Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Le gouvernement adopte une attitude effacée Le modérantisme se trouve de nouveaux hérauts

La presse tout entière s’interroge : pourquoi le pouvoir, et pourquoi M. Sélim Hoss, qui a été l’un des animateurs du bloc des modérés à la Chambre, laisse-t-il le soin de défendre le juste milieu, de combattre l’extrémisme au cardinal Sfeir ou à M. Rafic Hariri ? Certes, le chef du gouvernement a fait des déclarations publiques condamnant la sédition, appelant à l’unité nationale, mais sans évoquer les principes fondamentaux d’équilibre qui impliquent un mot d’ordre de modérantisme comme d’entente. Les médias relèvent en revanche avec insistance les indices de réserve suivants : – On n’a à aucun moment songé à convoquer le Conseil de sécurité intérieure et encore moins le Conseil supérieur de la défense nationale, pourtant concernés au premier chef par toute atteinte à la sûreté de l’État. – Le Conseil des ministres lui-même a tardé à se tenir. Les affrontements ont eu lieu le 31 décembre et il n’a été réuni que le 4 janvier. – Cette instance suprême du pouvoir n’a assuré à l’armée aucune couverture proprement politique. Dans ce sens qu’elle s’est contentée de déférer l’affaire de Denniyé devant la Cour de justice. Sans que le ministre de l’Information, porte-parole attitré du Conseil, ne fasse état dans son communiqué de clôture des prises de position affichées lors de la séance par le président de la République ou par le chef du gouvernement. – Parallèlement, le ministre de l’Intérieur s’est abstenu de paraître sur la scène publique pour des explications à l’opinion. – Le ministre de la Défense non plus n’a pas fourni d’indications substantielles. La réfutation des reproches faits aux services a été effectuée par des sources sécuritaires sans doute autorisées mais anonymes et qui restent des fonctionnaires. Le pouvoir politique ne s’est pratiquement pas manifesté sur ce front. – Une défaillance d’autant plus remarquée qu’en principe, c’était aux services civils de l’Information de prendre la parole avant, pendant et après les opérations, pour éclairer l’opinion sur la situation. Bien d’autres remarques soulignent la passivité, sans doute relative mais quand même bien étrange, des pouvoirs publics à l’égard d’un problème dont la gravité est évidente. Une attitude qu’expliquent peut-être trois facteurs : – La crainte de «trop en faire» et de servir par là les desseins d’Israël. – Inversement, la peur de commettre «une maladresse» qui indisposerait les décideurs. Étant donné que ces derniers n’ont pas levé le petit doigt, dans une région qu’ils contrôlent. – La conviction de ne pas être en mesure d’aller jusqu’au bout d’une logique d’État. C’est-à-dire la quasi-certitude de ne pas pouvoir pour le moment décrocher le feu vert des décideurs pour mettre les camps palestiniens au pas. Ou pour empêcher les «toufaylistes» de manifester en masse à Baalbeck en tenue paramilitaire. Ce qui a permis une réaction également extrême de la part de certains courants exilés de l’Est. Toujours est-il que des symboles de dimension nationale tentent de combler le vide politique que laisse le pouvoir. Ainsi, le patriarche Sfeir a lancé, via la presse, un appel urgent à un surcroît de vigilance. Il a mis l’accent sur les tentatives diverses effectuées pour promouvoir l’implantation des réfugiés palestiniens, solution que tous les Libanais rejettent. Dans son prêche dominical, le patriarche a par ailleurs mis en garde contre les pêcheurs en eau trouble qui s’efforcent de semer dans le pays les germes d’une discorde confessionnelle. Dans le même sens, le prélat s’est dressé contre l’extrémisme, soulignant que les Libanais doivent le combattre puisqu’ils veulent vivre ensemble en bonne harmonie, dans un pays stable. Pour sa part, M. Rafic Hariri a été l’un des tout premiers hommes politiques à réagir aux événements de Denniyé, pour prôner le modérantisme. Dans un «iftar» donné le 1er janvier, auquel il avait convié des notabilités nordistes, il a dénoncé les agressions contre les forces régulières, proclamant son appui total à l’État, à la légalité et au gouvernement. Il a mis en garde contre les dissensions confessionnelles et lancé une sorte de proclamation de guerre au radicalisme. En affirmant que les Libanais «sont adeptes du modérantisme et il n’y a pas de place pour l’extrémisme dans notre société, ni chez les chrétiens ni chez les musulmans». La carte du modérantisme semble donc changer pour le moment de main. Reste à savoir, à la lumière de l’évolution régionale, dans quelle mesure elle sera payante.
La presse tout entière s’interroge : pourquoi le pouvoir, et pourquoi M. Sélim Hoss, qui a été l’un des animateurs du bloc des modérés à la Chambre, laisse-t-il le soin de défendre le juste milieu, de combattre l’extrémisme au cardinal Sfeir ou à M. Rafic Hariri ? Certes, le chef du gouvernement a fait des déclarations publiques condamnant la sédition, appelant à...