La physionomie des marchés Beyrouth : peu de changements

Le dollar est resté confiné dans d’étroites limites sur le marché des changes de Beyrouth dont l’évolution continuait à être gouvernée par l’action de la Banque du Liban (BDL). Celle-ci, en procédant à la vente du billet vert à 1 514,00 LL tout en se déclarant prête à l’acheter à 1 501,00 LL, est parvenue donc à le maintenir invariablement au taux moyen indicatif de 1 507,50 LL, comme depuis le 9 septembre dernier. Pourtant, les établissements de crédit ont été amenés, encore une fois, à négocier le dollar non seulement au-dessus de ce taux indicatif mais aussi à des cours légèrement supérieurs au haut de la fourchette d’intervention de la BDL, soit entre 1 514,00 et 1 515,00 LL, en l’absence de contreparties valables à la vente de cette monnaie en dehors d’elle, ont indiqué les cambistes de la place. Et d’ajouter que le volume d’affaires de la journée d’hier est demeuré quand même assez mince, ne dépassant pas le cadre des besoins commerciaux du pays, avec quelque huit millions de dollars, en grande partie placés à la vente par la BDL à 1 514,00 LL. Dollar soutenu par la hausse des taux américains À l’étranger, le dollar continuait à gagner du terrain face à l’ensemble des devises hier, sur les marchés des changes internationaux, profitant des spéculations sur une hausse des taux d’intérêt américains d’un demi-point en pourcentage à 6,50 % et du taux de l’escompte à 6,00 % par la Réserve fédérale américaine (Fed) à l’issue de la réunion de son comité de politique monétaire. Cette décision, largement anticipée par les cambistes, n’a pas tardé à forcer l’euro à reculer sous la barre de 0,91 dollar et le sterling à moins de 1,50 dollar tout en poussant le billet vert à frôler le seuil des 110,00 yens. L’annonce d’une inflation nulle en avril aux États-Unis n’a pas altéré l’assurance du marché pour lequel la Fed allait renchérir le coût du crédit en relevant ses taux pour ralentir la consommation et éviter la surchauffe de l’économie américaine. Les prix à la consommation aux États-Unis sont restés inchangés le mois dernier après avoir augmenté de 0,7 % en mars tandis que l’indice de base, qui exclut l’alimentation et l’énergie, a progressé de seulement 0,2 % contre 0,4 % pendant la même période, a annoncé hier le département américain du Travail. Selon les cambistes, l’euro avait peu de moyens pour lutter contre l’avancée du billet vert, notamment après les commentaires d’Ernst Welteke, président de la Bundesbank et membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) qui ont effacé les craintes d’intervention sur les marchés. M. Welteke a déclaré au quotidien allemand Handelsblatt qu’il ne s’attendait pas à une intervention concertée des États-Unis, du Japon et de l’Europe pour soutenir l’euro dans les prochains mois, éloignant une des principales raisons qui avait permis à la monnaie unique d’être plutôt bien soutenue ces derniers jours. La vigueur du billet vert n’a pas permis au yen de profiter des propos tenus hier par le gouverneur de la Banque du Japon, Masaru Hayami, faisant allusion à l’abandon de la politique monétaire de taux très faibles. Il en est de même de la livre sterling qui s’est davantage affaiblie, repassant au-dessous du seuil de 1,50 dollar. À cet égard, l’annonce d’une baisse de l’inflation le mois dernier en Grande-Bretagne à 1,9 % en rythme annuel au lieu de 2,00 % en mars hors remboursement des crédits immobiliers, a ravivé les spéculations sur une pause de la politique de resserrement du crédit par la Banque d’Angleterre. Cela étant, le dollar, ayant le vent en poupe surtout après le relèvement tant attendu des taux américains par la Fed , s’est négocié à New York sur un ton soutenu, comme suit : – 0,9050 pour un euro contre 0,9120, la veille – 1,4965 pour un sterling contre 1,5060 – 2,1610 DM contre 2,1450 – 7,2485 FF contre 7,1925 – 1,7165 FS contre 1,7070 – 2 139,75 lires contre 2 123,10 – 109,65 yens contre 109,40. Bourse de Beyrouth : faible et désertée À la Bourse de Beyrouth, toujours désertée, la tendance a été dictée hier par la baisse des actions B de Solidere de 6 7/8 à 6 3/4 dollars dans un marché autrement stable sur le restant de la cote. En effet, l’indice général Lispi de toutes les valeurs libanaises cotées a reperdu 0,16 % à 67,90 points, alors que l’indice partiel LIBX des valeurs bancaires s’est maintenu invariablement à 155,71 points, dans un volume de quelque 2 450 actions négociées d’une valeur globale de 16 972 dollars seulement. Wall Street : marché rassuré après la Fed Sur les places boursières internationales, les marchés américains ont été vigoureux hier, aussi bien sur la Bourse électronique Nasdaq qu’à Wall Street, avant et après la décision de la Fed de relever ses taux d’intérêt d’un demi-point en pourcentage à 6,50 % sur les fonds fédéraux et à 6,00 % pour le taux d’escompte. Selon les analystes, les opérateurs boursiers ont déjà pris en compte ce relèvement des taux directeurs américains qui a été largement anticipé par le marché. Et d’ajouter qu’ils ont été plus ou moins rassurés par le communiqué de la Fed au sujet de la maîtrise de l’inflation. Cela d’autant que l’évolution des prix à la production et à la consommation le mois dernier a renforcé la conviction des professionnels que la Fed ne relèvera pas à nouveau ses taux le mois prochain afin de se donner plus de temps pour évaluer l’impact des hausses des taux jusqu’à présent. Pourtant, les indices boursiers américains ont repris un peu de leurs gains après la décision de la Fed sur des ajustements de positions et des corrections d’excès commis à la hausse de certaines valeurs. C’est ainsi que le Nasdaq est revenu à moins de 3 700 points et le Dow Jones des 30 vedettes industrielles d’un plus haut à 10 963,04 points à 10 898,93 points en mi-séance, réduisant ses gains de la journée à 91,15 points sur la veille. Forte hausse des Bourses européennes La reprise des technologiques et de télécoms a propulsé les Bourses européennes mardi, la stabilité des prix américains en avril laissant en outre espérer aux investisseurs que le tour de vis attendus de la Réserve fédérale américaine sera le dernier avant quelque temps. L’indice Eurotop 300 a clôturé en hausse de 2,06 %. L’euro STOXX 50 a pris 2,94 %. La Bourse de Paris a clôturé en hausse de 2,58 %. Londres a gagné 1,13 %, Francfort 2,44 %, Amsterdam 1,46 %, les valeurs suisses 0,58 %, Milan 1,73 %, Bruxelles 0,90 % et Madrid 1,92 %. Le compartiment technologique a grimpé de 5,55 % et celui des télécoms de 3,27 %. Ericsson a tenu la vedette avec un bond de 9 %, après avoir été choisi par Vodafone AirTouch comme principal fournisseur d’infrastructure de troisième génération au Royaume-Uni. À Paris, son concurrent Alcatel est monté de 3,3 %. Le secteur des boissons et de l’alimentation a été le seul à baisser, affecté par une baisse de 5,78 % de Diageo après la vente par LVMH de la moitié de sa participation dans le britannique afin de libérer des liquidités pour de nouvelles acquisitions. LVMH s’est adjugé 3,43 %. Danone a gagné 2,82 %. Le groupe est en discussions «préliminaires» avec l’américain Nabisco pour racheter certains activités. Hausse généralisée des télécoms Aux télécoms britanniques, Thus a gagné 4,61 %, Colt 8,44 % et Kingston 10,22 % à la faveur d’achats à bon compte. À Paris, France Télécom a pris 6,75 %, Bouygues 7,70 %, Vivendi 5,07 %. À Francfort, Deutsche Telekom a gagné 6,68 % à 66,15 euros, sur rebond après avoir perdu 4,75 % lundi. Le groupe Internet espagnol Terra Networks SA compte racheter la société américaine de moteur de recherche sur Internet Lycos Inc. Pour quelque $10,6 milliards, soit $96,70 par action, pour donner naissance au quatrième groupe mondial dans Internet, ont déclaré des sources proches du dossier. L’accord devrait être annoncé après la clôture de New York. Terra a perdu 3,13 % à Madrid. Marconi s’est adjugé 8,59 % après des informations selon lesquelles le groupe mène des discussions exclusives avec l’américain ThruComm pour proposer des services de télécoms mobiles évalués à plus de $650 millions. Aux pharmaceutiques, le britannique SmithKline Beecham et son partenaire de fusion Glaxo ont progressé respectivement de 3,94 % et 3,76 % à la suite de tests cliniques montrant que l’antidépresseur Paxil de SmithKline réduit les symptômes liés à l’anxiété, qui affecterait 14 millions d’Américains à un moment de leur vie. Tokyo : marché soutenu avant la réunion de la Fed La Bourse de Tokyo a terminé mardi en hausse de 1,4 %, le marché se montrant optimiste sur les conséquences pour les Bourses américaines d’un éventuel relèvement des taux américains lors d’une réunion de la Réserve fédérale. L’indice de référence Nikkei 225 a progressé de 237,56 points à 17 551,25 points tandis que le Topix gagnait 15,72 points à 1 643,07, 678 millions d’actions changeant de mains contre 589,8 millions lundi. Les investisseurs estiment que la probable remontée d’un demi-point de pourcentage des taux américains par la réserve fédérale lors de la réunion de son comité monétaire, plus tard dans la journée de mardi, a déjà été anticipée par les Bourses américaines. «Le marché new-yorkais a déjà complètement anticipé la remontée des taux de 50 points de base», a estimé en particulier Shinichiro Tsukamoto, analyste à Tsubasa Securities. Des achats réalisés par des investisseurs institutionnels ont fait monter les indices sur le marché nippon mais les échanges sont restés pesants, ont indiqué les opérateurs. «L’activité est restée limitée, les investisseurs n’étant pas portés à prendre des initiatives avant la réunion de la Fed», a indiqué Hiroichi Nishi, analyste senior à Nikko Securities. Les gains de la veille à Wall Street ont incité les investisseurs à acheter quelques valeurs vedettes, ont ajouté les opérateurs.