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Sécurité routière - Murr ordonne une nouvelle règlementation pour la circulation des motos et invite les FSI à davantage de vigilance L’État s’est-il enfin décidé à agir pour que cesse l’hécatombe ?

La multiplication, ces derniers temps, des accidents meurtriers de la circulation et de toutes sortes de violences routières a-t-elle décidé enfin les pouvoirs publics à agir ? La campagne menée dans la presse – notamment par L’Orient-Le Jour – pour amener l’État à assumer ses responsabilités dans ce domaine a-t-elle commencé à porter ses fruits ? Il est peut-être trop tôt pour l’affirmer. Dans un courrier adressé à notre journal, le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, a reproché hier à L’Orient-Le Jour d’avoir été « injuste » à son égard en accusant son ministère de ne pas soucier de la sécurité routière (notre numéro du lundi 10 mars). M. Murr n’en a pas moins jugé utile de prendre, le même jour, une série de mesures destinées à lutter contre la vitesse excessive et l’indiscipline chronique sur les routes, ordonnant en particulier une nouvelle règlementation pour la circulation des motos. Dans sa lettre, M. Murr énumère les innombrables dispositions que son ministère avait adoptées depuis sa prise en charge de ce portefeuille : port obligatoire de la ceinture de sécurité, règlementation du trafic des poids lourds, de la circulation dans les parages des établissements scolaires, installation de panneaux routiers, campagne publicitaire multiforme, etc. Il souligne qu’il s’agissait de « la plus grande campagne de lutte contre les accidents de la route jamais conduite dans l’histoire du Liban ». Depuis le 1er janvier 2001, indique le ministre, à côté de mesures préventives prises sur le terrain, 74 394 véhicules ont été « saisis » pour non-respect de la loi. Dans la même période, 480 212 procès-verbaux ont été dressés. M. Murr affirme que cette multiplication des interventions de la part des autorités a conduit à réduire la mortalité routière au Liban, de sorte qu’aujourd’hui le Liban est, selon lui, « comparable aux pays développés pour ce qui est de la sécurité sur les routes ». Enfin, le ministre de l’Intérieur indique que ses services ont adjugé à une firme internationale un projet de construction de quatre centres de contrôle mécanique répartis sur le territoire et que ces centres devront être opérationnels en mai prochain. Littérature publicitaire On conviendra avec M. Murr que depuis son arrivée au ministère, la littérature publicitaire autour de la prévention routière a augmenté de façon considérable : la télévision, la presse écrite, les panneaux sur les routes et même les téléphones portables sont quasi quotidiennement inondés de messages invitant l’automobiliste – et le motard – à respecter le code de la route. Mais quoi qu’on en dise, il est absolument clair que les effets de cette politique tardent à se faire ressentir. Pas un jour ne passe sans que la « rubrique accidents de la route » de l’Agence nationale d’information (Ani, officielle) n’apporte des bilans noirs. Le week-end dernier, par exemple, et en se basant sur les chiffres officiels, 15 personnes ont été tuées et 41 blessées dans l’ensemble du pays. On se croirait en temps de guerre. Bien entendu, tout le monde a entendu parler de l’accident de Qalamoun, provoqué par le camion syrien qui roulait à tombeau ouvert. Lorsque dix personnes trouvent la mort et quinze autres sont blessées dans un seul incident, il est naturel que l’information – suffisamment spectaculaire – soit à la une de l’actualité. En revanche, les cinq autres tués et les 26 autres blessés du week-end sont passés inaperçus. Et puis, il n’y a pas que les accidents de la route, mortels ou pas. Il y a aussi le fait qu’une véritable délinquance à deux-roues s’est développée depuis quelques années dans le pays, favorisée par un évident laxisme de la part des autorités. Bien sûr, on ne peut imputer à M. Murr, pas plus qu’à ses prédécesseurs, la responsabilité de l’incivisme viscéral de la grande majorité des automobilistes et des motards libanais. Mais dans un pays où le feu rouge est la plupart du temps facultatif, où les sens interdits sont systématiquement ignorés, y compris par des représentants de l’autorité, où l’on se fait copieusement insulter parce qu’on a osé regarder un motard indiscipliné en face, ce n’est pas uniquement de publicité préventive qu’on a besoin, mais d’une véritable politique répressive. L’égalité devant la loi Les voitures saisies, les contraventions dont parle M. Murr, c’est très bien. Mais qu’il nous dise combien de permis de conduire ont été retirés depuis son arrivée au ministère de l’Intérieur. A-t-on jamais vu au Liban un agent de la circulation arrêter un automobiliste pour excès de vitesse ou pour « conduite agressive » ? De toute façon, une vraie politique de répression suppose avant tout l’égalité de tous devant la loi. Mais la loi est-elle vraiment égalitaire ? Parmi les mesures arrêtées hier, M. Murr a notamment invité les agents à vérifier la stricte application du port obligatoire de la ceinture de sécurité et à sanctionner les contrevenants (la sanction peut aller jusqu’à dix jours de prison et une amende de 100 000 LL). Que le ministre de l’Intérieur nous explique par exemple comment il compte s’y prendre pour contraindre les propriétaires de véhicules à vitres teintées – et ils sont de plus en plus nombreux – à appliquer cette directive. Autre disposition d’importance : la circulation des motos, véritable fléau urbain. En vertu de la nouvelle règlementation, qui doit entrer en vigueur à partir du 5 avril prochain, outre les machines relevant du personnel de sécurité et de l’administration, dispensées de permis, l’acquisition de deux-roues à moteur sera désormais soumise à l’obtention d’un permis accompagné notamment d’un engagement écrit du propriétaire à respecter le code de la route, ne pas grimper sur les trottoirs, ne pas circuler sur une seule roue, ne pas gêner autrui, etc. Les motos appartenant à des médias, des sociétés de distribution, des restaurants et autres institutions touristiques pourront circuler vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Les autres ne pourront le faire qu’entre 6h00 et 19h00. La question qui se pose est de savoir si ces dispositions seront suffisantes pour en finir avec le rodéo quotidien auquel nos villes sont soumises.
La multiplication, ces derniers temps, des accidents meurtriers de la circulation et de toutes sortes de violences routières a-t-elle décidé enfin les pouvoirs publics à agir ? La campagne menée dans la presse – notamment par L’Orient-Le Jour – pour amener l’État à assumer ses responsabilités dans ce domaine a-t-elle commencé à porter ses fruits ? Il est peut-être...