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Actualités - REPORTAGES

Trouver un amphithéâtre romain dans sa résidence familiale

Selon ses habitants connaisseurs en histoire, notamment Joseph Merchak, professeur de l’enseignement supérieur, Batroun est l’une des villes les plus anciennes du Liban. Les hommes y ont laissé leur trace depuis déjà plus de 300 mille ans. Batroun a été tour à tour phénicienne, romaine, byzantine et croisée. Et elle a, à plusieurs reprises, changé de nom. Un nom qui été mentionné pour la première fois dans les lettres de Tell el-Amarna. Batrouna pour les Phéniciens, Botris (grappe de raisins) pour les Grecs, et Bet Truna en langue syriaque qui est traduit littéralement en arabe par «maqaad el mir», ou le siège du prince. Une nomination donnée jusqu’à nos jours à un rocher, semblable à notre Raouché beyrouthine, qui se dresse dans la mer en face des maisons de la ville. Batroun la phénicienne était une ville portuaire et la muraille qui cintre encore une partie de la localité est le plus ancien témoin des deux ports phéniciens construits l’un au nord et l’autre au sud de ce mur de grès dunaire. À l’époque romaine, Batroun a eu un prestigieux passé. Ses habitants étaient citoyens de l’Empire. Sous Auguste, elle avait le droit de battre monnaie. Que reste-il des vestiges romains de la ville ? Un amphithéâtre situé dans le jardin d’une propriété privée. Joseph Jammal, photographe, a hérité d’une belle maison familiale. Ce quinquagénaire se souvient d’un groupe de touristes qui avait rendu visite à son père il y a un peu plus de quarante ans. Ils voulaient voir l’amphithéâtre. Les gradins romains étaient recouverts de terre où poussaient des vignes. Joseph, tout comme son père, savait que le jardin de sa maison recèle des vestiges. Au début des années quatre-vingt-dix, il décide de mettre au jour l’amphithéâtre romain. Et c’est tout seul qu’il arrache les vignes et qu’il commence à dégager les gradins à l’aide de jets d’eau. Le travail a duré tout au long de deux étés. Après l’aménagement de l’amphithéâtre, la Direction générale des antiquités et le ministère de la Culture promolguent un décret d’expropriation. Joseph ne veut pas quitter sa maison familiale vieille de deux siècles. Joseph a ouvert gratuitement au public et aux touristes son jardin afin que tout le monde puisse admirer le petit amphithéâtre romain. Il a proposé aux autorités concernées, raconte-t-il, «de prendre en charge l’amphithéâtre et de placer même des gardiens à la porte d’entrée de son jardin». «Mais nul n’est intervenu. S’ils décident un jour de me chasser de chez moi, ils devront me tuer bien avant de le faire», s’insurge-t-il. Mariam Moubarak est dans la même situation. Avec une quinzaine de familles de la ville, elle a été expulsée de chez elle. Simple raison : leurs maisons ancestrales ont été construites sur les ruines d’une grande forteresse. Certes, les autorités concernées ont versé les indemnités nécessaires afin que Mariam et les autres puissent vivre ailleurs. Mais cette femme qui vit seule voit les choses autrement : «On m’a dépouillée de tout, ils ont pris ma maison, mes souvenirs et ma vie entière», indique-t-elle. Bien que les expropriations aient commencé il y a un peu plus de deux ans, les travaux n’ont pas été entamés dans la zone qui recèle la forteresse. Batroun délaissée a jusqu’à présent perdu beaucoup de ses vestiges, notamment des moulins à eau et à vent ainsi que des anciens pressoirs d’olives. Certains bâtiments du vieux souk de la ville, datant du siècle dernier, ne tarderont pas à s’écrouler. Pour ses habitants, son avenir touristique et culturel et pour ses ruines majestueuses, Batroun a plus que jamais besoin d’être prise en charge.
Selon ses habitants connaisseurs en histoire, notamment Joseph Merchak, professeur de l’enseignement supérieur, Batroun est l’une des villes les plus anciennes du Liban. Les hommes y ont laissé leur trace depuis déjà plus de 300 mille ans. Batroun a été tour à tour phénicienne, romaine, byzantine et croisée. Et elle a, à plusieurs reprises, changé de nom. Un nom qui...