Le troisième secret

Prophéties apocalyptiques, annonce de fin du monde... le «troisième secret» de Fatima, jamais officiellement divulgué par le Vatican, alimente depuis des années les fantasmes et les spéculations. Les deux premiers sont connus : ils évoquent la guerre, les persécutions contre l’Église, dénoncent l’athéisme et la Russie, recommandent la conversion et la dévotion à la Vierge. Selon Lucia, le troisième secret ne pouvait être révélé qu’à partir de 1960 si le pape le jugeait opportun. L’histoire se nimbe alors de mystère. Après l’avoir lu, Jean XXIII fait écrire sur l’enveloppe : «Le pape a vu le document. Il n’exprime pas de jugements sur le contenu». «Nous n’en exprimerons pas non plus», déclarera ensuite son successeur Paul VI. Selon certains experts, comme le père Ennio Innocenti, Paul VI révélera en partie le contenu du message en 1967, à l’occasion d’un pèlerinage à Fatima. Le souverain pontife avait alors évoqué une crise à l’intérieur de l’Église et la menace d’une guerre mondiale sans précédent. D’autres «mariologues» (experts de la Vierge Marie) estiment que le troisième secret concerne des prophéties sur le chef de l’Église, et voient en l’attentat du 13 mai 1981 place Saint-Pierre la confirmation de leurs analyses. En 1980, la revue Stimme des Glaubens affirme que Jean-Paul II aurait déclaré, au cours d’une rencontre avec des ecclésiastiques allemands : «Si dans un message, on annonce que des millions d’hommes vont mourir, ce n’est vraiment pas la peine de désirer sa publication». «Il n’y a pas d’annonce de fin du monde dans le troisième secret de Fatima», a ainsi déclaré il y a quelques années le cardinal Ratzinger. L’Église, avait-il expliqué, refuse de le publier «afin de s’opposer à tout sensationnalisme, et pour réduire à l’essentiel la dévotion à Marie». Plusieurs experts estiment que le «troisième secret» reprend en fait les éléments des deux premiers messages, notamment les appels à la conversion.