Rechercher
Rechercher

Actualités

BAABDA - L’industrie du textile en appelle au président de la République Lahoud plaide de nouveau pour une dissociation du politique et de l’économique

Après avoir tenté pendant des années, en vain, de sensibiliser les autorités aux problèmes auxquels son secteur est confronté, l’industrie du textile au Liban espère aujourd’hui que la réaction favorable du chef de l’État, le général Émile Lahoud, à ses doléances pavera la voie à un règlement radical de ces problèmes. Recevant hier une délégation de ce secteur, le président a jugé qu’il est temps de venir à bout du déséquilibre économique dans le pays, et réaffirmé la nécessité de tenir le dossier des réglements économiques à l’écart des considérations politiques. Il a demandé aux départements concernés d’étudier les propositions de règlement consignées dans le mémorandum que la délégation lui a remis et d’établir un plan d’action qui sera soumis au Conseil des ministres, en vue d’une application suivant une échelle des priorités, à court, à moyen et à long terme. La délégation que conduisait le président de l’Association des industriels, Fadi Abboud, comprenait MM. Sleiman Khattar, président du syndicat de l’industrie du textile, Toufic Abou Khalil, président du conseil exécutif du syndicat des employés des usines de textile, Nicolas Abi Nasr, président du syndicat du secteur des chaussettes, Mohammed Khattab, Jean Kaldani et Fayçal Fayçal, respectivement président, vice-président et membre du conseil d’administration de l’association des commerçants et des importateurs de tissus, Mohammed Sinno, président du rassemblement des industriels de Beyrouth et vice-président du syndicat des propriétaires d’usines de prêt-à-porter, Nagi Mouzannar, secrétaire général du syndicat des propriétaires d’usines de textile au Liban, Charles Arbid, membre du conseil d’administration de l’Association des industriels, Joseph Matta, responsable de communication du secteur des textiles, Jean-Michel Mokhbat et Bassam Mahfouz, membres du conseil d’administration du syndicat des propriétaires d’usines de textile. M. Abboud devait exposer au chef de l’État les difficultés auxquelles le secteur est confronté, en soulignant que 580 usines et ateliers qui employaient 6 800 personnes avaient été contraints de fermer leurs portes. M. Toufic Abou Khalil devait ensuite brosser un tableau de la situation des employés du secteur dont un grand nombre ont été licenciés, l’invitant à accorder à ce dossier une attention particulière et insistant sur le fait que les ouvriers placent leurs espoirs en lui. Chacun des membres de la délégation devait à tour de rôle exposer au chef de l’État les problèmes de son secteur avant que M. Khattar ne remette au président un plan en six points susceptible de « sauver le secteur du textile, d’assurer sa survie et son développement ». Le texte propose ce qui suit : – Suspendre l’application de la TVA sur les matières premières destinées à l’industrie du textile. – Considérer l’importateur d’habillements comme étant le dernier consommateur soumis à la TVA. – Interdire l’importation de vêtements de friperie, à l’instar du système en application dans tous les pays producteurs et exportateurs d’habillements, dont la Syrie. – Ramener la taxe spécifique à 15 000 livres par kilo. – Faire en sorte que les normes libanaises soient contraignantes. – Appliquer des normes contraignantes aux draps et aux couvertures. – Remplacer la décision concernant les achats de l’État par une loi afin qu’elle soit appliquée par les administrations. – Consacrer des espaces à la promotion du prêt-à-porter « made in Lebanon » dans les zones franches. Le texte souligne en outre que les difficultés du secteur sont telles qu’elles représentent une menace pour le potentiel de production dans le pays ainsi que pour de nombreuses familles qui se retrouvent sans ressources du fait de la fermeture de certaines usines ou de licenciement dans d’autres qui réduisent leurs actvités au minimum. La contrebande, un véritable fléau Il en appelle au président de la République pour la mise en application de ce plan, bénéfique aussi bien pour l’industrie du textile que pour l’État. L’une des principales causes de l’affaiblissement de ce secteur reste en effet la contrebande, qui fait perdre au Trésor 45 millions de dollars par an, soit presque l’équivalent d’une émission d’eurobonds, selon des sources de ce secteur. Avant d’exposer leur plan de redressement, les représentants de l’industrie du textile ont établi une étude dont il ressort que 60 % de la marchandise importée entre clandestinement au pays, a-t-on indiqué de mêmes sources. Cette marchandise provient principalement de Dubaï, de pays européens et du Sud-Est asiatique. Dans certains cas, il s’agit de produits contrefaits, reprenant le nom de marques connues. Ce commerce clandestin porte préjudice à l’État non seulement parce qu’il lui fait perdre des dizaines de millions de dollars par an, mais aussi parce qu’il discrédite sa réputation en Occident, le Liban s’étant engagé à préserver la propriété intellectuelle et à lutter contre la contrefaçon. Les autorités ont été alertées à plusieurs reprises au sujet de ce problème, dont elles reconnaissent la gravité, a-t-on indiqué de mêmes sources. Elles n’ont cependant rien entrepris pour le régler et favoriser ainsi le redressement du marché local de l’habillement, évalué à un milliard de dollars. Est-ce par laxisme ou parce que les mafias de la contrebande sont plus puissantes ? Les sources citées retiennent la deuxième option. Ce que l’industrie du textile souhaite, ce ne sont pas des subventions de l’État mais simplement d’être dotée des moyens susceptibles de la rendre de nouveau compétitive. Certains points du plan proposé par ses représentants vont d’ailleurs dans ce sens. De mêmes sources, on relève à titre d’exemple que la marchandise importée de Syrie est exemptée de la TVA, conformément aux accords commerciaux libano-syriens, alors que les producteurs libanais sont contraints de payer cette taxe. L’intérêt que le chef de l’État a promis d’accorder à ce secteur constitue pour ses représentants une lueur d’espoir, surtout que le président a insisté devant eux sur la nécessité d’accorder une importance particulière au dossier économique. Le général Lahoud a ainsi réaffirmé qu’il est temps de venir à bout du déséquilibre économique dans le pays. Il a insisté sur le fait que les propositions de règlement avancées à ce niveau doivent être maintenues dans un cadre scientifique et technique, et qu’il ne faut pas que des considérations politiques interfèrent avec les règlements économiques. Le chef de l’État a en outre jugé inadmissible que les questions qui touchent directement à la vie de la population au quotidien fassent l’objet de tiraillements politiques, soulignant qu’il est du devoir des autorités d’assurer sans tarder aux citoyens les éléments indispensables à une vie digne et de n’épargner aucun effort pour atténuer les effets de la crise socio-économique. Selon lui, le report d’un règlement aggrave cette crise et affaiblit la confiance des Libanais dans l’État et dans ses institutions. Le président Lahoud a jugé tout aussi nécessaire d’accorder aux secteurs productifs, tels que l’industrie et l’agriculture, l’intérêt qu’ils méritent, en raison des effets positifs qu’ils ont sur le marché, dans la mesure où leur développement, a-t-il dit, permet entre autres de résorber le chômage. Il a jugé primordial de mettre en place un nouveau pacte social, impliquant une coopération de tous les secteurs de la production, afin de définir les démarches susceptibles d’en finir avec la crise économique. Selon lui, c’est l’État qui joue le rôle principal pour favoriser la mise en place de ce pacte.

Après avoir tenté pendant des années, en vain, de sensibiliser les autorités aux problèmes auxquels son secteur est confronté, l’industrie du textile au Liban espère aujourd’hui que la réaction favorable du chef de l’État, le général Émile Lahoud, à ses doléances pavera la voie à un règlement radical de ces problèmes. Recevant hier une délégation de ce...