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ingouchie Rosa, réfugiée tchétchène, et ses sept enfants survivent depuis trois ans dans une étable

Lorsqu’ils ont quitté leur Tchétchénie natale en 1999, fuyant la guerre, Rosa et ses sept enfants ne pouvaient imaginer même dans leur pire cauchemar qu’en Ingouchie voisine ils trouveraient refuge dans une étable à vaches. Des sacs plastiques bouchant les trous des fenêtres, des murs en briques vétustes recouverts de carton, un plancher de béton, des planches de bois servant de lits, c’est la maison de Rosa depuis plus de trois ans. Les pannes d’électricité y sont fréquentes. Le poêle à gaz, unique source de chaleur, alors qu’en hiver les températures peuvent descendre jusqu’à moins 15 degrés Celsius, fonctionne sans arrêt. « Nous vivons comme dans un camp de concentration. Parfois, j’ai peur de m’endormir à cause des rats », dit cette femme de 48 ans au visage fatigué et qui paraît bien plus âgée. Une dizaine de familles vivent dans cette étable divisée en petites sections d’une vingtaine de mètres chacune. Les sept enfants de Rosa, âgés de 14 à 29 ans, dorment dans la même pièce que leur mère. La quantité de nourriture qui leur est distribuée par le ministère russe des Situations d’urgence -farine, sel, sucre, pâtes, riz, conserves, huile et thé- n’est pas toujours suffisante. « Parfois, à la fin du mois, nous sommes obligés de nous contenter d’un peu de pain et de thé. Ce mois-ci, nous avons reçu 20 kilos de nourriture par personne au lieu des 31 kilos promis », raconte Rosa. Cette aide, ainsi que celle offerte par des organisations humanitaires, est souvent détournée pour être vendue sur les marchés locaux, assurent Rosa et ses voisins, qui affirment également manquer de médicaments. Les allocations versées aux enfants de réfugiés âgés de moins de 18 ans sont de 70 roubles (2 dollars) par mois et sont distribuées en Tchétchénie. « Pour ceux qui ont un ou deux enfants, cela ne vaut même pas le coup d’y aller car il faut payer 150 roubles (5 dollars) pour un aller-retour en Tchétchénie » explique Rosa. Quelque 27 000 réfugiés tchétchènes vivent actuellement dans des « habitations improvisées » en Ingouchie – étables, entrepôts ou usines désaffectées –, a indiqué le Comité danois aux réfugiés à Nazran (Ingouchie). « Ces refuges ne sont jamais visités par les délégations européennes et les journalistes, mais c’est là que les conditions de vie sont les plus difficiles », affirme Akhmet Barakhoïev, un responsable de l’organisation russe de défense des droits de l’homme Memorial à Nazran. « Les réfugiés y souffrent souvent des pénuries de gaz et d’électricité. Leurs noms sont souvent rayés des listes de personnes ayant droit à une aide humanitaire. C’est un moyen de pression pour les obliger à revenir en Tchétchénie », estime-t-il. Malgré ces conditions de vie catastrophiques, Rosa imagine mal retourner vivre dans une Tchétchénie dévastée par deux guerres successives. Sa maison dans le village de Samachki (Ouest), où elle travaillait comme serveuse dans un café avant le deuxième conflit déclenché en octobre 1999, a été détruite par les bombardements. Mais surtout Rosa a peur pour ses trois fils âgés de 23, 27 et 29 ans. « Les soldats russes ne s’en prennent pas qu’aux combattants, mais aussi aux civils. Il y a trois jours, ils ont à nouveau arrêté six jeunes hommes dans mon village », affirme Rosa.
Lorsqu’ils ont quitté leur Tchétchénie natale en 1999, fuyant la guerre, Rosa et ses sept enfants ne pouvaient imaginer même dans leur pire cauchemar qu’en Ingouchie voisine ils trouveraient refuge dans une étable à vaches. Des sacs plastiques bouchant les trous des fenêtres, des murs en briques vétustes recouverts de carton, un plancher de béton, des planches de bois...