Proche-Orient - Le cabinet de sécurité de l’État hébreu approuve le tracé de la clôture Un tribunal israélien inculpe Barghouthi de meurtre, l’armée tue un chef militaire du Hamas(PHOTO)

Israël a formellement inculpé hier de meurtre le chef du Fateh en Cisjordanie, Marwan Barghouthi, le responsable palestinien le plus important jamais traduit devant un tribunal civil israélien, tandis que l’armée israélienne annonçait avoir tué un chef du groupe radical Hamas en Cisjordanie. Parallèlement, le chef de la diplomatie israélienne Shimon Peres a rencontré en soirée une délégation palestinienne conduite par Saëb Erakat, alors que le tracé du premier tronçon d’une clôture entre la Cisjordanie et Israël a été approuvé par le cabinet de sécurité israélien. M. Barghouthi, 43 ans, arrivé menotté au tribunal de Tel-Aviv, s’est vu notifier l’acte d’accusation. Il répond de « meurtres, complicité de meurtre, tentatives de meurtre, participation à une organisation terroriste, détention d’armes et d’explosifs » pour lesquels il encourt la prison à vie. Le procureur l’a aussi accusé de diriger les Brigades des martyrs d’al-Aqsa, un groupe armé lié au mouvement Fateh du président Yasser Arafat, responsable d’attentats sanglants anti-israéliens. La première audience de son procès a été fixée au 5 septembre, et ses défenseurs contestent le droit d’un tribunal israélien de le traduire en justice, car il est député du Conseil législatif. En Cisjordanie, le corps de Nasser Jarrar, le chef de la branche militaire du Hamas, les Brigades Ezzeddine al-Qassam, à Jénine, a été retrouvé dans les décombres d’une maison détruite par des obus de char et des bulldozers de l’armée israélienne à Toubas. Un deuxième Palestinien a trouvé la mort lors de l’opération. L’armée, qui a reconnu avoir tué Jarrar, l’a accusé d’avoir « récemment planifié des attentats-suicide spectaculaires en Israël ». « En mai 2001, lors d’une tentative d’attentat à la bombe, il avait accidentellement déclenché une charge explosive et perdu deux jambes et un bras, mais il avait repris ses activités terroristes », selon elle. Son décès porte à 2 441 le nombre de tués, dont 1 797 côté palestinien et 601 côté israélien, depuis le début de l’intifada en septembre 2000. Toujours sur le terrain, l’armée israélienne a fait évacuer hier un appartement à Hébron pour en faire une position militaire, selon un journaliste sur place. L’appartement situé au dernier étage d’une maison de quatre étages était habité par les onze membres d’une famille. En outre, le cabinet de sécurité a approuvé le tracé du premier tronçon de 107 km d’une clôture de sécurité qui longera sur 350 km la ligne verte, entre la Cisjordanie et Israël, pour freiner les infiltrations de kamikazes palestiniens. Le tracé de cette clôture englobe une demi-douzaine de colonies juives. Le premier tronçon sera construit « d’ici à huit ou neuf mois ». Entretiens entre Peres et Erakat Côté pourparlers, MM. Peres et Erakat ont annoncé hier soir le paiement d’une tranche de 70 millions de shekels (14,7 M USD) dus à l’Autorité palestinienne et gelés par Israël. Israël a débloqué en juillet une première tranche de près de 15 M USD sur les quelque 600 M dus, selon le Fonds monétaire international, aux Palestiniens. Ces fonds ont été gelés en novembre 2000, après le début de l’intifada, à titre de sanction. Ils proviennent du produit de la TVA et de taxes prélevées sur les produits importés dans les territoires palestiniens via Israël. Les factions palestiniennes poursuivaient quant à elles hier à Gaza leurs discussions sur la mise en place d’une direction unifiée, après le rejet par les radicaux du Hamas et du Jihad islamique d’un appel à cesser les attentats en Israël. Dans une interview publiée hier, le chef spirituel du Hamas, Ahmed Yassine, a annoncé que son mouvement entendait poursuivre ses attaques contre Israël aussi longtemps qu’« il ne sera pas mis fin à l’occupation » israélienne dans les territoires palestiniens. « Il faut mettre fin à l’occupation (israélienne), les colons (juifs) doivent partir et retourner aux frontières établies en 1967 aussi bien sur la bande de Gaza qu’en Cisjordanie. Et seulement ensuite il y aura un cessez-le-feu », a déclaré Ahmed Yassine au quotidien berlinois Tagesspiegel. « Les colonies doivent être évacuées et les réfugiés autorisés à revenir... », a-t-il ajouté. L’arrêt des attaques du Hamas contre Israël est envisageable seulement « s’ils (les Israéliens) mettent fin aux agressions contre nos civils et notre peuple. Ensuite nous ne toucherons plus à un cheveu de leurs civils », a prévenu Ahmed Yassine. Sur un autre plan, l’envoyée spéciale du secrétaire général de l’Onu Kofi Annan pour les questions humanitaires, Catherine Bertini, a rencontré M. Arafat à Ramallah en Cisjordanie. « Le monde devrait comprendre le désastre humanitaire qui frappe les Palestiniens. Il n’est pas le résultat d’un tremblement de terre, mais de la politique du Premier ministre israélien Ariel Sharon », a affirmé M. Erakat après la rencontre. Selon un rapport de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) publié début août, plus d’un enfant palestinien sur cinq souffre de malnutrition. Sur la scène diplomatique a été annoncée la tenue les 22 et 23 août d’une réunion d’experts internationaux sur les réformes engagées par l’Autorité palestinienne.