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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Santé Débat autour de la farine carnée : les bovins en ont-ils consommé au Liban ?

La découverte de cas d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), plus connue sous le nom de «maladie de la vache folle», dans des cheptels en Europe n’en finit pas de faire des vagues, même au Liban. Des informations divulguées par une nouvelle association de protection du consommateur sur l’existence de plus d’une usine de production de farine animale au Liban et de l’importation de quelque 12 mille tonnes de ce produit par an ont fait rebondir l’affaire. Le ministère de l’Agriculture, qui a, par mesure de protection, interdit l’importation de farine carnée, réaffirme pour sa part que ces chiffres sont exagérés et que ces farines de viande sont réservées aux volailles, dont la production annuelle au Liban dépasse les 60 millions de poulets et qui ne sont pas affectés par cette consommation. «Avant l’interdiction de l’arrivage de farine carnée, le Liban en importait 12 mille tonnes par an», déclare M. Karim Trad, vice-président d’une nouvelle ONG appelée Consumers Lebanon qui, comme son nom l’indique, s’occupe de protection et d’information du consommateur. «De plus, nous avons appris l’existence de deux usines produisant de la farine de viande au Liban. Peut-on envisager que toutes ces quantités soient consommées seulement par les poulets ?». Selon M. Trad, les fermes libanaises d’élevage envoient leurs déchets animaux à ces usines. Il précise que «sur les 112 mille tonnes de viande vivante importée, 100 mille proviennent de pays à risques comme la France, l’Allemagne et l’Espagne». Il ajoute : «Un rapport de l’Organisation mondiale de la santé classe les pays selon leur niveau de risques. À titre d’exemple, l’Angleterre est au niveau un, alors que la France, l’Allemagne et l’Espagne sont au niveau trois». Les milliers de tonnes de farine carnée finissent-elles dans les mangeoires des bovins au Liban ? Interrogé, le directeur des ressources animales du ministère de l’Agriculture, M. Mansour Kassab, affirme une fois de plus, chiffres à l’appui, que ces farines de viande et d’os ont toujours été destinées aux volailles, pas aux bovins. «Nous avons une production de 60 millions de poulets de chair par an, de 750 mille parents et de trois millions de poules pondeuses, soit environ 64 millions de poulets», précise M. Kassab. «Si l’on considère que la farine animale compose au maximum 5 % de l’alimentation des poulets et que ceux-ci consomment entre 100 et 120 grammes par jour, les besoins en farine de viande pour ces animaux s’élèveront donc à 8 mille tonnes par an». Or, selon M. Kassab, le chiffre de 12 mille tonnes avancé par l’association correspondrait en fait au volume d’importation de toutes les farines animales, comme la farine de poissons ou autres, et que la farine importée de viande et d’os (donc celle qui pose problème pour les bovins) n’a pas dépassé les 7 mille tonnes en 1999 (soit moins que les besoins pour les poulets). «D’ailleurs, l’utilisation de farine animale pour les bovins n’est pas rentable au Liban», poursuit-il. «Le kilo de lait est vendu en moyenne à 400 livres. Le seul mélange qui peut être rentable pour les fermiers serait composé de foin, d’avoine et de maïs, à des bovins qui consomment 12 à 15 kilos par jour». Production locale ou pas ? Interrogé sur les deux usines libanaises de production de farine carnée, M. Kassab répond : «La première, qui était située à La Quarantaine, a fermé ses portes il y a un an. La seconde fabrique sa farine animale à partir de poulets uniquement et ne distribue pas aux fermes de bovins». À la question de savoir à quelle température la farine était cuite, il répond qu’elle atteint les 150 degrés (assez élevée pour tuer les germes pathogènes). Bref, selon lui, la farine à base de viande et d’os ne devrait plus être disponible au Liban puisqu’elle n’y est plus importée ni produite. «Pour parer au manque, les éleveurs de poulets devront avoir recours au maïs, au soja et au phosphate décalcique», ajoute-t-il. M. Kassab tient à assurer une fois de plus que «la rigueur de l’inspection sur toute la viande importée, bétail ou congelée, est décuplée depuis la crise, et que les normes sanitaires appliquées sont celles de l’Office international d’épizooties (OIE)». Il rappelle que les animaux importés sont jeunes, ce qui ne convainc pas M. Trad pour qui «les animaux nés après 1996 sont justement ceux sur lesquels des tests n’ont pas été effectués». Mais pour M. Kassab, «l’ESB ne se teste pas pour les animaux de moins de deux ans et demi, or la période d’incubation dure environ autant». Il ajoute : «Nous n’importons de viande qu’à partir de cheptels sains et indemnes. Nous traitons avec des États, soucieux de leur réputation et de leurs relations avec l’étranger. Or les pays européens appliquent avec plus de rigueur l’interdiction de donner de la farine carnée aux bovins depuis 1996 !». Toutefois, toutes ces mesures de sécurité restent insuffisantes au regard de M. Trad qui propose les suivantes : un embargo sur la viande bovine provenant de France, d’Allemagne et d’Espagne (comme l’ont fait des pays voisins, selon lui), l’interdiction d’importation de la farine carnée (déjà appliquée par le gouvernement) ainsi que l’arrêt de l’écoulement du stock et de la production locale, et, enfin, l’importation de la technologie française susceptible de détecter le bétail infecté. Pour sa part, M. Kassab a assuré qu’aucune mesure d’embargo n’a été prise. S.B.
La découverte de cas d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), plus connue sous le nom de «maladie de la vache folle», dans des cheptels en Europe n’en finit pas de faire des vagues, même au Liban. Des informations divulguées par une nouvelle association de protection du consommateur sur l’existence de plus d’une usine de production de farine animale au Liban et de...