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Actualités - ANALYSE

Vie politique - Tout dépend du succès des mesures économiques Le nouveau pouvoir soudé… pour un petit semestre

Dans les cercles politiques locaux, c’est un secret de polichinelle : le président Rafic Hariri bénéficie, au sein du pouvoir, d’un délai de grâce de six mois. S’il réussit à amorcer le redressement économique promis, les présidents Émile Lahoud et Nabih Berry cueilleraient à ses côtés les fruits politiques de son succès. Et sinon, ils s’en démarqueraient. En faisant valoir probablement qu’ils lui avaient accordé leur soutien par souci de cohésion intérieure et d’intérêt national, mais qu’ils n’avaient pas prévu son échec, le domaine économique n’étant pas leur spécialité. Et les frictions reprendraient de plus belle, notamment autour des nominations de hauts fonctionnaires. C’est du moins ce qui se répète aujourd’hui en coulisses dans les milieux loyalistes. En tout cas, que la confiance actuelle soit sincère ou pas, le gouvernement en place a les mains libres pendant six mois. Après quoi, signale un observateur averti, «même s’il devait continuer à bénéficier de l’appui inconditionnel du chef de l’État et du soutien du président de la Chambre, M. Hariri verrait se dresser soudain devant lui nombre d’embûches politiques. Car ses nombreux contempteurs, auxquels l’on a imposé le respect d’une trêve semestrielle, ne désarment pas et restent à l’affût. S’il devait réussir sur le plan économique, ses adversaires ne s’en déchaîneraient contre lui qu’avec plus d’acharnement. Et s’il devait échouer, il devrait se garder en outre des réactions négatives des cercles proches du régime ou du perchoir de la place de l’Étoile». Il va sans dire que les tensions politiques qu’on s’ingénierait à attiser «risqueraient de représenter un lourd handicap pour le pays. Car cela ferait fuir encore plus loin et encore plus vite les investisseurs potentiels», souligne la même personnalité. Qui rappelle que, «si la croissance n’est pas au rendez-vous, si la roue de l’activité économique n’est pas relancée, les mesures de défiscalisation prises par le gouvernement à cet effet n’auront produit que des contre effets. Le Trésor essuierait en effet dans ce cas un considérable manque à gagner, sans contrepartie, et le pays s’enfoncerait encore plus dans le rouge. À ce moment-là, le prétexte pour une campagne politique virulente visant à faire sauter le gouvernement, et surtout son chef, serait tout trouvé». C’est donc à travers un véritable champ de mines que M. Hariri doit manœuvrer au cours des prochains mois. Le spécialiste cité, se basant sur les récents développements, pense que «selon toute probabilité, après le délai de grâce, la polémique sur la présence militaire syrienne et sur le dossier des disparus serait relancée avec une vigueur inégalée. Les tensions entre partisans et adversaires du redéploiement atteindraient des sommets et les attaques à caractère personnel ou confessionnel, destinées à faire bouger la rue, se multiplieraient. On parlerait alors de rouvrir des dossiers déterminés datant de la guerre, impliquant les milices ou les leaderships ainsi que les centres de décision. On réclamerait des enquêtes pointues pour établir les responsabilités dans les disparitions, les rapts et les assassinats dont bon nombre sont imputés comme on sait à des parties influentes. Bref, ce serait la foire d’empoigne et le Liban politique se retrouverait chauffé à blanc, et à dessein. Parce que son maintien en état de déstabilisation sert certains». Pour prévenir une telle escalade, la même personnalité préconise «l’adoption, sans tarder, d’une nouvelle loi d’amnistie, mieux travaillée que la précédente, qui permettrait de tourner pour de bon la page du passé. Sans la discrimination observée jusque-là et qui ne fait qu’aggraver le problème au lieu de le résoudre. Cette nouvelle loi devrait en effet refonder une unité nationale qui reste actuellement à l’état de fiction et de slogan creux». Cette source relève en conclusion que «le gouvernement en place n’a sans doute pas tort d’éviter de s’embourber dans des litiges politiques et de se centrer sur les questions économiques. Mais tôt ou tard, il lui faudra s’engager vis-à-vis des dossiers de nature politique, comme la loi électorale, les naturalisations abusives, la déconfessionnalisation politique, l’indépendance, la souveraineté ou la décentralisation administrative. Car les Libanais veulent savoir à quoi s’en tenir sur le plan du système, comme de la démocratie et des libertés, aussi nécessaires pour eux que l’air qu’ils respirent ou le pain qu’ils mangent». Émile KHOURY
Dans les cercles politiques locaux, c’est un secret de polichinelle : le président Rafic Hariri bénéficie, au sein du pouvoir, d’un délai de grâce de six mois. S’il réussit à amorcer le redressement économique promis, les présidents Émile Lahoud et Nabih Berry cueilleraient à ses côtés les fruits politiques de son succès. Et sinon, ils s’en démarqueraient. En...