Actualités - BIOGRAPHIE
Les gibets de la place des Martyrs
Par GEHCHAN Roger, le 30 novembre 2000 à 00h00
En ce 21 août 1915, place de l’Union3 , la quiétude de la nuit est troublée par le choc régulier des pioches creusant la terre : les soldats dressent les potences qui marqueront d’une tache indélébile, d’une souillure ineffaçable la carrière du sinistre Jamal Pacha. Les condamnés, jugés sommairement par une cour martiale siégeant à Aley, ont été transportés dans le plus secret jusqu’au siège de la direction de la police, l’ancien bâtiment de la Banque ottomane. Tout s’est passé à la sauvette, les Turcs redoutant un soulèvement populaire tant la condamnation (sous l’accusation de menées séditieuses) des patriotes libanais provoque indignation et colère. Ils sont onze en tout : Abdel-Karim el-Khalil, Saleh Haidar, Mahmoud Mahmassani, Mohamed Mahmassani, Abdel-Kader Kharsa, Mahmoud Ajam, Noureddine Kadi, Mohamed Abidine (Damas), Nayef Tello (Damas également), Ali al-Armanazi (Hama) et Sélim Abdel-Hadi (Naplouse). Ils mourront courageusement, héroïquement, et plusieurs d’entre eux, avant l’instant fatidique, apostropheront les officiels turcs présents. Jamal Pacha récidivera le samedi 6 mai 1916. Quatorze martyrs seront exécutés à Beyrouth toujours en pleine nuit : Saïd Fadel Akl, cheikh Ahmed Hassan Tabbarah, Abdel-Ghani Arayssi, Omar Hamad, l’émir Aref Chéhabi, Toufic Bsat, Petro Paoli, Gergi Haddad, Seifeddine Khatib, Sélim Bakr al-Jazaïri, Jalal Boukhari, Mohamed Chanti, l’émir Lotfi Hafez (les cinq derniers étant de Damas) et Ali Hajje Amro (Jaffa). À Damas, sept autres personnes subiront le même sort à la même date. Ces deux douloureux épisodes et les derniers moments des suppliciés ont été relatés par Michel Zaccour dans des textes empreints d’émotion publiés en février 1919 dans le journal al-Bark et repris aujourd’hui dans l’ouvrage consacré à la place des Martyrs. Enfin, le lundi 5 juin 1916, les frères Khazen, Philippe et Farid, furent exécutés à leur tour. Le père Youssef Estfan les a assistés et confessés avant leur mise à mort. Son récit de ces heures tragiques est un morceau d’anthologie. R.G. (3) Le nom ottoman de la place. Ce n’est qu’en 1937 que la désignation place des Martyrs a été consacrée par le gouvernement.
En ce 21 août 1915, place de l’Union3 , la quiétude de la nuit est troublée par le choc régulier des pioches creusant la terre : les soldats dressent les potences qui marqueront d’une tache indélébile, d’une souillure ineffaçable la carrière du sinistre Jamal Pacha. Les condamnés, jugés sommairement par une cour martiale siégeant à Aley, ont été transportés dans le plus secret jusqu’au siège de la direction de la police, l’ancien bâtiment de la Banque ottomane. Tout s’est passé à la sauvette, les Turcs redoutant un soulèvement populaire tant la condamnation (sous l’accusation de menées séditieuses) des patriotes libanais provoque indignation et colère. Ils sont onze en tout : Abdel-Karim el-Khalil, Saleh Haidar, Mahmoud Mahmassani, Mohamed Mahmassani, Abdel-Kader Kharsa, Mahmoud Ajam, Noureddine Kadi,...
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