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Actualités - REPORTAGES

Correspondance "Les fontaines de lumière" fascinent les experts La précieuse collection d'objets islamiques de Nouhad es-Saïd à la Sackler Gallery (photos)

Le Liban n’aurait pu rêver actuellement meilleur représentant à l’étranger et plus précisément à Washington : la collection d’objets islamiques en bronze et cuivre incrustés d’or et d’argent de Nouhad es-Saïd que la Sackler Gallery présente avec grande fierté. Car il s’agit là selon les spécialistes de ce prestigieux musée (consacré à l’art de l’Asie) d’une collection unique au monde et qui sera d’un grand apport pour ses chercheurs autant que pour le public. D’où son titre «Les fontaines de lumière». Les pièces que l’on peut admirer ont été exécutées entre le Xe et le XIXe siècle, époque où l’on avait voulu que l’art de travailler ainsi le métal puisse rivaliser avec l’orfèvrerie. Le vernissage de cette exposition, qui a eu lieu il y a quelques jours, et qui avait réuni le gotha des arts, s’est déroulé en présence de la famille au grand complet du collectionneur éclairé qu’était Nouhad es-Saïd : à savoir son épouse Salma et ses cinq enfants et petits- enfants. L’événement était de taille. Et la Sackler Gallery qui y attache une très grande importance avait travaillé pendant deux ans à sa préparation. «Nous n’avions pas eu auparavant entre les mains de tels objets d’art qui jettent la pleine lumière sur un art raffiné entre tous, explique Massumeh Farhad, conservateur et responsable de l’exposition. Chacune des pièces est unique et représente ce qui s’est fait de plus beau dans le genre». Cette manière de faire avait vu le jour dans ce qui est actuellement l’Iran, l’Afghanistan et l’Ouzbékistan et s’était répandue plus tard en Syrie, en Égypte, en Irak et en Turquie. Rappelons que l’homme d’affaires libanais Nouhad es-Saïd (décédé en 1982, à l’âge de 45 ans) avait un œil sélectif inné, alors que lui se définissait comme collectionneur opérant à coups de cœur. Dans le très beau catalogue qui lui est consacré, on retrouve sa façon de s’exprimer à ce sujet : «On dit qu’il est nécessaire d’avoir un grand savoir pour pouvoir apprécier le talent de ces anciens artistes du métal. Cela n’a pas été mon cas. J’avais certes une curiosité académiqu, mais quand j’ai vu pour la première fois un chandelier en bronze incrusté d’argent, cela a été le coup de foudre». Magistral tissage des métaux Un coup de foudre qui a perduré et qui l’a amené à rassembler, en deux ans et demi, ces magnifiques objets dont la beauté est mise en valeur par la remarquable disposition réalisée par la Sackler Gallery. On a donné à chaque spécimen l’espace, l’angle et l’éclairage qui lui convenaient. Plusieurs ont été placés sur des miroirs pour que ne se perde pas la vision de leur face cachée qui est aussi élaborée que les parties visibles. Et, en contrepoint, ici et là, des agrandissements de peintures et de miniatures donnant à voir l’utilisation de ces objets à l’époque de leur création. À l’entrée, on est accueilli par un luxueux encensoir réalisé à l’intention du souverain mamelouk Nasseredidne Mohammad qui, au XIVe siècle, a régné en Égypte et en Syrie. Plus loin une aiguière du XIIIe siècle, propriété d’Abdel Assem Mahmoud Ibn Sanjar Shah qui a gouverné la Mésopotamie en 1208. Il y a aussi les spectaculaires clés de la Kaaba, incrustées d’argent et commandées par les Mamelouks, comme symbole de leur rôle de défenseurs des Lieux saints de l’Islam. Les magnifiques chandeliers proviennent de l’Anatolie du XIIIe siècle et les plumiers du XIV siècle syrien sont un exemple du désir de magnifier les objets communs. C’est là toute l’histoire de mécènes et d’artistes qui sont les témoins d’un mode de vie qui se voulait le summum de l’esthétisme, du raffinement et de la créativité, à travers ses rituels et son quotidien. Ils ont magistralement tissé le bronze, le cuivre, l’or et l’argent, donnant le jour à un mode d’expression, indissociable de l’histoire de l’art. L’un des critiques du Washington Post, Paul Richard, qui signe un compte-rendu élogieux de l’exposition, écrit, notamment : «Dans la mythologie arabe, les djinns surgissent des bouteilles. À l’exception d’Aladin qui, lui, sortait avec magie de sa lampe pour exaucer des vœux. A travers “Les fontaines de lumière”, Washington découvre un autre enchantement, celui puisé à la source de la grande tradition islamique des métaux incrustés».
Le Liban n’aurait pu rêver actuellement meilleur représentant à l’étranger et plus précisément à Washington : la collection d’objets islamiques en bronze et cuivre incrustés d’or et d’argent de Nouhad es-Saïd que la Sackler Gallery présente avec grande fierté. Car il s’agit là selon les spécialistes de ce prestigieux musée (consacré à l’art de l’Asie)...