Le sit-in se poursuit à Achrafieh Les manifestants campent devant la MTV

«Ce sit-in durera jusqu’à ce que la MTV reprenne ses émissions. » Ce calicot, soutenu par deux poutres en métal, a été installé dans la nuit de jeudi à hier par les manifestants, face à l’immeuble qui abrite les locaux de la station, à Achrafieh. Il symbolise toute la détermination des jeunes employés de la MTV, des militants du Courant patriotique libre (CPL-aouniste) et du Parti national libéral (PNL) qui ont poursuivi hier leur mouvement de protestation contre la fermeture de « la TV de la liberté ». Les manifestants, dont une cinquantaine a passé la nuit sur les lieux du sit-in, ont été rejoints aujourd’hui par les familles des employés, par quelques sympathisants de l’opposition Kataëb et par des habitants de la région. Les moins jeunes ont tenu eux aussi à montrer qu’ils rejettent la décision arbitraire des autorités. Au total, ils sont quelques centaines à rester coûte que coûte sur les lieux du sit-in, dans l’attente des autres courants de l’opposition. Lesquels ont attendu, hier, les résultats de la réunion extraordinaire du groupe de Kornet Chehwane pour savoir si ce dernier décider d’une action de contestation sur le terrain. Certaines sources responsables dans les milieux étudiants ont confirmé que la visite que le groupe va effectuer à Bkerké aujourd’hui sera déterminante en ce qui concerne la participation du courant kataëb de l’ancien président Amine Gemayel et des Forces libanaises. Par ailleurs, les étudiants du Parti communiste et les groupuscules de gauche auraient, de leur côté, décidé de se joindre aux manifestations. Des réunions de coordination sont prévues ces deux jours entre les différents courants de gauche et de droite pour décider des démarches à entreprendre. Seul grand absent de ces réunions, le Parti socialiste progressiste (PSP), qui refuse toujours de s’asseoir à la même table que ceux qu’il a taxés d’« extrémistes » durant les derniers mois. Quant au CPL, sa position est claire : il ne transigera pas et entend rester sur le terrain « jusqu’à la réouverture de la MTV ». Une action à long terme Sur le terrain, la bonne humeur règne et contraste fortement avec les importantes mesures de sécurité prises dans le périmètre d’Achrafieh, où routes interdites à la circulation et barrages des FSI ont créé des embouteillages monstres. En 24 heures, les étudiants se sont approprié l’espace qui fait face à l’immeuble de la MTV. Ils ont disposé des chaises et des parasols dans un parking qui borde la route de Fassouh et ont mis en place une installation sonore superéquipée, qui diffuse des chants patriotiques autour du thème de la liberté. Il ne manque plus que les tentes. Des calicots aux couleurs du PNL et du CPL sont suspendus aux murs des immeubles. Sur l’un d’entre eux, on peut lire : « Tout homme qui se heurte au mur des libertés s’y fracasse. » Le moral des jeunes est très élevé. Ils savent qu’ils sont là pour un certain temps, que leur action est à long terme, mais ils sont sereins. Leur combat pour la liberté de la presse et la liberté d’opinion, ils le mènent en chantant et en dansant sur l’hymne de la MTV. Du côté de la confrontation FSI-étudiants, la tension de la veille est tombée. Les gendarmes ont abandonné une parcelle de la route aux manifestants, qui circulent dans le cadre de cet espace exigu. Aucune altercation n’a été enregistrée. D’ailleurs, les étudiants entendent mettre l’accent sur l’aspect « à la Gandhi » de leur mouvement. Dans la soirée, alors que les manifestants continuaient à affluer, Gabriel Murr est descendu de ses bureaux et s’est adressé à la foule : « Heureusement qu’il y a encore des gens comme vous qui refusent de se mettre à genoux et de se rendre », a-t-il dit sous les applaudissements, s’en prenant au ministère de l’Intérieur et condamnant la décision politique de fermer la MTV. Rendant hommage aux étudiants, il a affirmé que le but reste d’obtenir la réouverture de la MTV. Un point de vue que l’ensemble des manifestants partagent et approuvent. En attendant que le groupe de Kornet Chehwane se rallie à eux sur le terrain. Michel HAJJI GEORGIOU