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Une leçon de catéchisme ratée

... Ou plutôt un témoignage chrétien avorté. Voilà la conclusion, que je tire, moi chrétienne venant du Liban, après avoir vu le film de Mel Gibson La Passion du Christ. Comment peut-on avoir raté une occasion pareille, avec tous les moyens mis à la disposition de cette œuvre cinématographique ? Comment peut-on être passé outre l’essentiel de cette « Passion » que le Seigneur a accepté de vivre pour sauver l’humanité ? On dirait que l’auteur se contente de raconter des faits en en magnifiant l’effet. Je n’ai vu nulle trace d’influence spirituelle chrétienne. Je n’ai perçu nulle part les nuances que le christianisme a apportées à l’humanité d’hier, d’aujourd’hui et de demain à travers la Passion du Christ. Jésus paraît dans ce film complètement détaché de ce qui se passait autour de lui. Il n’est pas imaginable une seconde qu’il en ait été ainsi. Pourquoi donner sa vie dans le but de sauver cette même race humaine qui le torture et le crucifie si, au moment où son témoignage peut être plus marquant et plus poignant, il se contente d’une passivité à la limite de l’indifférence ? Jésus n’était pas indifférent au monde, même s’il disait qu’il n’en était pas et qu’il retournerait très bientôt chez Dieu le Père. Il se préoccupait de son entourage, il avait des attentions envers les personnes qui l’ont suivi. Il ne pouvait ignorer les souffrances des personnes qui l’ont aimé et qui avaient peur pour lui le jour de sa mise à mort. D’ailleurs, les seuls moments réellement forts de ce film sont les instants où la Vierge Marie et Jésus échangent des regards. Et encore, c’est celui de la Vierge qui est le plus parlant. Pourquoi un Jésus borgne ? Jésus, dont le regard a été chanté par les poètes de l’Église depuis des siècles, dont le regard a subjugué ceux qui quittèrent tout pour devenir ses disciples, Jésus dont le regard a séduit les « sages » dans le Temple alors qu’il avait à peine dix ans... Où est-il ce regard ? Pourquoi avoir éteint ce regard passionné et brûlant d’amour pour le Père et pour ses frères ? Pourquoi donner plus de crédit aux regards de Ponce Pilate et de sa femme ? Pourquoi avoir fait de Jésus un navet et l’avoir fait ramper comme un ver de terre ? Où est le Jésus triomphant de la mort ? Pourquoi avoir fait paraître un homme nu sortant du tombeau ? Pourquoi occulter que l’amour triomphe toujours de la mort ? Pourtant, l’amour et le pardon constituent l’essence même du christianisme. Cette religion est basée sur la foi. Nous sommes appelés à être chrétiens. Nous n’avons pas choisi de l’être ou de le devenir, n’en déplaise à notre conscience et à notre libre arbitre. Nous n’avons pas besoin d’assister à une heure et demie de violence pour prendre conscience de la cruauté humaine. Elle nous entoure. Il suffit d’assister aux journaux télévisés et de lire les grands titres de la presse écrite pour en réaliser l’omniprésence. Un ami me disait hier en sortant du cinéma : « Figure-toi qu’il y a quand même un aspect positif à toute cette histoire. Des milliers de musulmans dans les pays du Golfe se rendent dans les salles pour le voir. » Eh bien, moi je pense que ce film a alors doublement raté sa vocation. Car il ne délivre aucun message à ces personnes dont, finalement, rares sont celles qui connaissent bien la religion et la civilisation chrétiennes réelles. Elle n’en voit que les restes d’une société laïcisée par les courants de pensée occidentaux et qui n’a plus rien à proposer à l’intellect et à la pulsion spirituelle qui existe chez tout être humain. Nous n’avons pas besoin d’un Christ muet, indifférent et apathique. C’est antinomique avec le titre du film lui-même. Nous avons besoin de témoignages de paix, de témoignages de pardon et d’amour. Nous voulons rencontrer et témoigner du Christ vivant, ressuscité et débordant d’amour pour nous pauvres humains qui ne savons pas nous aimer nous-mêmes avant d’apprendre à aimer les autres. Trouvera-t-on un jour un autre chrétien plus sérieux et moins mégalomane pour financer un beau film sur la vraie Passion du Christ ? Kinda ÉLIAS
... Ou plutôt un témoignage chrétien avorté. Voilà la conclusion, que je tire, moi chrétienne venant du Liban, après avoir vu le film de Mel Gibson La Passion du Christ. Comment peut-on avoir raté une occasion pareille, avec tous les moyens mis à la disposition de cette œuvre cinématographique ? Comment peut-on être passé outre l’essentiel de cette « Passion » que le Seigneur a...