Actualités - OPINION
Tribune Saddam au pied du mur
Par NAJJAR Alexandre, le 12 novembre 2002 à 00h00
par Alexandre NAJJAR * Après deux mois de négociations, le Conseil de sécurité de l’Onu vient de voter à l’unanimité de ses quinze membres (dont la France et la Syrie !) la résolution 1441 sur le désarmement de l’Irak et le retour des inspecteurs. Les champions de la cause arabe ont tout de suite crié au scandale, considérant cette résolution comme une atteinte à la souveraineté de l’Irak. Certains analystes y ont vu une nouvelle manœuvre américaine destinée à cautionner la prochaine attaque qui se prépare minutieusement, depuis des mois, dans les coulisses de la Maison-Blanche et du Pentagone. D’autres, enfin, se posent la question : S’agit-il d’une volte-face de la France ? Comment expliquer l’attitude de la Syrie qui n’a pas jugé bon de s’opposer à cette initiative ? La réponse à ces interrogations est simple : cette résolution était la seule résolution capable de concilier la nécessité de désarmer l’Irak avec l’économie d’une nouvelle guerre sanglante, aux issues incertaines pour la région. On peut certes objecter que le vrai souci des Américains est moins de désarmer l’Irak et d’y établir une « démocratie » que de s’implanter durablement dans la région pour s’approprier le pétrole irakien ; on peut également déplorer la duplicité des grandes puissances qui voient la paille dans l’œil de l’Irak mais ne voient pas la poutre dans celui d’Israël qui refuse d’appliquer nombre de résolutions de l’Onu et possède un arsenal terrifiant composé de toutes sortes d’armes biologiques et chimiques stockées dans l’usine de Nes Ziona, à 18 km au sud-est de Tel-Aviv, sans compter plusieurs centaines de têtes nucléaires... Mais ces considérations légitimes ne sauraient occulter une réalité incontournable : l’Irak recèle bel et bien des armes de destruction massive et possède un programme bactériologique inquiétant, confié à Rihab Taha, une microbiologiste formée en Angleterre et très justement surnommée... « Lady Virus » ! La résolution 1441 mérite donc d’être saluée : elle rappelle aux États-Unis que toute décision unilatérale et irréfléchie d’attaquer l’Irak hors du couvert de l’Onu est une atteinte au droit international, en même temps qu’elle octroie une dernière chance à Saddam. Cette chance, saura-t-il la saisir ? Et quand bien même il répondrait au questionnaire de l’Onu, sera-t-il cru ? Il ne faut pas que la résolution 1441 soit assimilée à un blanc-seing donné à Bush par le Conseil de sécurité. Elle ne doit pas légitimer l’attaque qu’il attend avec impatience. Elle doit servir de cadre juridique à un règlement pacifique du conflit, pour peu que Saddam obéisse aux injonctions appropriées que la communauté internationale lui adresse. S’il continue à nier l’indéniable, s’il s’aventure à jouer au chat et à la souris comme il l’a fait avec les inspecteurs de l’Unscom, s’il persévère dans sa tentative de barrer l’accès des sites présidentiels aux experts de l’Onu, la guerre est inéluctable. Si, en revanche, il joue cartes sur table en dévoilant ses secrets militaires les mieux gardés, la guerre d’Irak n’aura pas lieu. Cruel dilemme : perdre le pouvoir (et mener le pays au désastre) ou la face. Saddam s’efforcera probablement de gagner du temps. Mais le temps ne joue plus pour lui, et le compte à rebours a commencé. La résolution 1441 n’est pas un ultimatum : elle ressemble à un hallali. (*) Avocat et écrivain. Auteur d’un roman sur l’Irak : « Lady Virus » (Balland, 2002)
par Alexandre NAJJAR * Après deux mois de négociations, le Conseil de sécurité de l’Onu vient de voter à l’unanimité de ses quinze membres (dont la France et la Syrie !) la résolution 1441 sur le désarmement de l’Irak et le retour des inspecteurs. Les champions de la cause arabe ont tout de suite crié au scandale, considérant cette résolution comme une atteinte à la souveraineté de l’Irak. Certains analystes y ont vu une nouvelle manœuvre américaine destinée à cautionner la prochaine attaque qui se prépare minutieusement, depuis des mois, dans les coulisses de la Maison-Blanche et du Pentagone. D’autres, enfin, se posent la question : S’agit-il d’une volte-face de la France ? Comment expliquer l’attitude de la Syrie qui n’a pas jugé bon de s’opposer à cette initiative ? La réponse à ces...
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