Sue, Fiona, Bella, en parfaite symbiose

Le réalisateur Amos Kollek et l’actrice Anna Thomson ont fait ensemble trois films successivement. Pour autant, on ne peut considérer qu’ils constituent les volets d’une trilogie new-yorkaise, de l’avis de leur auteur. «Je n’ai jamais pensé qu’ils (Sue perdue dans Manhattan; Fiona; Fast Food Fast Women) constituaient une trilogie (...) même si, dans une certaine mesure, ils traitent de questions similaires», a déclaré Amos Kollek à Reuters. Sue perdue dans Manhattan a connu un réel succès en Europe, consacrant le nouveau couple du cinéma Thomson/Kollek. En revanche, ni ce film, ni le suivant, Fiona, n’ont encore été distribués aux États-Unis. Fast Food, Fast Women, en tant que comédie, sera peut-être mieux acceptée, surtout si elle était récompensée à Cannes. Sue, Fiona, Bella : trois New-Yorkaises différentes mais unies en un seul personnage au fil de ces trois films menés en parfaite symbiose entre Amos Kollek et son égérie, la pâle et frêle Anna Thomson. De fait, la rencontre du cinéaste, d’origine israélienne, et de son actrice fétiche, orpheline et qui a partagé sa vie entre la Côte d’Azur et New York, paraissait prédestinée, tant ils ont de nombreux points en commun, notamment celui d’avoir la même date d’anniversaire et de mariage. «Nous étions tous deux relativement inconnus au début et donc (faire un film ensemble) représentait une sorte de défi (...) c’est gratifiant de voir comment les choses ont évolué», explique Amos Kollek, louant la capacité d’Anna Thomson à s’engager totalement dans l’aventure d’un film. «Anna est quelqu’un de pas banal et en parfaite harmonie avec New York», poursuit-il. «Elle est individualiste et n’essaye pas d’être dans l’air du temps à tout prix». Dans Fast Food Fast Women, elle est une serveuse qui, comme tous les personnages qu’elle côtoie, tente d’échapper à la solitude et se cherche une âme sœur, au hasard des coups d’essai et des aventures. Un héritage providentiel, véritable deus ex machina, lui permettra de s’éloigner de New York et de s’établir dans un véritable ranch rempli d’animaux. Et aussi, peut-être de vivre enfin une véritable histoire d’amour. L’histoire se termine donc comme un véritable conte de fées, alors que dans Sue perdue dans Manhattan, New York se refermait sur elle et elle agonisait sur un banc public. Dans Fiona, elle arrivait à prendre la fuite, mais avec une balle dans le corps. Fast Food Fast Women, quoique traitant de sujets peu réjouissants, n’en est pas moins une comédie alerte, dont la réussite tient aussi à sa galerie de portraits, notamment les trois hommes qui fréquentent le café où travaille Bella, trois sexagénaires en panne de vie. «On ne peut pas dire que j’ai pris tel ou tel modèle pour incarner tel personnage. C’est plutôt un mélange», dit Kollek, avouant pour sa part être «préoccupé dans une certaine mesure par la vieillesse», qui est loin d’être toujours enviable dans Fast Food Fast Women.