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Actualités - CHRONOLOGIE

Etas-Unis - Les minorités pensent que le simple fait de conduire sans être blanc suffit pour être arrêté Accusés de racisme, les policiers US sous haute surveillance

Des ordinateurs portables pour contrôler les policiers dans le New Jersey (Est), des fiches à remplir après chaque interpellation à San Diego (Ouest) : les policiers américains, souvent accusés de racisme, sont désormais sous surveillance de leur hiérarchie. «Les individus ont tendance à se conformer à ce que l’on attend d’eux s’ils sont placés sous surveillance», a expliqué récemment le chef de la police du New Jersey, Carson Dunban, lors d’une réunion avec des policiers, juristes et universitaires. Il voulait justifier la décision d’avoir placé dans les voitures de police de l’État des ordinateurs portables, des caméras et des micros. Ces dispositions font suite à un accord passé en décembre 1999 entre le département américain de la Justice et la police du New Jersey : afin d’éviter des poursuites pour discrimination raciale lors de ses interventions, la police s’était engagée alors à renforcer le contrôle de ses employés. À San Diego en Californie, des mesures ont également été prises, sans avoir recours à l’électronique: les patrouilles de police doivent remplir des fiches détaillées pour chaque voiture arrêtée. La surveillance porte avant tout sur l’interpellation des conducteurs. La conviction que le simple fait de conduire sans être blanc suffit pour être arrêté est largement répandue dans l’opinion publique, en particulier auprès des minorités. Le vice-président d’un groupe de pression pour le respect des droits civiques (Rainbow/PUSH coalition), le révérend James Meeks, un homme noir, se fait l’écho de la méfiance des minorités à l’égard de la police. Il cite ainsi l’exemple de sa mère, «une femme âgée de 70 ans qui a peur de s’arrêter (quand les policiers lui demandent de ranger son véhicule) parce qu’elle craint d’être battue par la police». «Nous, représentants de la loi et forces de police, nous avons perdu le bénéfice du doute», reconnaît Carson Dunbar, en assurant que de nombreux policiers se sentent «diffamés» par des accusations répétées de racisme. Des études réalisées par la police du Maryland, du New Jersey et de New York sont pourtant accablantes. Selon leurs conclusions, les Noirs et les Hispaniques ont en moyenne six fois plus de chances d’être interpellés en voiture. Le nombre de policiers qui arrêteront plus volontiers un homme de couleur qu’un Blanc est en fait le cœur du problème, selon un professeur de la Northeastern University de Boston (Massachusetts), Jack McDevitt, qui a conseillé le département américain de la Justice à ce sujet. «Il ne s’agit pas de chaque policier, mais nous n’avons aucun moyen de savoir s’il s’agit de 50 %, de 80 % ou d’une autre proportion des effectifs», a-t-il précisé. Les nouveaux moyens de contrôle ont donc pour objectif de fournir des informations à ce sujet, selon Carson Dunbar. Malgré sa réticence à reconnaître l’existence de pratiques racistes chez les policiers, il a reconnu que seuls les chiffres obtenus éclairciraient la situation. La discrimination raciale dans l’interpellation des conducteurs est un sujet très délicat aux États-Unis. L’acquittement en avril 1992 de quatre policiers qui avaient été filmés en train de passer à tabac un conducteur noir, Rodney King, avait ainsi provoqué trois jours d’émeutes à Los Angeles en Californie.
Des ordinateurs portables pour contrôler les policiers dans le New Jersey (Est), des fiches à remplir après chaque interpellation à San Diego (Ouest) : les policiers américains, souvent accusés de racisme, sont désormais sous surveillance de leur hiérarchie. «Les individus ont tendance à se conformer à ce que l’on attend d’eux s’ils sont placés sous surveillance», a...