Rechercher
Rechercher

Actualités

Présidentielle - Controverse intense en coulisses La précampagne axée sur la reconduction

Sur instructions supérieures, le débat médiatique reste interdit. Mais nul ne peut empêcher les professionnels de la politique de se passionner, ou de se préoccuper, d’une échéance aussi cruciale pour eux que la présidentielle. Dans leurs assises privées ou à travers leurs contacts, ils disposent donc leurs pions. À ce stade préliminaire, les échanges portent surtout sur la perspective d’une reconduction. Car si elle devait prendre quelque consistance, elle rendrait presque inutiles les candidatures normales.
Le renouvellement du mandat présidentiel ne dépend en pratique que des circonstances régionales. Sur le plan des principes républicains, il paraît inadmissible d’exposer la Constitution, fondement de la stabilité institutionnelle, à des retouches à chaque fin de régime. C’est ce que souligne le patriarche Sfeir en relevant que la Constitution n’est pas une loi ordinaire pour qu’on la modifie pour un oui ou pour un non. Les « reconductionnistes » s’efforcent dès lors de trouver une astuce. Pour que l’amendement de l’article 49 soit présenté comme nécessaire en regard de l’intérêt supérieur de la nation. Et non pas destiné à servir des personnes, un camp déterminés.
D’autant que le principal intéressé, le président Lahoud, laisse entendre qu’il n’est pas disposé à suggérer l’amendement pour lui-même. Et que la majorité ministérielle ou parlementaire est loin d’être assurée. Sans compter que les États-Unis, la France et d’autres États estiment ouvertement que le jeu doit se dérouler au Liban suivant les règles démocratiques de l’alternance. À ce stade, la Syrie elle-même laisse entendre qu’elle ne souhaite pas assumer la responsabilité d’une déviation de ces règles, par des pressions sur les autorités exécutives ou législatives de ce pays. Damas, tout comme Washington du reste, a l’air de ne pas vouloir peser directement, cette fois, ni sur le plan constitutionnel ni sur le choix d’un président qui doit être laissé aux Libanais. Cela étant, des sources proches de l’Administration américaine, tout en reconnaissant qu’en pratique le rôle de grand électeur dévolu à la Syrie ne doit pas être contesté, précisent qu’il ne peut y avoir d’immixtion extérieure visant à imposer une modification de la Constitution libanaise. Cette position signifie assez clairement que les USA sont eux-mêmes opposés à l’amendement constitutionnel. Donc à la prorogation du bail du locataire de Baabda, que cela soit aujourd’hui pour le président Lahoud ou plus tard pour un autre président. Sur un plan conjoncturel, ces sources indiquent qu’aux yeux de Washington, aucun des candidats potentiels n’est considéré comme un élément hostile.
Ces considérations n’empêchent pas les « reconductionnistes » de continuer à espérer. Certains d’entre eux proposent que l’on retouche l’article 49 de manière à préciser que le mandat présidentiel, fixé désormais à quatre ou cinq ans, est renouvelable une fois.
Mais le camp d’en face objecte par les arguments suivants :
– Une fois que l’on accepte de modifier l’article 49, il faut également autoriser les fonctionnaires de la première catégorie à se porter candidats. Ce qui fausse le jeu démocratique puisqu’il y aurait usage d’influence de poste.
– Conformément aux principes juridiques, le changement d’une loi ne peut avoir d’effet rétroactif. Cela veut dire que la délimitation de la durée du mandat et l’accès au renouvellement ne peuvent pas s’appliquer au tenant du régime présent.
– Seule l’adoption du suffrage universel peut inverser la règle mentionnée. Si l’on estime que six ans cela n’est pas suffisant, on peut toujours se rabattre sur le septennat. Mais le renouvellement est redoutable. Parce que tout régime serait tenté d’exploiter son potentiel de pouvoir, en abusant, pour décrocher la timbale.

Émile KHOURY
Sur instructions supérieures, le débat médiatique reste interdit. Mais nul ne peut empêcher les professionnels de la politique de se passionner, ou de se préoccuper, d’une échéance aussi cruciale pour eux que la présidentielle. Dans leurs assises privées ou à travers leurs contacts, ils disposent donc leurs pions. À ce stade préliminaire, les échanges portent surtout sur...