Dossier régional Le pouvoir se mobilise pour contrer la proposition européenne d’implantation des Palestiniens

Les milieux proches du palais Bustros se déclarent surpris par la concomitance des deux propositions américaine et européenne concernant l’implantation des réfugiés palestiniens dans les pays d’accueil. L’un des membres de la Chambre de représentants américaine, Mme Ileana Ros-Lehtinen, a récemment présenté une proposition de résolution en ce sens. Deux députés du Parlement européen, Emilio Menéndez del Valle et Jannis Sakeilariou, ont également présenté, au nom du groupe PSE, une proposition de résolution portant sur la même question, dans le cadre d’un rapport ayant pour thème « paix et dignité au Proche-Orient ».
Voici le texte soumis par les deux députés européens : « (le Parlement) se félicite de l’effort réalisé par les divers pays de la région dans leur soutien aux réfugiés palestiniens et demande à cet égard l’appui de la Ligue arabe et de l’ensemble des États arabes concernés afin qu’une solution consensuelle soit trouvée à cette question délicate qui concerne toute la région ; invite les États concernés à exploiter leurs possibilités pour que soit reconnue l’acquisition de la nationalité par résidence dans les pays où ils ont trouvé refuge pour les réfugiés qui le souhaitent, y compris dans les cas fréquents de transmission de la nationalité par voie paternelle ; demande aux autorités des pays concernés de mettre fin à toutes les discriminations touchant les réfugiés palestiniens, ce qui facilitera leur intégration. »
Les milieux officiels soulignent la nécessité de tout mettre en œuvre afin de faire face à ce projet de résolution. Les sources proches du palais Bustros minimisent toutefois la portée de cette proposition, qui n’en est encore qu’au stade de projet, soulignent ces mêmes sources, et qui, en tout état de cause, concerne uniquement le Parlement européen et non pas l’Union européenne (donc les États qui la composent). Les sources diplomatiques libanaises susmentionnées précisent, en outre, que cette résolution, même si elle est adoptée, n’a aucun effet exécutoire, sans compter que les pays membres de l’Union européenne ont officiellement appuyé l’initiative arabe de paix (lancée lors du sommet de Beyrouth) qui rejette explicitement tout projet d’implantation.
Il reste que le pouvoir paraît déterminé à lancer une offensive politico-diplomatique afin de contrer cette proposition de résolution. L’ambassade du Liban à Bruxelles pourrait être chargée d’entreprendre une telle action afin d’expliquer aux groupes parlementaires européens la position du Liban sur ce plan. La présidence de la Chambre pourrait, par ailleurs, adresser un message à la présidence du Parlement européen afin d’exposer le point de vue du gouvernement libanais.