Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Pas d'immixtion syrienne, affirment des indépendants

Selon des sources indépendantes, généralement fiables, l’on ne relève pas dans cette édition 2 000 des olympiades législatives d’immixtion syrienne. Démentant les craintes des uns et les espérances des autres, Damas serait resté strictement à l’écart de la compétition en tant que telle. Et les pôles, opposants ou loyalistes, qui ne cessent d’y défiler se heurtent à la neutralité impassible qu’affichent leurs interlocuteurs syriens de tous niveaux. Qui répètent, à toute question qu’on leur pose sur leurs éventuelles préférences, que les élections sont une affaire strictement libanaise dont ils ne sauraient se mêler. Cependant ces mêmes sources soulignent que la Syrie «appuie les institutions libanaises étatiques», en précisant qu’elle «les encourage à faire montre d’impartialité, tout en reconnaissant aux dirigeants en place le droit de défendre leurs vues, par leurs propres moyens politiques et non par ceux de l’État. La compétition a donc été laissée ouverte et libre, cette année. L’essentiel pour la Syrie est que tous les joueurs restent sous le toit de Taëf». Ce qui est déjà beaucoup demander, estiment les (rares) parties radicales qui jugent ce système inadéquat, sinon illégitime. Une personnalité qui a choisi pour sa part le boycott, admet, après le test de dimanche dernier que «les élections dégagent cette fois-ci un arôme bien libanais. L’on n’a pas décelé de “mot d’ordre” ni de pressions syriennes sensibles en faveur de tel candidat ou pour en barrer tel autre. Les électeurs paraissent dès lors avoir pu s’exprimer librement. Et rejeter, dans la plupart des cas, les “bus”, les “bulldozers” et autres “listes principales” notoirement affiliées au pouvoir». Partant de ce constat, cette personnalité avoue que «la décision de boycott n’était peut-être pas opportune», mais se hâte de préciser que «le Mont-Liban, où les élections ont revêtu un certain sens, reste un cas particulier, sur lequel on ne peut pas juger. Le camp chrétien y a certes retrouvé, grosso modo, sa petite place au soleil. Mais qu’en aurait-il été si les aléas fluctuants de la conjoncture n’avaient pas poussé M. Walid Joumblatt à se rapprocher de l’Est politique» ? «Il ne faut pas se hâter de sauter aux conclusions», conclut cette personnalité. Il faut d’ailleurs rappeler que les partis boycotteurs ont fait montre, en pratique et au Mont-Liban (pas à Bécharré, dont le cas est tout à fait différent) d’un remarquable sens d’adaptation aux circonstances. Ils ont en effet discrètement mobilisé leurs bons amis, pour alourdir dans les urnes le poids des bulletins favorisant l’opposition. On peut dès lors douter que, comme le soutient un participationniste «l’opposition aurait eu bien plus de sièges si certaines formations n’avaient pas décrété le boycott». Pour en revenir à la Syrie, des sources proches du nouvel homme fort tripolitain M. Nagib Mikati affirment que «les leaders locaux doivent prendre la peine d’approfondir leur connaissance de la nouvelle direction syrienne. Celle-ci ne semble pas disposée à cultiver des rapports permettant que l’on se serve de sa protection ou de sa sympathie pour la réalisation de visées purement politiciennes. Le brain trust mis en place à Damas se refuse donc d’intervenir dans les élections comme l’ancienne équipe a pu le faire en 92 puis en 96. Ce nouveau commandement syrien soutient le régime, le président de la République et laisse aux Libanais le soin de traiter le dossier des élections. Sous la direction de M. Bachar el-Assad, Damas ne veut plus traiter qu’avec les institutions légales et le pouvoir libanais en place. Des relations d’État à État marquées par un appui constant au régime du président Lahoud». De son côté, un ministre influent indique que «la Syrie laissant le jeu ouvert, il faudra attendre les résultats de dimanche prochain pour se faire une idée au sujet de la formation du prochain Cabinet. Le bras de fer électoral à Beyrouth entre les présidents Sélim Hoss et Rafic Hariri pourrait être déterminant. Si le président du Conseil actuel réussit à l’emporter dans le troisième district, où il affronte une liste complète soutenue par son rival, il garderait des chances de se succéder à lui-même. Et cela, à cause de ses meilleurs rapports avec Baabda. D’ailleurs, les haririens pronostiquent volontiers dans les salons le maintien de M. Hoss au Sérail». Mais ce n’est peut-être qu’habileté tactique de leur part. Et un autre ministre observe quant à lui que «la formation du Cabinet, c’est autre chose que les élections. Il ne s’agirait plus, en effet d’une question d’intérêt purement local, puisqu’il y a le jumelage et les traités de fraternité. En d’autres termes, Damas y aurait son mot à dire et il est difficile de croire qu’il s’en abstiendrait. D’autant qu’il faudra bien que quelqu’un arbitre un éventuel litige interlibanais qui menacerait de bloquer tout le circuit». Abondant dans ce sens, le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr soutient que la majorité parlementaire constituera un élément nécessaire mas pas suffisant pour la désignation du nouveau Premier ministre. À son avis, la composition du prochain gouvernement doit être le fruit d’un consensus intérieur et extérieur.
Selon des sources indépendantes, généralement fiables, l’on ne relève pas dans cette édition 2 000 des olympiades législatives d’immixtion syrienne. Démentant les craintes des uns et les espérances des autres, Damas serait resté strictement à l’écart de la compétition en tant que telle. Et les pôles, opposants ou loyalistes, qui ne cessent d’y défiler se heurtent...