Courrier Un iguane en pays idoine

Le Liban serait-il aussi le carrefour des reptiles et des sauriens ?
C’est du moins la question que les habitants de la plaisante localité de Rabieh se posent depuis un certain temps… depuis que cet été, au nombre des visiteurs étrangers, est venue s’ajouter une bête étrange et mal identifiée : un lézard géant !
Le monstre qui hante nos forêts et nos esprits semble même se complaire dans notre pays. Et qu’il soit du Komodo, du Nil ou d’Amazonie, il apparaît de plus en plus évident que l’environnement dans lequel il évolue a favorisé sa croissance et assuré sa survie.
En conclurait-on que l’insalubrité de nos sites s’avère idéale aux espèces rares et terrifiantes que la nature a confinées à certains points précis du globe ? Serait-on en droit d’imaginer qu’en détectant l’extrême pollution qui sévit sur nos rivages, nos rivières, nos villes, et nos montagnes, tous les monstres de la planète s’y donneraient un jour rendez-vous ?
Car où trouveraient-ils ailleurs une telle pléthore de déchets entassés dans des dépotoirs, une telle abondance d’ordures balancées en mer, un tel volume d’émanations polluantes se dégageant de combustibles mal réglementés ?
Où trouveraient-ils ailleurs des villes et des maisons aussi sombres, la nuit, faute de courant, afin de donner libre cours à leurs énormes appétits de prédateurs et de charognards ?
Il faut donc croire que ces descendants directs des dinosaures, qui vont jusqu’à se délecter de poulets sciemment empoisonnés, ont certes découvert, dans ces conditions, le territoire idyllique !
Mais soyez-en certains, le premier d’entre eux qu’on capturerait trouverait sans doute étrange d’avoir été si impitoyablement pourchassé par les habitants d’un pays qui laisse mourir ses cèdres…

Lutfallah MANASSEH