Voile et laïcité, l’exemple de la Turquie
Comme tous vos lecteurs, j’ai lu au fil des jours les critiques sur l’interdiction du port du voile dans les écoles et universités en France.
Je ne veux critiquer personne et je veux rester neutre, mais je voudrais savoir pourquoi n’a-t-on jamais critiqué un pays à majorité absolue musulmane qui a appliqué la laïcité dans toute sa rigueur depuis des décennies ? Je veux parler de la Turquie. Vous n’ignorez sûrement pas que, depuis la révolution d’Ataturk, il est, entre autres, strictement interdit aux élèves et aux professeurs de porter le voile dans les écoles, les lycées, les universités, et à toutes les femmes, lors de réunions, conférences, séances de théâtre, dîners, et autres manifestations publiques où l’État est représenté.
Je ne sais pas pourquoi on s’acharne contre la laïcité de la France, accusée d’atteinte à l’islam, en feignant d’oublier la laïcité de la Turquie.
Jospeh NAAIEM
De quoi je me mêle ?
J’aimerai dire à toutes les personnes qui, au Liban, ont manifesté contre le projet de loi sur le voile en France, que je ne vois pas trop en quoi ce problème les concerne et ce que ça leur rapporte en tant que citoyens libanais. Je les invite à manifester pour des sujets plus intéressants concernant leur quotidien, qui n’est pas trop joyeux, à mon avis.
Marie IMAD - Paris
Voiles à toutes les sauces
Puisqu’il est question du voile islamique en France, parlons des nôtres : affaire al-Madina, enquête sur les dinars irakiens, cellulaire, changement ministériel... Nos hauts responsables n’ont toujours pas décidé s’il faut lever le voile sur ces affaires ou pas. Mais dans ce dernier cas, ils devront, une fois pour toutes, se voiler la face, exercice dont ils sont désormais coutumiers.
Dania TYAN
Et la démocratie ?
Le peuple libanais souhaite donner des leçons de démocratie à la France en matière de laïcité. Mais ne ferait-il pas mieux de regarder ce qui se passe chez lui, en matière de démocratie ?
Arrêter des gens honnêtes, est-ce une nouvelle définition de la démocratie ? Où est la liberté de penser, d’agir, de travailler au Liban ?
A.M. BOULA
Service du drapeau et émigration des jeunes
Pensez-vous qu’un jour le gouvernement va amender la loi sur le service du drapeau ? On dirait que tout est fait pour faire fuir les jeunes, surtout les binationaux qui sont très attachés au Liban, mais qui refusent de se plier à ce service national, parce qu’ils ne se reconnaissent pas dans leur pays qui, leur semble-t-il, est toujours occupé. À moins qu’il soit dangereux ou tabou d’en parler ?
Je connais beaucoup de jeunes qui ont quitté le Liban à cause de cette situation, qui n’ont qu’une seule envie, celle de pouvoir rentrer un jour et respirer la liberté.
Sébastien KHOURY
Tant que la situation régionale est la même, ni le gouvernement ni le Parlement ne sont prêts à revoir leur politique concernant le service du drapeau. Des députés font campagne pour le changement de cette loi, de manière à réduire la durée du service du drapeau et à le transformer en service civique, mais leurs propositions sont dans les tiroirs. Les binationaux sont astreints au service du drapeau, sauf s’ils effectuent leur service dans leur pays d’adoption.
Humour serbe
Un proverbe serbe a déjà répondu à tous ceux qui, comme votre lectrice, Gisèle Achkar, se demandent ce que nous réserve le futur : « Notre passé est une déroute. Notre présent, une catastrophe. Mais heureusement pour nous, nous n’avons pas d’avenir. »
J’espère que ça restera de l’humour serbe...
Pascale RASSI
La controverse sur le voile : une simplicité en trompe-l’œil
En tête de notre courrier, l’hommage d’une lectrice à Amine Abou Khaled, directeur de L’Orient-Le Jour durant trois décennies et qui, en janvier, a passé la main. Les mots manquent pour rendre hommage à celui qui était l’ami de tous, le grand frère de tous.
La controverse sur le voile islamique continue, cette semaine encore, d’être en vedette. Le sujet paraît simple, à première vue, mais cette simplicité est un trompe-l’œil. Dans cette controverse, il y a à la fois un choc culturel et un choc politique. Ces deux chocs sont si inextricablement liés qu’il faut beaucoup d’habileté pour ne pas les confondre, pour ne pas réprimer une culture, en voulant réprimer un courant politique, ni porter atteinte à une religion, ou du moins à son image, en l’utilisant comme vecteur politique.
C’est ce que tente toute la classe politique française, c’est ce que cherche aussi à atteindre chez nous un Mohammed Hussein Fadlallah.
L’un de nos lecteurs soulève la question du voile en Turquie, pays laïc dont la population est dans une très large mesure musulmane. L’exemple est fort utile, comme terme de référence.
Parmi les autres sujets soulevés, signalons celui du service du drapeau et, plus largement, celui de l’émigration des jeunes. Le service du drapeau constitue un obstacle de taille pour les visites au Liban de jeunes Libanais possédant une double nationalité et ne souhaitant pas être astreints à ce service, dans sa forme actuelle.
Enfin, nous publions deux réactions, l’une amère, l’autre indignée par la parution dans le Marie-Claire de février d’un reportage sur une certaine société libanaise.
Fady NOUN
Hommage à Amine Abou Khaled
Fidèle lectrice de L’Orient-Le Jour depuis de longues années, je ne peux pas accepter de vous voir quitter le journal sans rendre hommage à votre présence active à la rédaction, et évoquer ce cheminement de tous les jours que vous avez fait avec nous, ces milliers de lecteurs qui attendions le journal tous les matins.
Directeur pendant près de trente ans, vous n’avez jamais failli à votre tâche même aux moments les plus durs de la guerre. Nous serions ingrats d’oublier les nombreuses nuits que vous et votre fidèle et courageuse équipe passaient dans les sous-sols des locaux du journal, alors que des dizaines d’obus et toute leur folie meurtrière s’abattaient sur vous de toutes parts. Nous ne pouvons pas oublier non plus cette ligne de démarcation – certains de vos collègues et amis y ont laissé la vie –, tant de fois franchie par vous pour rejoindre vos collaborateurs, alors que nul n’osait se hasarder sur cette ligne de mort ; mais, pour vous, votre priorité était le journal ; il fallait qu’il paraisse, il fallait qu’il porte à tous les coins du pays les nouvelles que chacun attendait, car même aux plus sombres jours de la guerre, l’arrivée et la présence du journal étaient signe de vie, signe d’espoir.
Monsieur Abou Khaled, merci ; merci pour tant d’années passées avec nous et bonne chance pour la nouvelle étape qui s’ouvre devant vous.
Rosée SFEIR
Marie-Claire et le portrait d’une certaine société
Avez-vous jeté un coup d’œil sur le Marie-Claire du mois de février, et plus précisément l’article intitulé : « Les Libanaises attaquent : vierges et sexy pour trouver un mari » ? Cet article mensonger est un scandale ! Il rabaisse l’image de la femme libanaise.
En tant que leader des médias francophones au Liban, j’espère que vous allez réagir, ne serait-ce que par devoir patriotique. J’ai moi-même déjà envoyé à Marie-Claire mes commentaires à ce sujet.
Qu’un tel article soit publié par Marie-Claire, vous pouvez imaginer l’image désastreuse que pourrait désormais avoir la femme libanaise en France !
Rachel WAZEN
Regarder les choses en face
Quel bonheur que de voir notre cher pays faire l’objet de huit pages dans un mensuel français à grand tirage ! On y dépeint, en gros, la situation économique catastrophique qui pousse les hommes à l’émigration, laissant les femmes en surnombre et frustrées. Ces dernières essayent donc, à force de botox, silicone et décolletés, de se trouver vite un mari – de préférence au porte-monnaie chargé – avant d’atteindre leur date de péremption. L’article dénonce donc une société – la nôtre – matérialiste, machiste, superficielle et surfaite. Bref, en mal d’existence, sans repères. Et je me demande ce qui est le plus alarmant : ce « triste reflet d’une société à la fois traditionnelle et tournée vers l’Occident » (je cite) ou bien la réaction de mon libraire pour qui cet article est un « complot sioniste » (!!!!) ? Qu’est-ce qui est plus dangereux ? Notre morose quotidien ou cet aveuglement populaire et généralisé qui ne veut jamais regarder les choses en face, et préfère attribuer aux autres (le gouvernement, les pays ennemis, ou les pays « trop » amis) toutes les causes de nos malheurs ?
Hala HANNA
Disparition de certaines rubriques
Dommage ! Vraiment Dommage ! (...) Il est question, vous l’aurez deviné, des rubriques hebdomadaires de bridge, d’échecs, de scrabble, auxquelles vous venez de réserver un sort tragique. Mais peut-être que cette décision n’est pas absolument irréversible ?
Nagib BAROUDI
Ne perdez pas espoir. Et en attendant, il existe d’excellentes revues spécialisées de jeux.
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