, mais renonce à ce poste en faveur d’un hindou ! Pourquoi les Arabes n’essayeraient-ils pas la démocratie et la non-violence ? Pourquoi n’abandonnerions-nous pas le discours qui dit que la liberté et la démocratie procèdent d’un complot américain visant à servir Israël ?!!! N’est-ce pas là une insulte à la notoriété de la liberté et à la place qu’elle occupe dans l’histoire et la pensée arabes ? Abdelaziz Bouteflika a dit à Beyrouth : « La raison de notre obscurantisme et de notre échec social est notre “vision de la vie” qui est incapable de répondre, par des efforts continus, aux défis de la réalité, de même qu’elle est incapable de franchir les obstacles... » C’est lui qui a appelé à réformer notre système de pensée pour vaincre l’immobilisme. La pensée arabe sombre dans le sommeil. N’est-il pas temps de la réveiller quelque peu ? Pourquoi n’écoute-t-on pas Bouteflika ? Abdel-Hamid EL-AHDAB
Les semaines qui passent sont toutes imprégnées de la douleur, du sang, de la violence et de la haine qui fusent tous les jours en Irak, en Syrie, en Arabie saoudite, en Palestine et même en Jordanie. Où allons-nous ?
L’histoire de la douleur, du sang et de la violence ne connaîtra-t-elle donc pas de fin ?
Au même moment, l’Inde organise des élections démocratiques grâce aux acquis consolidés et développés par la philosophie de la non-violence prêchée par Gandhi. L’Inde est un pays très pauvre qui compte plus de 800 millions d’habitants et regroupe plusieurs langues et nationalités. Les élections s’y sont déroulées pendant trois semaines dans sept cent mille bureaux de vote. Quatre millions de fonctionnaires y ont travaillé et toute la campagne électorale a porté sur le programme économique. Il n’y a...