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Actualités - REPORTAGES

L'Onu, source de légitimité vulnérable mais irremplaçable

En dépit de ses graves défaillances passées, notamment en Bosnie et au Rwanda, et des limites de sa logique occidentale, l’Onu demeure la plus puissante source de légitimité des interventions militaro-humanitaires internationales, estime l’IISS. L’un des experts de l’Institut international d’études stratégiques basé à Londres, Mats Berdal, a estimé que les meurtres et prise en otage de personnels de l’Onu en Sierra Leone illustraient «l’extrême difficulté à déterminer le moment propice pour intervenir» dans une crise. Notamment en cas de «guerre civile inachevée» dans laquelle aucune force nationale, américaine ou autre, ne souhaite s’interposer. Le déploiement effectif de troupes de l’Onu n’est pas en lui-même une garantie de résultat. À Srebrenica en 1995, l’Onu a laissé massacrer des milliers de civils musulmans «sans avoir eu la capacité ou même l’intention» de remplir les promesses faites au peuple de Bosnie avec l’instauration des zones dites de protection, estime Berdal. L’Onu a reconnu des erreurs en Bosnie, dans un récent rapport, et fait de façon plus nette encore son mea culpa pour n’avoir pas empêché le génocide au Rwanda, mais «les principales recommandations de ces deux rapports ont été ignorées dans de nombreux cas», selon l’expert. Pour autant, l’Onu demeure selon lui capable de «conférer une légitimité» à une opération, fût-ce a posteriori comme dans le cas du Kosovo. Et ce, là où des organisations régionales sont trop souvent suspectes d’agir par pur intérêt national. Elle est aussi seule à pouvoir mener avec cette même légitimité toutes les tâches ingrates du maintien de la paix et de surveillance des processus démocratiques. Encore faut-il que sa légitimité soit reconnue localement, si ce n’est par le pays cible de son intervention, au moins par les autres composantes de la stabilité régionale. Dans la crise zimbabwéenne, le Royaume-Uni a misé sur le Commonwealth pour tenter de fléchir la «résistance obstinée au changement démocratique de Robert Mugabe», qualifié par le directeur de l’IISS John Chipman de «dinosaure de la politique africaine», au même titre que le Kenyan Daniel Arap Moi. L’espoir d’amener le Commonwealth à prendre l’initiative a fait selon lui «quelques progrès» avec la réunion de la semaine dernière à Londres. Le Zimbabwe est, selon lui, «un parfait exemple de cas où la véritable responsabilité repose sur des leaders (régionaux) raisonnables» et à cet égard, le sommet de Victoria Falls a mis au jour des défaillances graves de certains qui «vont avoir du souci à se faire sur leur manque de réactivité». Le président mozambicain Joaquim Chissano en particulier a, selon lui, fait preuve d’un comportement «à la limite de l’irresponsabilité» en couvrant Mugabe d’éloges publics. Le Royaume-Uni ne dispose pour sa part que de moyens limités et doit se borner à «susciter des soutiens internationaux pour accroître la pression» sur le régime de Mugabe, a souligné le vice-directeur de l’IISS Terence Taylor. La décision britannique de stopper les exportations de matériel militaire vers le Zimbabwe «ne va pas avoir grand effet, mais il est difficile d’envisager une autre politique». À supposer que la crise se résorbe et que les élections générales promises aient bien lieu, note pour sa part Berdal, ce sont les observateurs du Commonwealth qui seront les plus bienvenus sur place. Car la région est typiquement un exemple où l’intervention humanitaire à la mode de l’Onu serait perçue, en l’espèce «avec un fort ressentiment», comme procédant d’une inacceptable «logique occidentale».
En dépit de ses graves défaillances passées, notamment en Bosnie et au Rwanda, et des limites de sa logique occidentale, l’Onu demeure la plus puissante source de légitimité des interventions militaro-humanitaires internationales, estime l’IISS. L’un des experts de l’Institut international d’études stratégiques basé à Londres, Mats Berdal, a estimé que les meurtres et prise en...