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Près de 23 000 réfugiés palestiniens vivent dans l’angoisse de perdre la nationalité libanaise

De nombreux Palestiniens établis au Liban ne cachent pas leur inquiétude de faire les frais de la décision prise le 7 mai par le Conseil d’État de remettre en question certaines des naturalisations octroyées par décret il y a près de neuf ans, en 1994, sous le mandat du président Élias Hraoui, à l’initiative de M. Rafic Hariri, alors Premier ministre. Le Conseil d’État a chargé le ministère de l’Intérieur de revoir tous les dossiers de naturalisations et de retirer la nationalité à tous ceux qui l’auraient obtenue d’une manière illégale. Cette mesure concernerait plus particulièrement près de 23 000 Palestiniens ayant obtenu la nationalité libanaise en 1994 en violation de la Constitution et de l’accord de Taëf.
L’un des Palestiniens qui risque d’être touché par la révision du décret de 1994, Mohammed Freiji, exprime ouvertement son inquiétude sur ce plan. « J’effectue mon service militaire depuis quatre mois et je suis prêt à défendre ma patrie, le Liban, mais l’annulation des naturalisations de réfugiés palestiniens va ruiner mon avenir », a-t-il souligné à un journaliste de l’AFP. Mohammed est le fils aîné de Hussein Freiji, 45 ans, commerçant dans le camp de Aïn el-Héloué et père de sept enfants. Hussein Freiji est originaire de l’un des « sept villages » chiites du Liban-Sud, qui se trouvent entourés par 14 autres hameaux ou fermes habités par des sunnites, des bédouins sédentarisés, considérés eux comme des Palestiniens « de pure souche » et non des Libanais. Ce sont ces derniers qui seront plus particulièrement visés, a averti le ministre de l’Intérieur, Élias Murr.
Les « sept villages » ont été rattachés en 1920 à la Palestine sous mandat britannique et non au Liban sous mandat français, puis incorporés en 1948 à Israël lors de sa création. En fuyant vers le Liban, ses habitants ont pris des cartes de l’Unrwa pour bénéficier de ses prestations sociales et étaient depuis considérés comme palestiniens.
« Après être devenu libanais, ma vie a changé, affirme Hussein Freiji, qui est musulman sunnite. J’existe, je suis employé dans le privé, j’ai une maison à mon nom, j’ai acheté un lopin de terre. » « Mes frères ont aussi été naturalisés. Quand j’ai entendu la décision à la radio, j’ai senti tous mes espoirs s’effondrer. Si on me retire la nationalité, qu’en sera-t-il de ma maison, de mon emploi, de mes enfants ? » se lamente-t-il.
Son voisin Abou Mohammed, 65 ans, vit dans la même crainte. « Si je perds ma nationalité, je ne serais plus couvert par la Sécurité sociale à l’hôpital gouvernemental », explique-t-il avec inquiétude.
À Tyr, Hussein Aouad, garagiste, affirme que « près de 2 000 jeunes palestiniens ont effectué leur service militaire au sein de l’armée libanaise après avoir obtenu la nationalité ». La plupart des quelque 8 000 Palestiniens naturalisés de la région de Tyr vivent dans le camp de Bourj Chémali. Le moukhtar du camp, Kamal Hassan Dib, 65 ans, naturalisé, estime que si « certains ont obtenu la nationalité en payant, il faut revoir (leur statut), mais nous, nous étions détenteurs de cartes d’identité libanaise portant la mention “Grand Liban”. L’un de ses administrés, Saïd Mohammed, 48 ans, affirme que les formalités en vue de sa naturalisation lui ont coûté 1 000 dollars. J’ai présenté une demande et je l’ai obtenue de manière réglementaire », souligne-t-il. « Mon frère Hussein, n’ayant pu payer, est toujours palestinien », dit-il.
De nombreux Palestiniens établis au Liban ne cachent pas leur inquiétude de faire les frais de la décision prise le 7 mai par le Conseil d’État de remettre en question certaines des naturalisations octroyées par décret il y a près de neuf ans, en 1994, sous le mandat du président Élias Hraoui, à l’initiative de M. Rafic Hariri, alors Premier ministre. Le Conseil d’État...