Wazzani - La menace d’un conflit entre Israël et le Liban s’éloigne L’Europe propose un plan d’action pour développer le Sud

L’Union européenne (UE) a proposé au Liban un plan global de développement de sa région sud, y compris de ses ressources en eau, qui devrait contribuer à empêcher à l’avenir de nouvelles tensions avec Israël. Cette initiative entre dans le cadre des efforts entrepris par la communauté internationale depuis plusieurs jours pour désamorcer la menace de conflit armé entre Israël et le Liban à propos des eaux du Wazzani. À la veille de l’inauguration des pompes, demain mercredi, ces efforts semblent avoir été couronnés de succès. « J’ai proposé dimanche soir au Premier ministre Rafic Hariri un plan de développement pour le Liban-Sud dans tous les domaines socioéconomiques, y compris une utilisation rationnelle de l’eau à long terme », a déclaré le chef de la délégation de l’UE à Beyrouth, Patrick Renauld. M. Hariri a donné son accord de principe à « ce plan qui reste à élaborer, mais pourrait s’étaler sur 10 ans », a ajouté le diplomate, précisant qu’une mission d’experts européens était attendue ce mardi au Liban pour commencer à le préparer. M. Renauld avait été reçu dimanche soir par M. Hariri en compagnie de Walter Mazzitti, l’expert de l’UE chargé des questions de l’eau. Sous l’égide des Nations unies, M. Mazzitti a visité samedi pour la première fois avec l’expert américain en hydrologie, Charles Lawson, et un diplomate russe le système de captage installé par le Liban sur le Wazzani. Le Liban compte inaugurer demain mercredi des pompes sur la source du Wazzani pour y prélever un maximum de 4,8 millions de m3 d’eau par an au profit d’une vingtaine de villages du Sud. Vendredi, le Liban a remis à l’Onu, ainsi qu’aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité et à l’UE, un rapport affirmant qu’avec ce nouveau prélèvement, sa part totale ne sera que d’environ 11 millions de m3, bien moins que les 35 millions de m3 alloués en 1955 à ce pays dans un plan d’inspiration américaine qui n’avait pas été ratifié. Selon M. Renauld, ce ne sont pas en effet ces 11 millions de m3 d’eau qui inquiètent Israël, mais le développement ultérieur de ce prélèvement. « Les 11 millions de m3 ne leur (les Israéliens) posent pas vraiment problème. Ils sont inquiets pour l’avenir, a-t-il dit. La Commission européenne a pensé qu’il fallait travailler sur le long terme. En effet, il faut bien voir que le problème risque de resurgir plus tard. » « Comme le souhaite le Liban, tout cela sera fait sous l’ombrelle des Nations unies », a-t-il précisé. De plus, il paraît certain que, comme l’avaient affirmé des sources diplomatiques la semaine dernière, le Liban va se contenter demain d’entamer le pompage à partir du Wazzani d’eau potable pour alimenter les villages assoiffés de la région et laisser à plus tard le captage d’eau destinée à l’irrigation. Cela signifie que même les 11 millions de m3 prévus par le projet libanais ne seront pas atteints dans l’immédiat. Tournée d’inspection de Bolotine L’ambassadeur de Russie Boris Bolotine a visité hier le site des travaux d’installation des pompes sur le Wazzani, s’informant des travaux effectués auprès d’un ingénieur engagé dans les travaux d’installation, Nazem Ramadan. Un détachement des FSI assurait la sécurité du diplomate. Ce dernier s’est ensuite rendu dans la région des restaurants et des cafés en contrebas de la source, avant de visiter le secteur de Meissate, où se trouve le château d’eau recueillant les eaux captées, et où il a écouté les explications de l’ingénieur Charif Wehbé, responsable des travaux. Aux journalistes, M. Bolotine a déclaré avoir voulu se rendre compte de première main de la problématique du pompage des eaux du Wazzani, précisant qu’un hydrologue russe pourrait également inspecter le site. Le diplomate a par ailleurs appuyé le droit du Liban sur l’eau du Wazzani, soulignant qu’en cas de litige, c’est à l’Onu de régler le contentieux et que la Russie mettait son potentiel diplomatique au service de ce règlement.