Moawad : Le système en place a échoué de facto

La députée de Zghorta et membre du Front national pour la réforme, Nayla Moawad, est intervenue à la tribune de l’hémicycle quelques bonnes dizaines de minutes avant les incidents qui ont opposé hier les étudiants, qui manifestaient pour la libération des prisonniers en Syrie, aux soldats de l’armée. Visionnaire ou simplement prévoyante, elle avait exprimé haut et fort en pleine Chambre ses craintes de voir de nouveau la confrontation « entre nos enfants, ce que nous avons de plus cher, et les forces de l’ordre », notamment après avoir assisté en allant place de l’Étoile à une « énorme » mobilisation sécuritaire. Réponse du ministre de l’Intérieur à la députée du Nord : « Aujourd’hui, nous avons environ six manifestations à gérer, et je souhaiterais rappeler que les forces de l’ordre sont tenues légalement d’accompagner ces manifestations. Mais nous traitons avec les étudiants d’une façon plus souple, tout en n’oubliant pas que des gens malintentionnés peuvent s’infiltrer dans ces manifestations, et devenir une menace pour les étudiants. Voilà pourquoi il y a un minimum de mesures sécuritaires à prendre », a dit Élias Murr. Et Nayla Moawad d’enchaîner en informant le président de la Chambre qu’elle avait préparé un discours qu’elle a déchiré au dernier moment parce qu’elle s’est rendu compte « que les débats au Parlement sont de plus en plus stériles. Personne – ni les citoyens, ni les ministres, ni les députés – ne s’intéresse au budget, censé être une étape des plus importantes de notre vie politique », a-t-elle dit. Nayla Moawad a indiqué en outre n’avoir rien à ajouter à propos de ce budget de plus que ce que le pouvoir lui-même a dit. « Ce budget est un message clair de la part du système, qui refuse la réforme, qui proclame son incapacité à sortir le pays des marécages bourbeux auxquels il l’a mené. Ce système a échoué de facto. Et notre bataille vise à l’empêcher d’entraîner le pays dans sa ruine. Notre seul espoir réside dans les échéances électorales à venir – municipales, présidentielle, législatives –, qui devraient installer un changement radical permettant de transformer le Liban en une nation stable, réconciliée avec elle-même et avec son temps », a conclu Nayla Moawad.