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Actualités - CHRONOLOGIE

Livres 1957 : Un tournant(photo)

De toutes les années tumultueuses au cours du dernier demi-siècle, 1957 est, sans doute, celle qui présente le plus d’intérêt. Une année charnière, une année «tournant», comme le précise le titre du recueil des éditoriaux de René Aggiouri, paru récemment aux Éditions Inter-Arabe, Paris. Pendant vingt ans, de 1950 à 1970, Aggiouri a été le titulaire de la rubrique quotidienne «Les Faits du jour», qui tenait lieu d’éditorial, dans le journal L’Orient. De 1962 à 1970, il a assumé la direction de ce quotidien. Pourquoi avoir retenu 1957 plutôt qu’une autre année, alors que les éditoriaux de Aggiouri couvrent une période de deux décennies riches en événements majeurs et en bouleversements ? Et en quoi cette année-là constitue-t-elle un tournant ? L’éditeur, Georges Farchakh, répond à ces deux questions dans l’avant-propos qu’il donne à l’ouvrage. Il souligne, d’abord, qu’un grand nombre des articles de cette année reste d’une actualité certaine. Il rappelle, d’autre part, que 1957 fut l’année d’une nouvelle loi électorale et d’élections législatives dont la régularité fut contestée par de nombreux dirigeants politiques, notamment les chefs de l’opposition parlementaire et extraparlementaire. Sur le plan intérieur donc, 1957 est marquée par l’avènement d’une nouvelle Assemblée nationale issue d’une campagne électorale dont le thème dominant avait été celui de la possible reconduction, par le nouveau Parlement, du mandat du président de la République, Camille Chamoun. Sur le plan régional, fait remarquer aussi Farchakh, 1957 succédait à l’année de la crise de Suez, qui permit au Raïs égyptien Gamal Abdel-Nasser de transformer une défaite militaire, face à la France, la Grande-Bretagne et Israël, en victoire politique et consacra son leadership politique sur une grande partie du monde arabe. D’un autre côté, elle précédait un autre cataclysme politique régional, la fameuse (et néanmoins éphémère) union égypto-syrienne de 1958, scellée dans le cadre de la République arabe unie. Mais, dans le prolongement de la crise de Suez, 1957 c’est aussi l’année de l’éviction hors du Moyen-Orient, par leurs alliés américains, des deux empires coloniaux britannique et français, et l’adoption par le Congrès de la doctrine Eisenhower, à laquelle le Liban adhéra, décision qui provoqua tant de remous dans le pays. Le recueil des articles de René Aggiouri est également précédé d’une préface de Camille Aboussouan, ancien ambassadeur du Liban et l’un des plus fins lettrés du pays. Il souligne que tout l’art, toute la science de Aggiouri découlent de sa lucidité, de sa capacité à analyser les événements à l’écart de toute émotivité, avec une logique implacable, à tirer, grâce à la rigueur et à la clarté de son intelligence, les conclusions permettant à ses lecteurs de comprendre le comment et le pourquoi des événements. Aggiouri n’est ni un idéologue ni un homme de parti. C’est un observateur lucide tout entier consacré à l’analyse, qui cherche à déchiffrer les événements et à les expliquer. Pour tous ceux – journalistes, politiciens, universitaires – soucieux, pour reprendre un mot de Tocqueville, de «garder la mémoire du passé et (de concevoir) une idée de l’avenir», ce recueil des articles de René Aggiouri est un outil de réflexion indispensable, un livre de chevet en ces temps où le futur demeure incertain. «Les Faits du Jour de L’Orient, 1957 : Le Tournant», de René Aggiouri, Éditions INTER-ARABE, Paris, 501 pages.
De toutes les années tumultueuses au cours du dernier demi-siècle, 1957 est, sans doute, celle qui présente le plus d’intérêt. Une année charnière, une année «tournant», comme le précise le titre du recueil des éditoriaux de René Aggiouri, paru récemment aux Éditions Inter-Arabe, Paris. Pendant vingt ans, de 1950 à 1970, Aggiouri a été le titulaire de la rubrique...