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Actualités - ANALYSE

Cardahi soumettra demain son rapport sur l’appel d’offres de la téléphonie mobile Deux dossiers au centre de l’actualité cette semaine : le cellulaire et les retombées du crash de Cotonou

L’actualité de cette semaine devrait être marquée essentiellement par deux grands dossiers qui ne cessent de focaliser l’attention des milieux locaux à plus d’un niveau : les suites de l’appel d’offres portant sur la privatisation de la téléphonie mobile et les retombées sur la scène politique libanaise du crash de Cotonou. Ces deux affaires revêtent dans le contexte présent une importance particulière dans la mesure où elles reflètent concrètement l’état de déliquescence avancée qui caractérise la classe dirigeante imposée au pays. Les dessous de la tragédie de Cotonou et l’évolution de l’enquête menée à ce propos feront encore couler beaucoup d’encre dans les prochains jours. Aujourd’hui même, à titre d’exemple, les conseils des deux Ordres de la presse et des journalistes devraient tenir une réunion extraordinaire afin de trouver une issue honorable au problème épineux posé par les accusations lancées à la fin de la semaine dernière par notre confrère Gebrane Tuéni contre M. Nabih Berry, soupçonné par le directeur général du Nahar d’avoir été impliqué dans l’exploitation de l’avion qui s’est écrasé au décollage de la capitale du Bénin. Les représentants des deux Ordres ne manqueront certainement pas de trouver un moyen de recoller les morceaux avec le chef du Législatif. Mais au-delà de cet accident de parcours, c’est le bon déroulement de l’enquête qui suscite quelque inquiétude. Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, s’est fait l’écho hier de telles appréhensions en relevant, fort à propos, que l’on ne comprend pas, souvent, comment les enquêtes sur certaines grandes affaires sont ouvertes et comment – et pourquoi – elles sont closes. De quoi porter un nouveau coup sévère à la crédibilité d’un establishment politique, déjà fortement ébranlé ces dernières années. L’affairisme éhonté des responsables officiels, dénoncé hier également par le patriarche maronite, s’est manifesté en outre à grande échelle à l’occasion de l’appel d’offres portant sur la privatisation de la téléphonie mobile. Tout comme l’affaire du crash de Cotonou, le résultat de cet appel d’offres provoquera sans nul doute beaucoup de remous. L’on devrait être fixé dans le courant de cette semaine sur les véritables causes de la mise à l’écart des quatre compagnies étrangères préqualifiées (la française Orange, l’allemande Detecom, la grecque OTE et la koweïtienne MTC), au profit des deux sociétés à cent pour cent locales, l’une liée indirectement au Premier ministre (LibanCell) et la seconde qui est la propriété du ministre des Travaux publics (Investcom). Le comité technique (présidé par M. Ghazi Youssef), chargé d’examiner le résultat de l’appel d’offres, a remis hier matin son rapport à M. Rafic Hariri et au ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi. Celui-ci soumettra à son tour son propre rapport demain, mardi, à la commission ministérielle ad hoc formée jeudi dernier par le gouvernement en vue de réexaminer l’ensemble du dossier de la téléphonie mobile. Il ressort des observations fournies par le comité technique que l’entreprise française Orange a présenté une offre pour la gestion du réseau (pour le compte de l’État) d’un montant de 521 millions de dollars, sur trois ans (soit près de 14,47 millions de dollars par mois). L’offre d’Orange est donc largement supérieure au montant du contrat de gestion actuellement en vigueur avec les deux opérateurs LibanCell et FTML (7,5 millions de dollars par mois pour chacun de ces opérateurs). Mais la société française a précisé, d’entrée de jeu, que son offre était négociable. La porte reste donc grande ouverte à une remise en question du résultat de l’appel d’offres. Telle est précisément la mission, dans l’immédiat, de la commission ministérielle ad hoc formée jeudi dernier. Celle-ci pourrait se prononcer dans le courant de cette semaine. Il est difficilement concevable sur ce plan que le pouvoir persiste à ne laisser en lice que des sociétés exclusivement locales, liées, de surcroît, à de hauts responsables (FTML, filiale de France Télécom, n’a pas participé – soit dit en passant – à l’appel d’offres, et de ce fait, avec la mise à l’écart d’Orange, les Français se retrouvent en dehors du marché local). Il appartiendra ainsi au gouvernement, sur proposition de la commission susmentionnée, de trouver une formule (qui pourrait être le lancement d’une nouvelle adjudication) pour réintroduire les sociétés étrangères – plus particulièrement les Français – dans l’opération de gestion du réseau. Le Conseil des ministres est légalement habilité à prendre une décision en ce sens, conformément à la loi 393 sur la privatisation de la téléphonie mobile. Mais indépendamment de ce volet juridico-technique, c’est sur les circonstances dans lesquelles s’est déroulé l’appel d’offres que pourrait être axé le débat dans les tout prochains jours. Le ministre Cardahi fait assumer au Conseil supérieur pour la privatisation (relevant de M. Hariri) l’entière responsabilité du résultat obtenu puisque, sur base du décret 8206, c’est ce Conseil qui était chargé d’organiser et de gérer l’appel d’offres. Le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, a répondu hier à cet argument en relevant que légalement, c’est le ministre concerné qui est, en définitive, responsable de tout ce qui touche de près ou de loin aux Télécommunications et, à ce titre, il assume la responsabilité du résultat de l’adjudication. Ce à quoi une source autorisée au ministère des Télécoms a rétorqué hier soir en soulignant que le ministre est effectivement responsable (en vertu de la Constitution), mais dans ce cas précis, M. Cardahi n’a fait que se soumettre aux décisions prises dans cette affaire par le Conseil des ministres, décisions au sujet desquelles M. Cardahi avait exprimé explicitement de fortes réserves, notamment pour ce qui a trait au cahier des charges. La polémique autour de ce dossier risque fort bien d’alimenter pour un certain temps les colonnes des journaux et les bulletins des médias audiovisuels. L’opinion publique pourrait se montrer peu ou prou intéressée par ce débat, mais force est de relever que le plus déplorable dans ce contexte est que, aussi bien les soubresauts du cellulaire que les dessous du crash de Cotonou, placent plus que jamais la classe dirigeante au banc des accusés. Michel TOUMA

L’actualité de cette semaine devrait être marquée essentiellement par deux grands dossiers qui ne cessent de focaliser l’attention des milieux locaux à plus d’un niveau : les suites de l’appel d’offres portant sur la privatisation de la téléphonie mobile et les retombées sur la scène politique libanaise du crash de Cotonou. Ces deux affaires revêtent dans le...