Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Procès - Le tribunal militaire a rendu hier son verdict Les étudiants condamnés à la prison, bien qu'ils aient clamé leur innocence

Après avoir durement réprimé les manifestations estudiantines mardi et détenu arbitrairement onze étudiants du Courant national libre (CNL, aouniste), le pouvoir réservait encore une surprise. Huit des détenus ont été condamnés hier par le tribunal militaire à la prison (pour trois semaines, un mois et un mois et demi selon les cas), bien qu’ils aient assuré qu’ils ne portaient pas d’armes et qu’ils n’avaient en aucun cas menacé les forces de l’ordre. Les décisions du tribunal ont été rendues à 19 heures 30. Les procès de Patrick Semaha, Ziad Abs, Tony Orian, Tony Atayek, Naïm Aoun, Pierre et Paul Bassil et Rabih Maalouli se sont déroulés hier au tribunal militaire (sous la présidence du général Maher Safieddine et en présence du représentant du parquet, le juge Majed Mouzaihem). Les cinq premiers, membres du CNL, étaient accusés de violence envers les forces de l’ordre, et les autres, de fermer les routes aux voitures durant des mouvements de protestation. Tony Atayek, Ziad Abs et Naïm Aoun ont été condamnés à trois semaines de prison chacun, Patrick Semaha et Tony Orian à dix jours, Jean-Paul Dib à un mois et demi, Paul Bassil à un mois (et 100 mille livres libanaises d’amende) et Rabih Maalouli à un mois. Selon notre chroniqueur judiciaire Bahjat Jaber, bien que les étudiants aient été jugés sous l’accusation d’avoir menacé les forces de l’ordre avec des bâtons, aucune «arme» confirmant ces accusations n’a été interceptée. Sans compter que Tony Orian a été introduit dans la salle du tribunal avec une main cassée et bandée. Ziad Abs était également touché à la main et au cou. Ils n’ont tous deux été hospitalisés qu’au bout de 24 heures, selon des sources aounistes. Tous les accusés ont été étonnés d’écouter les griefs retenus contre eux. Ils ont déclaré n’avoir jamais menacé les forces de l’ordre avec une quelconque arme (puisqu’ils étaient désarmés), mais d’avoir au contraire subi leurs coups, ce que leurs blessures confirment. Ils ont estimé que leur seul «crime» était d’avoir lutté pour la liberté d’expression et la souveraineté de leur pays. Les étudiants ont raconté un à un les circonstances de leur arrestation. Certains, comme Paul Bassil, ont été appréhendés pendant qu’ils participaient à une action de revendication. Paul a raconté qu’il avait été transporté au palais Noura bâillonné. Il y a entendu un officier dire à un autre : «Comment puis-je intenter un procès contre lui quand je n’ai aucune preuve ?». Quant à Jean-Paul Dib, il est contrôleur aux douanes, et il a été intercepté alors qu’il arrivait en voiture à son travail. Il a nié avoir jamais participé à un mouvement quelconque. Rabih Maalouli se trouvait avec ses camarades près du Palais de justice quand il a été appréhendé et transporté au palais Noura «la tête entre les jambes». Il a pourtant assuré n’avoir jamais fermé le passage à aucune voiture. Les autres s’étaient rendus au Palais de justice pour livrer une lettre de revendication au bâtonnier, Me Michel Lyan. Celui-ci était descendu recevoir la lettre des mains des étudiants, ce qui n’a pas empêché leur arrestation. Selon M.Georges Haddad, responsable du bureau de presse du CNL, «la présence de Me Lyan, qui a tout vu, constitue une preuve que ces étudiants n’ont pas agressé les forces de l’ordre». Interrogé par L’Orient-Le Jour, Me Lyan a juste déclaré que «le ton était monté, mais il m’est difficile de définir les responsabilités dans les altercations verbales qui ont eu lieu». Il a cependant précisé qu’il était «contre les perquisitions, les détentions préventives et les coups administrés aux détenus». «Quand les personnes parviennent au tribunal, je suis tranquillisé», a-t-il poursuivi. Mais il a défini la période qui va de l’arrestation au procès de «tunnel noir». «Nous luttons pour que les personnes chargées d’appliquer la loi suivent les règles», a ajouté Me Lyan. «Ces règles ont souvent tendance à être ignorées de nos jours». Pour sa part, M. Haddad a dit : «Nous avons une objection de principe sur les prérogatives du tribunal militaire à émettre un jugement dans une telle affaire. Après tout, ce sont des civils qui ont été battus pas des militaires». Interrogé sur les mesures qui seront prises par le CNL, il a affirmé qu’il y en aurait deux : l’une, juridique, consistera à présenter une demande en appel auprès des autorités concernées. La seconde sera un mouvement de protestation continu mais pacifique.
Après avoir durement réprimé les manifestations estudiantines mardi et détenu arbitrairement onze étudiants du Courant national libre (CNL, aouniste), le pouvoir réservait encore une surprise. Huit des détenus ont été condamnés hier par le tribunal militaire à la prison (pour trois semaines, un mois et un mois et demi selon les cas), bien qu’ils aient assuré qu’ils ne...