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Actualités - CHRONOLOGIE

COMPTABILITÉ NATIONALE - Un projet coordonné par la Banque centrale Le Liban lance enfin un chantier de mise à niveau de ses statistiques

Pressé par les institutions financières internationales ou les bailleurs de fonds qui réclament des données fiables sur l’économie libanaise, le gouvernement s’est enfin lancé dans un chantier de mise à niveau de ses statistiques. L’objectif est d’établir à moyen terme un système de comptabilité nationale en mesure de fournir les chiffres essentiels à la compréhension de l’évolution de l’activité et des flux financiers. Plusieurs projets sont menés en parallèle, notamment au sein de l’Administration centrale de la statistique ou au ministère de l’Économie et du Commerce qui a lancé un programme en coopération avec l’Insee, l’Institut national français des statistiques économiques et commerciales. Et un projet destiné à coordonner tous ces efforts a été confié à la Banque centrale, avec l’aide du Fonds monétaire international. Un coordinateur a été nommé, en la personne du vice - gouverneur de la BDL, Nasser Saïdi. Le projet qui a été officiellement lancé en septembre a été baptisé GDDS (General Data Dissemination System, ou Système de diffusion des informations). Au total, 55 pays participent à ce programme et cinq seulement, dont le Liban, au niveau de la région. Il porte en premier lieu sur la diffusion des normes en vigueur pour la collecte et le traitement des données. « Chaque organisme qui réalise des statistiques s’engagera à suivre certaines procédures, qui correspondent à des normes internationales », explique Nasser Saïdi. Un programme est par exemple en cours au sein de la Banque centrale, en collaboration avec l’Escwa, pour mettre au point une balance des paiements détaillée. Celle-ci devrait être disponible d’ici à la fin de l’année prochaine. Un portail Internet, Lebstat, regroupera l’ensemble de ces données, à condition qu’elles soient compatibles avec le GDDS. « La guerre a détruit la capacité institutionnelle du Liban à établir des statistiques. Pour la première fois, nous mettons en place un plan d’action national pour restaurer cette capacité », ajoute l’ancien ministre. Chiffres controversés Si les chiffres disponibles actuellement sur l’économie libanaise sont autant controversés, c’est qu’ils ne sont pas établis selon des méthodes scientifiques, suivant des normes internationales, mais procèdent bien souvent d’évaluations, d’estimations ou d’extrapolations à partir d’enquêtes très partielles. Certains bureaux privés, de même que certains centres dépendant de l’administration publique, réalisent certes des études, mais leur travail, aussi sérieux soit-il, est, par définition, limité. Car seul l’État est en mesure d’organiser un travail statistique à l’échelle du pays tout entier, dans le cadre d’une comptabilité nationale, qui est censée constituer la charpente de toute collecte d’information. La loi confie normalement ce travail à l’Administration centrale de la statistique qui a été créée dans les années 1960 (sous un autre nom à l’époque). De vastes enquêtes ont été menées alors, en prenant 1964 comme année de base, et les premiers comptes sont apparus en 1967. Les années suivantes, des chiffres ont été publiés par actualisation et un nouveau travail de fonds, appuyé sur des enquêtes, était prévu pour 1974. Mais la guerre en a décidé autrement. Les archives ont été pillées, l’Administration des statistiques supprimée puis recréée, mais sans moyens. Ses bureaux ont finalement été rasés par l’armée israélienne en 1982. Aide de l’Insee En 1993, finalement, l’administration renaît de ses cendres. Il a fallu un an et demi à Robert Kasparian, son directeur à ce moment-là, pour trouver des bureaux. « À partir de là, nous n’avons pas eu de difficultés à obtenir des crédits, grâce notamment à l’aide du Pnud, pour mener des enquêtes, mais le principal problème était, et reste aujourd’hui encore, celui des ressources humaines », explique-t-il. De fait, les statisticiens qui avaient été formés avant-guerre à l’Insee ont quasiment tous quitté le pays et mené des carrières souvent réussies. Le travail débute par un recensement de toutes les surfaces bâties qui permet de répertorier les établissements industriels et commerciaux. Sur la base de cette première entreprise, deux grandes enquêtes étaient prévues pour aboutir à des données en vue de reconstituer une comptabilité nationale. La première enquête sur les conditions de vie et la consommation des ménages est menée à bien en 1997. Mais la deuxième, sur les entreprises, est interrompue en raison du départ à la retraite de Robert Kasparian en 1998, auquel on ne trouve un successeur qu’en 2000 ! Faute de pouvoir rattraper le temps perdu, tout est à recommencer, et l’Administration centrale de la statistique se lance dans deux nouvelles enquêtes similaires en 2003. En parallèle, le gouvernement a conclu un accord de coopération technique avec l’Insee afin d’établir des chiffres nationaux pour les années 1997 à 2001. Beaucoup de données existent déjà pour l’année 1997, à commencer par l’enquête sur les ménages réalisée par l’ACS, explique Robert Kasparian qui supervise le travail d’une équipe constituée au sein du ministère de l’Économie et du Commerce pour mener à bien ce projet. Il existe aussi un recensement agricole pour 1997 et une enquête industrielle pour 1998. Toutes ces données seront traitées selon des normes internationales, suivant des méthodes validées par l’Insee. L’objectif est de sortir un chiffre pour le PIB de 1997 au printemps de l’année prochaine. Une fois ce chiffre homologué par l’Insee, il servira de base pour établir la série 1997 à 2001, voire 2002, et faire le lien avec le travail en cours au sein de l’ACS. Sibylle RIZK
Pressé par les institutions financières internationales ou les bailleurs de fonds qui réclament des données fiables sur l’économie libanaise, le gouvernement s’est enfin lancé dans un chantier de mise à niveau de ses statistiques. L’objectif est d’établir à moyen terme un système de comptabilité nationale en mesure de fournir les chiffres essentiels à la compréhension de...