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CORRESPONDANCE - Les Russes mis en scène aux USA Lénine amoureux et Boulgakov grand-guignolesque(photo)

WASHINGTON-Irène MOSALLI

«Out » la fringale de KGB, de goulags et autres apparatchiks. Après la chute du Mur et du Rideau de fer, on adoucit aux USA les mœurs de Staline, Lénine et les autres.
Actuellement sur les planches d’un théâtre de Washington, le Warehouse, on joue L’Amour en exil. Il s’agit de la passion extraconjugale qu’a vécue l’architecte de la Révolution russe, Vladimir Ilitch Lénine, avec la passionaria Inessa Armand. Lénine était marié à Nadia Krupskaya. Le triangle s’était formé à Paris où Lénine vivait en exil avant la Première Guerre mondiale. Cette pièce a été écrite par un américain, Robert Kapler, fils d’émigrés de l’Europe centrale.
« L’histoire, explique-t-il, nous dit que Nadia Krupskaya était si dévouée à son époux qu’elle a toléré sans difficulté sa liaison, allant même jusqu’à lui proposer le divorce pour le libérer entièrement. Car elle était une féministe de la première heure, comme beaucoup de socialistes à l’époque. Pour ma part, je n’étais pas prêt à prendre à la lettre ce comportement poussé à l’extrême et quasiment irréaliste.»

Élan du cœur
et désir de pouvoir
Dans sa pièce donc, il fait de Nadia une personne jalouse, car qui ne le serait dans une situation pareille et d’autant qu’il voulait créer davantage un climat dramatique et non filer un documentaire. Il y avait dans la réalité matière à une telle tension dans le caractère et le tempérament d’Inessa Armand, la maîtresse. Esprit libre, jeune, belle et fortunée, celle-ci était encore plus féministe et plus militante que Nadia. Née en France en 1874, elle avait été confiée, à la mort de ses parents, à une tante qui l’avait élevée à Moscou. Là, elle s’était ralliée au Parti travailliste social-démocrate. Ce qui lui a valu d’être exilée en Sibérie pendant deux ans.
Une fois libérée, elle était allée s’installer à Paris où elle a connu Lénine et d’autres bolchéviques en exil. Entre-temps, elle avait épousé un riche industriel russe, qu’elle avait délaissé, le trouvant peu révolutionnaire. N’empêche que ce bourgeois a toujours continué à la sustenter matériellement, subvenant à ses besoins personnels et même idéologiques.
Dans la pièce de Robert Kapler, MmeVladimir Ilitch Lénine finira, contrairement à ce que dit l’histoire, à ne plus supporter de bon cœur ce ménage à trois. Un prétexte pour Kapler de mettre en parallèle les dissensions du triangle amoureux avec la lutte politique de Lénine pour le pouvoir. Élan du cœur et désir de suprématie.
Sur d’autres planches, on revisite une œuvre de Boulgakov, Le Maître et Marguerite, que son auteur avait cachée en 1930 de peur des représailles de Staline et de ses partisans. Sa création en 1967 avait fait sensation en Union soviétique.
Son sujet : l’artiste condamné au compromis avec le pouvoir politique. Sa version américaine met l’accent sur le surréalisme de la satire et son côté grand-guignolesque pour dire la répression de la liberté d’expression. Chaque acteur endosse différents caractères. Des tréteaux surgissant de partout, une satire amère et un humour tonitruant, se mêlant à une spiritualité toute russe, dynamisent la mise en scène. La romance passe aussi par là avec un écrivain fou d’amour. Ici aussi le cœur a ses raisons…
WASHINGTON-Irène MOSALLI«Out » la fringale de KGB, de goulags et autres apparatchiks. Après la chute du Mur et du Rideau de fer, on adoucit aux USA les mœurs de Staline, Lénine et les autres.Actuellement sur les planches d’un théâtre de Washington, le Warehouse, on joue L’Amour en exil. Il s’agit de la passion extraconjugale qu’a vécue l’architecte de la Révolution russe,...