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Actualités - REPORTAGES

Correspondance Son premier texte traduit en français Gibran tel qu'en lui-même (photo)

C’est une chose connue dans le monde de l’édition qu’on publie un auteur étranger dans son intégralité, si bien que lorsqu’il n’a été découvert, de son vivant, qu’en milieu de carrière, grâce à une œuvre particulièrement marquante, on fait du «rattrapage» en publiant ensuite, parfois sans souci de chronologie, tous ses titres précédents. Le cas peut se présenter pour un auteur disparu, par exemple Khalil Gibran à qui Le Prophète vaut, depuis sa parution en 1933, la gloire internationale que l’on sait. Ce mince volume assure aussi à ses éditeurs une sorte de rente à vie, d’où la multiplication – pour ne pas dire la pléthore – de ses traductions, en français notamment. D’autres textes de Gibran ont paru ici ces dernières années, pour la plupart chez Albin Michel dont la collection Spiritualités vivantes était comme faite sur mesure pour lui. Restait le plus ancien d’entre eux, écrit en arabe et paru en 1908 sous le titre Al-Arwah al-mutamarrida aux éditions al-Mohajer, à New York. Présenté comme un brûlot, son destin était de finir en autodafé dans le Liban bien-pensant et conservateur d’alors. Farouk Mardam-Bey, qui dirige la collection Littératures contemporaines de la Bibliothèque arabe chez Sindbad a choisi de publier, avec l’accord du comité national Gibran, les quatre nouvelles qui composent les esprits rebelles et apparaissent un peu comme les prolégomènes de son œuvre sans être pour autant de première grandeur. On l’y retrouve donc tel qu’en lui-même, viscéralement romantique, écorché vif et un rien métaphysicien. Mais c’est d’abord un cœur pur, presque candide, qui cherche à faire passer un message simple en empruntant le plus souvent le détour de la parabole. Défense de la femme, dénonciation du pharisaïsme d’une «époque faite de mensonge, d’hypocrisie et d’immoralité» sont ses principaux thèmes auxquels s’ajoute une charge véhémente contre l’Église, et c’est évidemment à dessein que son propre prénom figure dans le titre de la dernière et la plus longue des nouvelles, Khalîl l’hérétique. La satire se dilue parfois dans un lyrisme souffreteux, éthéré, qui en émousse le mordant. Ce ton est d’une autre époque, comme l’est aussi l’illustration de couverture qui remonte au début des années 20. Du moins la peinture et la prose de Gibran sont-elles reconnaissables au premier regard, et c’est le genre de compliment dont rêvent tous les artistes et les écrivains.
C’est une chose connue dans le monde de l’édition qu’on publie un auteur étranger dans son intégralité, si bien que lorsqu’il n’a été découvert, de son vivant, qu’en milieu de carrière, grâce à une œuvre particulièrement marquante, on fait du «rattrapage» en publiant ensuite, parfois sans souci de chronologie, tous ses titres précédents. Le cas peut se...