Actualités - CHRONOLOGIE
Un réformateur consensuel
le 18 mai 2000 à 00h00
Le Premier ministre russe Mikhaïl Kassianov a présenté aux députés un programme d’inspiration réformatrice, mais à peine ébauché et prudemment consensuel. M. Kassianov a dressé dans son discours aux députés les priorités du gouvernement qu’il doit former dans les deux semaines à venir et dont l’objectif sera d’assurer «la croissance». Il s’agira de «l’amélioration du climat d’investissement», de «la restructuration du système bancaire», de «l’allègement de la charge des impôts» et de «la simplification du système fiscal». Le gouvernement prévoit notamment de «supprimer l’impôt sur le chiffre d’affaires» et de baisser à 35 % les charges sur les salaires que versent les entreprises, de renforcer le «contrôle» sur les banques et d’éliminer «les établissements non fiables et les banquiers qui ont mauvaise réputation». M. Kassianov reconnaît aussi la nécessité de «soutenir l’agriculture» en crise profonde. Il souligne que le «modèle existant n’est pas efficace» et qu’il faut accélérer l’adoption de la loi sur la réforme de la terre (c’est-à-dire la privatisation des terres agricoles)... mais en se disant prêt «à quelques concessions avec la Douma». Au total, des dossiers importants, mais sur lesquels «existe un large consensus parmi la classe politique russe», relève un spécialiste occidental. «Il n’a fait aucune révélation» et s’est efforcé de «ne pas déplaire à la gauche», ajoute-t-il. Kassianov a notamment choisi d’afficher ses distances avec le programme de développement rédigé, sous la présidence du réformateur Guerman Gref, par le Centre d’études stratégiques (CES), à la demande du président Vladimir Poutine en décembre. Ce programme, qui apparaît comme nettement libéral, provoque la colère des communistes, qui demeurent la première force à la Douma (Chambre basse du Parlement). Le gouvernement «n’a pas encore de programme économique», a relevé le Premier ministre. Il ne sera prêt qu’en juin. Quant au programme de Gref – qui prévoit notamment une réduction au minimum de l’intervention de l’État dans l’économie et une réduction radicale des dépenses publiques – «je ne l’ai pas lu» et le gouvernement a reçu les projets de différents groupes politiques, a-t-il relevé. S’il a assuré que les réformes devaient être «énergiques et suivies», il a aussi précisé que «la plus grande erreur serait d’affirmer que nous savons exactement quelle est la bonne voie». «Kassianov s’est montré ambigu», relève le politologue Evgueni Volk, et de nombreuses factions ont d’ailleurs «critiqué le caractère peu explicite de son programme». Cette extrême prudence inquiète certains économistes. «Kassianov dialogue avec la gauche» et laisse entendre que des éléments du programme communiste pourraient être utilisés au cours des 18 prochains mois. «Cette alliance serait une mauvaise nouvelle, car elle donnerait un poids politique supplémentaire aux communistes», estime la société d’investissement UFG. Toutefois, souligne Elena Romanova, de la banque Raiffensen, «les décisions à prendre pour redresser l’économie sont tellement évidentes», qu’elles devront être prises. «Les économistes de Kassianov ont bien évidemment lu le programme de Gref et les différences ne porteront que sur des détails», assure-t-elle. Tout dépendra des intentions du président Poutine, ajoutent nombre d’analystes, soulignant que l’équipe présidentielle conçoit le rôle de M. Kassianov comme celui d’un «technicien», en poste pour mettre en place des décisions stratégiques prises au Kremlin. «On n’attend aucun acte décisif de Kassianov. Il a pour tâche, selon l’équipe présidentielle, d’éviter tout tremblement de terre économique pour l’année à venir», relève ainsi Dmitri Pinsker dans l’hebdomadaire Itogui. Le temps pour Poutine d’asseoir son pouvoir.
Le Premier ministre russe Mikhaïl Kassianov a présenté aux députés un programme d’inspiration réformatrice, mais à peine ébauché et prudemment consensuel. M. Kassianov a dressé dans son discours aux députés les priorités du gouvernement qu’il doit former dans les deux semaines à venir et dont l’objectif sera d’assurer «la croissance». Il s’agira de «l’amélioration du...
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