Western moderne

Le Moyen-Orient n’est plus, vive le Far West ! Les territoires occupés qui ont perdu, depuis trop longtemps, le lustre et l’onirisme des mille et une nuits sont devenus le terrain de jeu favori d’acteurs en mal de western. L’enjeu de la bataille, la terre. Les cow-boys volaient celle des Indiens pour faire paître leurs gigantesques troupeaux, les Israéliens annexent les champs fertiles des Palestiniens. Il y a quelques siècles, des barrières en bois agrémentées de barbelés étaient utilisées pour marquer son territoire. Aujourd’hui, les barbelés viennent renforcer des blocs de béton de huit mètres de haut. Autre époque, autres moyens, même scandale. On s’abstiendra ici de relever le sort qui a été réservé aux Indiens. Extermination, parcage... Dernière nouveauté dans la panoplie du cow-boy israélien, le braquage de banques. Butin du hold-up mené à Ramallah : des millions de dollars. À faire pâlir d’envie un Billy the Kid. Et enfin, last but not least, l’application du célèbre adage : tire d’abord, discute ensuite. Hier, pour la première fois depuis le début des travaux, deux Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne lors d’une manifestation contre le mur de Cisjordanie. Des militants pacifistes israéliens ont également été touchés. Et cette question : comment expliquer à Ariel Sharon que le western est un genre en perte de vitesse, quand son mentor texan, un Stetson enfoncé sur le crâne, ne cesse de lancer sa cavalerie à travers le monde depuis une Maison-Blanche aux allures de Fort Knox. Émilie SUEUR