Actualités - OPINION
Tribune Dérive
Par EL KHOURY Michel, le 05 février 2000 à 00h00
Cependant que sonne un tocsin que personne ne veut entendre, la justice, elle, ne perd pas son temps. Appliquée à étendre chaque jour davantage le fléau de sa balance à tous les degrés de la friponnerie, elle se fait les muscles en priorité sur les politiques en disgrâce. Pour peu que l’un d’eux abandonne son ancien parrain, ou que l’autre reste marqué par un chef de file déchu, les mailles du filet sont prêtes à les cueillir – et au besoin à les brûler vifs dans un incinérateur providentiel. S’il n’a pas pu servir à éliminer les ordures ménagères, ou moins il aura permis à quelques rancunes de s ’assouvir. C’est là une satisfaction non négligeable. Pendant ce temps une pluie de flèches tirées par l’une et l’autre caste, l’ancienne et la nouvelle, s’abat sur l’un et l’autre camp sous l’œil perplexe d’électeurs qui ne savent où donner de la tête – et de la voix; une guerre carnassière de palabres et de chiffres a occupé et divisé les dernières séances d’un Parlement autorisé à se défouler avant de ratifier le budget : une chaîne de télévision est assignée à résipiscence avant d’être poursuivie pour non-alignement. Et le chœur permanent des thuriféraires, à force d’oraisons répétitives, donne à l’encens un vague parfum de requiem. En un mot la démocratie bat son plein – en même temps que la chamade. Pendant ce temps, un air, bien sûr trompeur, de dérive et de naufrage semble flotter autour de nous. Il ne faut pas s’y laisser prendre, car comme on ne cesse de nous l’affirmer, les augures nous sont heureusement favorables et les lendemains qui chantent sont à nos portes, même si un brouillard passager nous empêche de les entrevoir. Il suffira en effet d’à peine deux générations pour payer nos dettes et équilibrer le budget; d’une seule pour débarrasser l’administration de ses parasites budgétivores, et seulement de quelques mois, jusqu’aux prochaines élections, pour éliminer toute opposition à nos chefs bien-aimés et toute critique écrite ou télévisée. Simultanément, le glaive de la justice continuera de couper les mauvaises têtes jusqu’à en perdre son tranchant. Quant à «la paix des braves», qu’on ne finit pas de reporter à coups de canon de semaine en semaine, elle pourrait nous faire faux bond. Mais qu’importe, il nous restera celle des cimetières qui, elle, nous est garantie.
Cependant que sonne un tocsin que personne ne veut entendre, la justice, elle, ne perd pas son temps. Appliquée à étendre chaque jour davantage le fléau de sa balance à tous les degrés de la friponnerie, elle se fait les muscles en priorité sur les politiques en disgrâce. Pour peu que l’un d’eux abandonne son ancien parrain, ou que l’autre reste marqué par un chef de file déchu, les mailles du filet sont prêtes à les cueillir – et au besoin à les brûler vifs dans un incinérateur providentiel. S’il n’a pas pu servir à éliminer les ordures ménagères, ou moins il aura permis à quelques rancunes de s ’assouvir. C’est là une satisfaction non négligeable. Pendant ce temps une pluie de flèches tirées par l’une et l’autre caste, l’ancienne et la nouvelle, s’abat sur l’un et l’autre camp sous...
Les plus commentés
« Tout devient plus cher » : les Libanais à la peine face au coût de la vie
Recette aux p’tits oignons
Nucléaire iranien : les négociations font du surplace, Israël prépare l’option militaire