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CORRESPONDANCE - Centenaire de l’envol des frères Wright Célébration chorégraphique avec la troupe d’Élisabeth Streb (PHOTOS)

WASHINGTON-Irène MOSALLI
Le ballet, des silhouettes qui effleurent le sol et semblent toujours en train de prendre leur envol.
Pas suffisant pour Élisabeth Streb, qui fait fi des planches traditionnelles et qui projette ses danseurs dans l’air. Les faisant évoluer davantage dans le ciel que sur terre. C’est donc cette troupe qui a été choisie pour célébrer le centenaire des frères Wright, Orville et Wilbur (à l’origine deux marchands de vélo, de Dayton, dans l’Ohio), qui, le 17 décembre 1903, avaient effectué à tour de rôle quatre vols au-dessus d’une plage de la Caroline du Nord. L’appareil qu’ils avaient mis au point s’était élevé à quelques mètres au-dessus des dunes et avait atteint la vitesse de 48 km/h. Cet exploit est considéré comme une étape capitale dans l’histoire de l’aviation. C’est le premier vol véritable d’un engin plus lourd que l’air. Le biplan pesait 274 kilos et était muni de deux ailes parallèles de douze mètres.
Le spectacle commémorant cet événement et donc signé Élisabeth Streb vient de se dérouler dans un théâtre en plein air de la banlieue de Washington, Wolf Trap. Il repose sur le mélange des genres (danse, technique acrobatique et images filmées) et des lieux (un décor superposant les multiples transformations de l’espace scénique et les jeux des images d’un écran géant).

À la manière de
Merce Cunningham
Caractéristique des danseurs et des danseuses de la troupe d’Élisabeth Streb, leur morphologie musclée et une formation acrobatique qui, en pleine action, les rend aériens. Pour s’élancer dans les hauteurs et défier les lois de la pesanteur, on ne peut avoir initialement des corps éthérés de sylphides. Sinon, comme Icare, on se brûlerait les ailes.
Cette évocation chorégraphique du premier vol de l’homme dans l’espace se présentait en deux parties : L’Au-delà bleu sauvage et Sur les ailes du rêve. L’attrait de l’espace est exalté par une spectaculaire performance des interprètes qu’on voit s’élever dans l’air, en duo ou en groupe, à partir de trempolines, de leviers, de cordes tendues et autres accessoires. Viennent se superposer à ces évolutions aériennes, en direct, des images filmées des danseurs et aussi des interviews avec des pilotes civils et militaires qui ont survolé le siècle. Toute une dynamique de mouvements ascensionnels qui grise et coupe le souffle.
Il ne faut pas chercher de musique d’accompagnement chez Élisabeth Streb. Pour elle, c’est là un élément tyrannique et astreignant. Alors, elle crée la sienne propre, qui est une amplification des sons produits par le mouvement : du point de départ au point de chute. Ainsi, elle fait placer des micros là où s’élancent et là où atterrissent les danseurs. Et leurs déclenchements respectifs, élaborés à l’avance, produisent un fond sonore qui ponctue et dramatise l’esthétique du mouvement pur. Une esthétique postmoderniste qui prend ses racines notamment chez Merce Cunningham.
Et si elle appelle ses interprètes les « commandos », c’est parce qu’ils suivent un entraînement intensif et polyvalent. Un programme pesant pour les rendre encore plus aériens.
WASHINGTON-Irène MOSALLILe ballet, des silhouettes qui effleurent le sol et semblent toujours en train de prendre leur envol. Pas suffisant pour Élisabeth Streb, qui fait fi des planches traditionnelles et qui projette ses danseurs dans l’air. Les faisant évoluer davantage dans le ciel que sur terre. C’est donc cette troupe qui a été choisie pour célébrer le centenaire des frères...