Les lecteurs ont voix au chapitre Deux heures de purgatoire

Ce n’est pas parce qu’on appartient au clan des Rahbani que l’on est forcément doué pour le théâtre. Encore que j’admire le talent réel de Ghassan pour les clips satiriques que Monsieur Tout-le-Monde fredonne, il me semble qu’il n’en est encore qu’au stade de l’ébauche en ce qui concerne la mise en scène de scénarios sophistiqués. (...) C’est d’autant plus regrettable que la plupart des composantes d’une réussite étaient là : bonne idée de départ, l’histoire, décor riche et représentatif, acteurs (quoique jeunes) à la hauteur de leur rôle, chorégraphie impeccable... Mais les chants étaient des chansonnettes. Et puis, de grâce arrêtez ces allusions, voilées ou pas, à la Syrie! À mon avis, l’un des plus grands malheurs de la présence syrienne au Liban a été de dévoyer la culture libanaise en une culture fixative. Une culture de guérilla urbaine, de rébellion prosaïque, de crânerie de vaincu qui ne veut pas désarmer. C’est lassant. Nous pouvons faire de grandes œuvres : faisons-les! Ce sera la plus grande preuve que nous existons toujours, que l’occupation des uns et des autres ne nous a pas flétris, que nous avons du génie. Ghassan a toujours de bonnes idées, et toujours il semble ne pas pouvoir les mener à bon port. Est-ce à cause de son cynisme exacerbé? De son ironie mordante, parfois même insultante? Il me semble qu’il gagnerait en profondeur et maturité s’il savait renoncer à tant de rogne et de mordant. Georges AYOUB