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Actualités - BIOGRAPHIE

La proclamation de la République libanaise

L’article premier de la Charte du Mandat stipulait que, dans un délai de trois ans à partir de la date (officielle) d’entrée en vigueur du Mandat (29 septembre 1923), la puissance mandataire devrait promulguer un statut organique (Constitution) pour la Syrie et le Liban. Les nationalistes libanais exerçaient une pression de plus en plus forte pour que cette obligation fût tenue. Le travail de rédaction du statut organique fut entamé à Paris le 5 juillet 1925 par une commission nommée par le ministère des Affaires étrangères et présidée par le député Joseph Paul-Boncour. Mais les temps étaient agités. Le sud-est du Liban et la Syrie étaient en proie à une révolte armée, née dans le Djebel druze, contre la puissance mandataire. L’avènement d’une loi organique devait répondre à l’une des principales revendications des nationalistes et était susceptible de contribuer à apaiser les esprits. Paris décida alors de faire établir le statut fondamental de chaque État par sa propre Assemblée. Le Conseil représentatif (Parlement libanais de l’époque) élit, au cours de sa réunion du 10 décembre 1925, une commission de 13 membres chargée de cette besogne. Le projet préparé par cette dernière fut adopté à l’unanimité par le Conseil, au cours d’une session extraordinaire, dans la nuit du 22 au 23 mai 1926, à une heure trente du matin. Quelques heures plus tard, le Haut-Commissaire, Henri de Jouvenel, fit, au siège du Conseil, une proclamation dans laquelle il annonça la promulgation4 de la Constitution, qui a porté, dès lors, la date du 23 mai 1926. Cet acte donnait naissance à la République libanaise, succédant à l’État du Grand Liban. L’article 101 stipulait en effet : «À partir du 1er septembre 1926, l’État du Grand Liban portera le nom de “République libanaise”, sans autre changement ni modification d’aucune sorte». La Constitution consacrait la présence du Mandat (art. 102) et portait en elle-même ainsi les germes des événements qui conduiront aux journées de novembre 1943, à l’indépendance, et, le 22, à la liesse qui emplira la place des Martyrs lors de la libération et de l’arrivée de Béchara el-Khoury, de Riad el-Solh, et de leurs compagnons de lutte, détenus depuis le 11 à la citadelle-prison de Rachaya. De la foule compacte, quelques jeunes gens s’extirpèrent ce jour-là, escaladèrent le Petit Sérail et hissèrent sur son fronton le nouveau drapeau libanais. La suite de l’histoire est moins glorieuse. R.G. (4) En réalité, la promulgation de la Constitution par un acte juridique en bonne et due forme n’est intervenue que le 14 mai 1930, en même temps que celle de l’État de Syrie. Voir en particulier à ce sujet La genèse de la Constitution libanaise de 1926 d’Antoine Hokayem (Les Éditions universitaires du Liban, Beyrouth, 1996), ainsi que La Constitution libanaise, origines, textes et commentaires d’Edmond Rabbath (Publications de l’Université libanaise, Beyrouth, 1982).
L’article premier de la Charte du Mandat stipulait que, dans un délai de trois ans à partir de la date (officielle) d’entrée en vigueur du Mandat (29 septembre 1923), la puissance mandataire devrait promulguer un statut organique (Constitution) pour la Syrie et le Liban. Les nationalistes libanais exerçaient une pression de plus en plus forte pour que cette obligation fût tenue. Le travail de rédaction du statut organique fut entamé à Paris le 5 juillet 1925 par une commission nommée par le ministère des Affaires étrangères et présidée par le député Joseph Paul-Boncour. Mais les temps étaient agités. Le sud-est du Liban et la Syrie étaient en proie à une révolte armée, née dans le Djebel druze, contre la puissance mandataire. L’avènement d’une loi organique devait répondre à l’une des principales...