Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Paroles d'otages

Dignité perdue, ennui, solitude, mais aussi peur, angoisse et abandon : les 21 otages racontent leur calvaire dans la jungle tropicale. Interrogés sur leur désir immédiat, Stéphane Loisy, otage français, répond : «Une casserole», afin de pouvoir cuisiner. «Un peu de dignité», dit Marie Moarbès, otage libanaise. «Je suis assez gourmande, des œufs. Le riz, le riz, j’en mangerai plus», ajoute Sonia Wendling, otage française et compagne de Stéphane. Et puis Marie se ravise : «De l’eau, de l’eau, un bain, je veux prendre un bain». «Des livres, des livres en anglais», s’exclame Monique Styrdom, otage sud-africaine. Leur liberté est presque oubliée dans l’urgence de leur précarité après trois semaines de captivité aux mains des rebelles musulmans d’Abu Sayyaf. Ils sont happés par leur quotidien d’ennui du matin au soir où seuls quelques maigres repas de riz rythment leur journée. Certains s’accrochent comme des noyés à ce qui était leur vie avant l’enlèvement. «Je veux partir bosser, prendre un bain, rentrer chez moi», explique Marie, qui demande aux journalistes qu’on appelle son patron pour qu’il l’attende. Sonia dit sa tristesse devant un projet professionnel dans lequel elle s’était investie et qui aujourd’hui tombe à l’eau. Le calme revenu après les incidents la semaine dernière avec l’armée philippine, les premières tensions au sein du groupe apparaissent. «On s’engueule depuis deux jours. Pour un peu de riz, un peu d’eau, on peut s’engueuler», raconte Stéphane. Les neuf otages malaisiens souffrent encore davantage de leur condition de détention. Quand les Occidentaux, trois Allemands, deux Finlandais, deux Français, deux Sud-Africains et une Libanaise, reçoivent une demi-sardine par personne, les Malaisiens n’ont que du riz. «Ce sont des sous-otages», raconte Stéphane. Certains soirs, le groupe se ressoude. «Nous avons tous chanté hier (lundi) soir, mais c’était difficile de trouver une chanson que tout le monde connaissait», raconte Monique. Et puis il y a la peur et l’angoisse. «On a jamais pensé qu’on aurait résisté», s’étonne Marie après avoir relaté les conditions de leur enlèvement : 20 heures de bateau sans explication, sans eau et sans nourriture depuis l’île malaisienne de Sipadan. Mais «le jour où on sort de là, on va péter un plomb. On a pas de montre. On est réveillé en plein milieu de la nuit, c’est du harcèlement moral», dit Marie. «S’il pleut on s’angoisse parce qu’on sera trempé, s’il ne pleut pas, on s’angoisse parce que parfois il n’y a pas d’eau, juste de l’eau de pluie», dit-elle. Ensuite vient la colère. «Ils (les rebelles) se servent et s’il y a des restes, c’est pour nous», ajoute Marie en évoquant les boîtes de médicaments ou de rations alimentaires qui leur passent sous le nez. «Ces gens-là sont une insulte à l’espèce humaine», lance Stéphane, la voix tremblante.
Dignité perdue, ennui, solitude, mais aussi peur, angoisse et abandon : les 21 otages racontent leur calvaire dans la jungle tropicale. Interrogés sur leur désir immédiat, Stéphane Loisy, otage français, répond : «Une casserole», afin de pouvoir cuisiner. «Un peu de dignité», dit Marie Moarbès, otage libanaise. «Je suis assez gourmande, des œufs. Le riz, le riz, j’en mangerai...