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Actualités - OPINION

25 ans après, le temps de la responsabilité

Comment qualifier ce quart de siècle qui vient de s’écouler depuis le début de la guerre en 1975 jusqu’à aujourd’hui ? Est-ce, comme l’affirment les politiques, le temps d’une révolution longue et chaotique certes, mais qui a permis de modifier le régime politique pour l’adapter aux réalités locales et régionales et permettre l’émergence de nouvelles élites ou le temps de la défaite pour un pays mal placé sur la carte et dont l’existence n’a plus de raison d’être, y compris pour ceux qui aujourd’hui prétendent le diriger ? Est-ce, comme le pense une majorité de Libanais, un «trou noir» fait de souffrances et de malheurs aggravés par le sentiment d’avoir perdu le temps d’une vie et l’amertume d’être resté sur place alors que d’autres, en choisissant le chemin de l’exil, se sont intégrés à une normalité qui a eu le mérite, si ce n’est de les rendre heureux, du moins d’assurer à leurs enfants un avenir meilleur ? Est-ce une «traversée du désert», le prix à payer pour une maturité qui faisait cruellement défaut et dont l’absence a fait de chacun et de tous des apprentis-sorciers qui ont cru pouvoir gérer la violence qu’ils avaient contribuée à déclencher ? Ils ont appris que le Liban – que certains jugeaient trop petit, réclamant son «retour» dans le giron de la nation arabe, et d’autres trop grand pour continuer à le gérer en fonction de leurs intérêts étroits – est une patrie en soi qui mérite d’être préservée et défendue et que le seul garant de son indépendance et de sa souveraineté est un État dont la légitimité est reconnue par l’ensemble de ses citoyens. Ils ont compris qu’une vie en commun nécessite compromis et arrangements, que les différences ne sont source de richesse que si elles sont reconnues et acceptées, que le ressentiment que provoquent les frustrations des uns et les peurs des autres ne doit pas constituer le moteur de l’histoire libanaise et que la discrimination, quelles qu’en soient les raisons ou les justifications, ne peut pas se substituer à la justice. Ils ont appris à faire la distinction entre l’arrogance, expression bruyante d’une maladie de la personnalité, et l’affirmation légitime de soi qui se fait dans le calme et la sérénité, entre la roublardise qui est une perversion de la connaissance et l’intelligence qui en est le mode d’accès, entre l’opportunisme qui est l’adaptation à une réalité objective et entre la démagogie qui flatte les bas instincts et la responsabilité qui repose sur la rigueur. Ils ont réalisé que la force d’une nation ne se mesure qu’à la créativité, au dynamisme et à la ténacité de ceux qui la constituent et qu’en ce sens la nation libanaise est une nation très forte : – Forte par la qualité de vie qu’elle a su créer et qui continue, malgré tout, de subsister difficilement. – Forte par sa capacité à survivre. Quel pays parmi ceux qui ont connu des guerres semblables à la nôtre a pu retrouver la paix et l’unité ? – Forte par sa ténacité à s’accrocher aux valeurs qui la fondent malgré tous les efforts pour la mettre au pas et la «normaliser». – Forte par sa résistance. Quel pays arabe dont le territoire a été occupé a pu imposer à Israël un retrait inconditionnel ? Mais cette nation forte a été privée de son droit légitime de se doter d’un État. L’État en place ne se situe pas dans la ligne de l’évolution que le pays a connue, il vient d’ailleurs, porteur de valeurs qui, pour être peut-être valables sous d’autres cieux, ne répondent pas aux aspirations des Libanais. La façade démocratique qui cache la réalité du pouvoir ne trompe plus personne. Le spectacle bascule dans le vaudeville, plus personne ne croit en rien, les discours grandiloquents se muent en bégaiements, comme si cet État était sur le point de disparaître, victime d’une rupture de l’histoire. 25 ans après, le temps est venu pour chaque Libanais d’assumer ses responsabilités. Et il doit le faire solidairement avec les autres, tous les autres.
Comment qualifier ce quart de siècle qui vient de s’écouler depuis le début de la guerre en 1975 jusqu’à aujourd’hui ? Est-ce, comme l’affirment les politiques, le temps d’une révolution longue et chaotique certes, mais qui a permis de modifier le régime politique pour l’adapter aux réalités locales et régionales et permettre l’émergence de nouvelles élites ou...