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SOCIÉTÉ - Remise des clés des appartements, d’une part, durcissement de ton, d’autre part Bonheur ou mécontentement, les logements de Hay el-Syrian divisent la communauté syrienne-catholique

L’affaire des nouveaux logements de Hay el-Syrian continue de semer le trouble parmi les anciens habitants du « waqf syrien- catholique des pauvres ». D’un côté, le patriarche Boutros VIII Abdel-Ahad, intransigeant, fait remettre les clés des habitations à une vingtaine de familles qui ont accepté d’emblée l’ensemble des conditions préalables, d’un autre, la majorité des habitants, regroupés dans un comité, demande la reconnaissance de ses droits, craignant d’être expulsée du jour au lendemain de ses nouveaux logements, sans la moindre indemnisation. (voir « L’Orient-Le Jour » d’hier, mercredi 7 avril). Pour une vingtaine de familles de Hay el-Syrian, c’est la fin d’une longue attente. C’est aux alentours de 10 heures trente hier matin qu’elles se sont vu remettre, des mains du père Antoine Hamzo, représentant le patriarche des syriens-catholiques Boutros VIII Abdel-Ahad, les clés des appartements qu’elles habiteront, dans le bloc B du complexe résidentiel « Mar Ephrem », situé en face de l’entrée principale de l’Hôtel-Dieu de France, et ce dès la fin des travaux. Des logements d’une superficie totale de 100 m2 chacun, dont 83 m2 habitables, composés d’un séjour/salle à manger, de deux chambres à coucher équipées de placards, d’une cuisine, d’une salle de bain et d’un WC. Des habitations en bonne et due forme, équipées d’ascenseurs et de groupes électrogènes, bien plus accueillantes que ces taudis dans lesquelles la majorité d’entre eux ont été provisoirement installés il y a 9 ans par le patriarcat, suite à l’expropriation par l’État du terrain où ils vivaient depuis des générations, et baptisé « waqf des pauvres de la communauté syrienne-catholique ». Saturés d’avoir trop souffert Pour l’occasion, hier, point de flonflons, ni de cérémonie. C’est dans la discrétion et plutôt hâtivement que s’est déroulée la remise des clés aux familles ayant signé la « permission d’habiter », rédigée par le patriarche et leur donnant tout juste le droit d’habiter les appartements, sans pour autant en être locataires ou propriétaires. Répondant tour à tour à l’appel, les bénéficiaires se présentaient devant le père Hamzo, dans la pièce d’un appartement du complexe résidentiel « Mar Ephrem », signaient un reçu et s’en retournaient, plutôt émus, bavarder avec les leurs, tenant fermement la clé de l’appartement qui leur est désormais destiné. Heureux, certes, les bénéficiaires l’étaient, car ils n’en peuvent plus de vivre dans des abris de fortune depuis déjà 9 ans, sous terre, à l’entrée du cimetière, dans des taudis insalubres ou des locaux hâtivement aménagés par le patriarcat. Certains avouent néanmoins une certaine déception : « J’ai signé contre mon gré, raconte un chauffeur de taxi-service de 67 ans. J’habite depuis 9 ans dans les locaux de l’église dans des conditions d’hygiène déplorables. Je suis saturé. Je m’attendais à avoir un logement équivalent au mien. J’avais une maison de deux étages dans laquelle j’ai investi beaucoup d’argent. Depuis l’expropriation du terrain, il ne m’en reste plus rien et on me demande de payer 50 dollars par mois de charges. C’est énorme, mais je n’ai pas d’autre choix », dit-il, résolu à en finir avec cette existence insalubre. D’autres, au contraire, affichent leur entière satisfaction. « J’ai vécu 9 ans sous terre, raconte Angèle Farah. J’ai assez enduré et suis très heureuse d’avoir enfin eu les clés de mon appartement. » Refus catégorique de signer Aujourd’hui, une vingtaine de familles ont reçu les clés de leurs appartements, alors que plus d’une centaine, rassemblées derrière le comité des habitants de Hay el-Syrian, se refusent encore à signer le permis d’habitation qui leur permettra de bénéficier d’un logement dans le complexe résidentiel « Mar Ephrem ». En effet, hier après-midi, ce comité, constitué du moukhtar d’Achrafieh, Jean Joseph Nehmé, et de MM. Ephrem Ghazal, Joseph Youssef et Edmond Manouk, a organisé une conférence de presse pour demander que le droit des anciens habitants du « waqf syrien-catholique des pauvres » soit respecté et que soit annulé le terme « permission d’habiter » du document qui les lie au patriarche Abdel-Ahad. Un terme qu’ils jugent « non reconnu par la loi » et qui, selon eux, fait fi des indemnisations desquelles ils se sont désistés, dans la promesse d’obtenir ces logements. « Une permission d’habiter ne nous donne aucune sécurité car nous risquons d’être mis à la porte par le patriarcat à tout moment », explique Ephrem Ghazal, ajoutant qu’avoir un logement, sans risquer de se faire expulser, est le droit le plus élémentaire de toute famille qui vivait dans l’ancien waqf, comme l’avait promis le précédent patriarche Antoine Hayeck. « Nous avons d’ailleurs accepté toutes les autres conditions et sommes prêts à assumer les charges réclamées », précise-t-il. « La seule chose que nous demandons est que le terme “permission d’habiter” soit rayé du document. » Hier, la salle était comble au siège du club sportif de Hay el-Syrian. Le comité des habitants du quartier, soutenu par l’assistance et les proches, a déclaré être partisan d’une solution à l’amiable. Mais il s’est aussi dit prêt à recourir aux tribunaux si le patriarcat ne met pas un peu d’eau dans son vin et refuse de reconnaître les droits des membres de sa communauté. Anne-Marie EL-HAGE
L’affaire des nouveaux logements de Hay el-Syrian continue de semer le trouble parmi les anciens habitants du « waqf syrien- catholique des pauvres ». D’un côté, le patriarche Boutros VIII Abdel-Ahad, intransigeant, fait remettre les clés des habitations à une vingtaine de familles qui ont accepté d’emblée l’ensemble des conditions préalables, d’un autre, la...